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[REPORTAGE] Le Fossoyeur de Films, clap de fin

Last updated on 27 mai 2022

Toute bonne chose a une fin et François Theurel l’a très bien compris. Après six ans de bons et loyaux services, le Fossoyeur de Films se sépare de Pupuce dans un final tout autant attendu que redouté. Justine Frugier a assisté à l’avant-première du chapitre final. Retour sur ce clap de fin tant attendu par les fans.

Ceux qui me connaissent vous le diront : je déteste attendre. Alors jeudi 22 novembre j’étais là, dans la salle du Club de l’Étoile à Paris, pour assister à la Der des Ders.

Ticket durement acquis en poche, j’ai donc quitté mon coin perdu de Normandie pour les lumières artificielles de la Capitale. Durant tout ce long trajet, la plus grande des questions m’a taraudée. Vous aussi ?!

Quel est le film de genre ultime que le Fossoyeur de Films va aborder ?

De nombreuses théories ont circulé sur les réseaux sociaux, avec des propositions comme Dune ou Blade Runner. Elles m’ont alors semblé trop évidentes et peu probables, les deux ayant déjà été traitées au début de la chaîne.

À l’époque, les chroniques du Fossoyeur de Films était le stéréotype même des vidéos d’un type tournées dans sa chambre devant des posters de films. Aujourd’hui, c’est une émission, proche des web-séries Youtube dans sa narration, dont le final a été projeté sur un écran de cinéma devant deux salles combles.

Lorsque autour de moi, on m’a demandé pourquoi je me démenais autant pour assister à une projection d’une quelconque émission qui sortira de toute façon quatre jours plus tard, la réponse a été simple. Le cinéma.

Le Fossoyeur de Film, c’est l’émission du Fossoyeurs de films qui m’a fait redécouvrir le cinéma à un moment où le simple fait de lire l’agenda des sorties devenait déprimant. C’est l’émission qui m’a démontré que le cinéma n’avait pas une pensée unique. Qu’il était possible pour chacun d’en avoir une lecture différente. Pour la jeune étudiante que j’étais, il a su raviver l’étincelle de curiosité qui étouffait sous les blockbusters à la mode.

Bon, ma ballade amoureuse étant ici achevée, allons-y Alonzo.

Un seul et unique mot pour décrire cet ultime Fossoyeur de Film.

WHAT ?!

Et c’est la seule chose que je vous dirais sur cet épisode car même si je dis quoique ce soit, Pupuce viendra me mettre la tannée de ma vie. Et le Fossoyeur aussi.

Je vais donc vous parler de ce qui s’est passé après la diffusion et ses applaudissements.

« J’espère que ça vous a plu. Que le film de genre ultime, vous savez ce que c’est alors débrouillez vous avec ça. Si vous avez des questions, on va directement y passer. »

Quelques seconde de silence gêné. Puis, une âme courageuse lance le défilé des questions. Tant bien que mal, j’ai moi aussi réussi à poser la mienne à François Theurel et au Capitaine du Nexus VI

Comment êtes vous venu tous les deux à choisir le format vidéo YouTube pour parler de votre passion, respectivement le cinéma et la SF ?

La réponse de François Theurel :

« C’était relativement naturel. Je voyais des trucs en temps que spectateur qui fonctionnaient bien à l’époque. C’était en 2010/2011, je voyais des gens qui faisaient ça, surtout aux États-Unis, comme Nostalgia Critics et toute la clique. Même si c’était plus Nostalgia Chicks (Lindsay Ellis) qui a aujourd’hui évolué sur sa propre chaîne YouTube.C’est vraiment super cool ce qu’elle fait. J’ai toujours aimé écrire, j’ai toujours aimé le cinéma et je me suis dit :

« Bah ça me branche, j’ai envie d’essayer », parce que en voyant ça, je me disais que « tiens peut-être différemment ? ».

J’avais envie de faire les trucs à ma sauce. Je voyais déjà la manière dont je voulais aborder le truc sans pouvoir trop le formaliser. Et puis c’est parti. Après, Internet n’était pas ce qu’il est aujourd’hui : à l’époque c’était « Il paraît que sur YouTube en France, il y en a deux qui en vivent à peut près… légende urbaine peut-être ? » Et voilà. Donc j’ai vraiment pas commencé en espérant que ça fonctionne de ouf mais en mode : « C’est cool et advienne que pourra ». C’était vraiment assez simple et progressif. »

La Réponse du Capitaine :

« Oui moi aussi c’était assez naturel puisque je suis un connard égocentrique qui aime ramener sa fraise sur tout. »

Je réponds, naturellement : »Ça transparaît un peu dans les vidéos »

Il enchaîne : »Tu crois que t’es la première à me la faire celle-là ?

Je sors : « Je ne pense pas »

Puis il reprend où il s’en était arrêté, une fois que le fou rire de la salle s’est calmé :

« Avec Slexno, ça fait depuis une paire d’années, 20 ans, qu’on fait des films. Quand YouTube a explosé, on ne faisait plus rien de perso en tout cas. Et on se disait : »Putain on rate un truc ». Et puis il y a eu un moment où on a eu la possibilité. J’avais commencé à écrire et j’ai laissé tomber. Puis je lui en ai parlé un soir où on était saoul, comme d’habitude. Et il m’a dit: « Non mais vas-y ». J’y suis allé et voilà, Prometheus. J’avais envie de le défoncer en fait, c’est tout. Non, voilà, c’était naturel. Et pourquoi la vidéo, eh bien parce qu’on en fait depuis longtemps, qu’à la base je voulais parler surtout de littérature de science-fiction et la seule chose qui m’a fait évoluer vers la science-fiction au sens global c’est que c’est difficile d’illustrer des livres à chaque fois. Si je parle de Dune il va y avoir le film, la série, des dessins et autre chose. Si je parle du dernier Hamilton c’est beaucoup plus complexe. Donc je parle de science-fiction, d’art, de jeux vidéos, de tout quoi. Tout simplement. »

Dès le début, François Theurel avait espéré pousser le Fossoyeur de films le plus loin possible, mais sans pour autant imaginer ce que l’émission allait devenir et qu’elle allait prendre une dimension fictionnelle.

Aujourd’hui, il peut lui donner 4 grandes périodes :

  1. « Le Gus devant ses posters ».
  2. « Il sort de chez lui parce qu’il en a marre et il va juste se taper l’incruste dans les jardins »
  3. « L’histoire avec le père, avec toutes les chroniques qui mènent à lui »
  4. « L’arc narratif du film de genre ultime ».

Le développement du Fossoyeur de films a été progressif : « Plus on en fait, plus on a envie d’en faire et plus on apprend de ses erreurs. Chaque chronique devient une réponse à la précédente et quand je regarde les anciennes, j’ai un frisson d’embarras qui me parcours l’échine. Mais elles sont là aussi pour témoigner d’une évolution […] C’est une torture pour moi de juste regarder les vignettes. »

Mais il avoue aujourd’hui ne pas avoir beaucoup de chroniques à regretter.

« Il y a juste un épisode, j’ai du mal avec, c’est les Rock Movies. Je ne sais pas ce qu’il m’a prit au montage, je ne sais pas si je me suis endormi sur mon clavier… C’est très étrange cette chronique. Mais c’est la dernière d’un certain type de Fossoyeur parce que là, ça a cliqué sur autre chose. »

Bon, il y a aussi la chronique sur Kaamelott qu’il : »ne peut pas la blairer », mais n’en a pas pour autant été inutile. Réalisée à une période de recherche de nouveaux formats vidéos, elle lui a permit de prendre conscience du système de communication Internet.Il regrette aujourd’hui certaines tournures de phrases : « trop vagues qui font que les gens m’ont fait dire ce que je n’ai pas dit ».

Concernant ce dernier épisode, à l’origine prévu pour le festival Frame, à Avignon en septembre, François Theurel a évoqué des raisons logistiques.

Avec la préparation du festival et les six jours nécessaires pour ce tournage, il a fini par caler les deux derniers jours après Frame. Il a ainsi eu le champ libre pour écrire T’as vu le Plan ?en Août [une rumeur veut qu’il ai été écrit en trois jours, l’autre en un après midi. Lui nous affirme qu’il y a mis trois semaines, ndlr] et se mettre réellement à l’écriture en septembre.

« Le premier truc que je savais que je voulais y mettre, c’était la dernière phrase de la chronique qui résume presque toute ma démarche, je pense. C’est paradoxal pour quelqu’un dont l’activité est de parler de cinéma de vouloir fermer sa gueule. Mais c’est le paradoxe qui fait que je fais ce que je fais donc fallait que je sois là. »

Le Chapitre Final, un nouveau départ ?

« Quant j’ai envie de terminer quelque chose je me demande toujours pourquoi j’ai commencé. Tout ce qu’on fait, c’est toujours un écho à un univers mental qu’on a à tel ou tel moment. Mais il y a des fois où le cinéma, j’en ai ma claque et j’en ai marre parfois pendant des mois. Je n’ai aucun coup de cœur pour un film et merde, c’est moi qui deviens blasé ? Ou il n’y pas de trucs cools qui sortent ? Mon regard a changé ? Ou je ne suis plus du tout sensible à ça, spécifiquement ? Je sais pas… Tout ce que je dis dans les derniers épisodes, c’est ultra personnel »

« La fin de Cowboy Beebop, le dernier truc que je dis, le dernier plan où on est en train de se battre et tout ça, ça dépasse la chronique, ça dépasse le Fossoyeur ou quoique ce soit. C’est moi qui parle tout simplement et c’est moi qui demande : »Pourquoi on continue, pourquoi on fait tous ça ? ». On a toujours un questionnement sur pourquoi on continue d’avancer, et quand on finit, j’ai envie de me demander :« Pourquoi j’ai commencé ? »

Parler de cinéma par passion

« Et si, finalement, l’idée à la base j’avais parlé de cinéma parce que j’ai juste envie de parler de cinéma avant qu’on ne se fasse chier avec tous les trucs autour, tout ce qu’il y a à gérer et qui déborde. En fait, juste avec le petit bout de passion qui nous pousse à le faire, on a envie de se concentrer sur l’essentiel et juste de retrouver, au-delà du bullshit, les trucs simples. Les vieux épisodes, je suis embarrassé par eux mais avec affection, vu que c’était un autre état d’esprit. Je commençais, il y avait une sorte de fraîcheur. C’est pour ça que j’ai envie de boucler la boucle.

Les futurs projets

En ce qui concerne les projets futurs, c’est Slexno de Nexus VI qui posera une des questions les plus intéressantes. Si l’écriture et la réalisation de fiction est à venir, jouer le sera-t-il encore ?

« Ce qui m’intéresse plus c’est de réaliser, d’écrire. Après dans ce que je fais, je pense que je ferais un petit coucou dans un rôle à la con [comme Peter Jackson ou même Alfred Hitchcock, ndlr] mais c’est surtout écrire et réaliser. »

Il est certain que 2019 sera une année de transition et de réflexion. Voire même d’un retour à certains formats comme les Dead Watts, dont un attendrait depuis trois ans d’être finalisé. Peut-être d’avancer sur Element City, le projet transmédia de Mathieu Pradelet auquel il participe, en pause depuis plus d’un an maintenant, faute de temps.

L’avenir du web, et l’hybridation du média ne semble pas lui paraître aussi sombre que certains aimeraient bien le présenter :

« Ce sont des univers qui s’entrecroisent de plus en plus et très très très rapidement […], même au niveau des institutions qui commencent à être de plus en plus intéressées par le web, qui commencent à le financer. On voit le CNC qui commence à financer le web, on voit des sociétés de droits d’auteurs qui reconnaissent les auteurs web comme des auteurs. Il y a tout un roulement comme ça de la reconnaissance de la sphère web comme faisant partie du monde visuel mais en même temps, séparée du truc. Il y a cette hybridation qui se créée de plus en plus et on a envie de la suivre. »

Le Fossoyeur, à bout du cinéma de genre ?

« Après, à titre personnel, sur l’écriture et le processus créatif, ça dépend de ce que j’ai envie de faire. Je suis sûr que de toute façon quant je vais faire de la fiction se sera une réponse à ça et à tout ce que j’ai fait sur le Fossoyeur. Et peut-être aux frustration sur ce que je n’ai pas pu y faire justement, ça va être une respiration à tous les niveaux. Je vais pouvoir aérer à-peu-près tout et me concentrer vraiment sur des choses sans dire : « Ah tiens la chronique va arriver dans 3 secondes et on est partit sur 7 minutes de monologue ». Donc, ça va vraiment être une bouffée d’air après tout ça. Je suis content d’arrêter aussi parce que j’en ai marre du cinéma de genre, ça me gonfle. Il faut arrêter au bout d’un moment. Enfin, non j’en ai pas marre, mais je ne peux pas brasser constamment les mêmes thématiques. Au bout d’un moment là j’arrive au bout d’un cycle […] »

Un point sur lequel le Capitaine semble rejoindre le Fossoyeur de films :

« Il n’y a pas grand chose à ajouter sur ce que tu as dit, les choses évolues au niveau étatique (les aides, ect…). On m’a posé la question récemment notamment au niveau de la fiction sur le Web. Moi je pense que c’est l’avenir. Après ça dépend du modèle que tu trouve: nous on est complètement indépendants, c’est grâce à vous [Nexus VI a récemment récolté plus de 97 000 € sur Kiss Kiss Bank Bank afin de financer 3 à 4 nouveaux épisodes pour l’année 2019, ndlr]. Je ne sais pas s’il y a des donateurs dans la salle mais vraiment c’est hyper important. On se réapproprie la création. Mais moi je pense qu’il faut passer par là, ça nous permet de ne pas faire de placement de produits ou d’accepter des contenus sponsorisés. Ça nous permet d’être complément indépendant, d’avoir une liberté de ton totale. »

La philosophie du Fossoyeur de films : Rester indépendant plutôt que de faire du contenu sponsorisé

« Je préfère prendre le risque de demander de l’argent aux abonnés pour rester complètement indépendant plutôt que d’accepter de faire du sponsorisé. Pour Ghost in the Shell on m’avait contacté pour critiquer le film, bah le film je l’ai défoncé et je leur avais dit que j’allais le défoncer. Donc j’ai pas pu faire un partenariat tout simplement. Je leur ai dit : »Après si vous voulez me payer pour que je le défonce ça me va ». Bizarrement ils n’étaient pas chauds. Donc l’évolution je pense qu’elle est positive, après ça dépendra de comment nous, on arrive à prendre le pas. Et pour moi, il faut juste être ambitieux, c’est tout. Malheureusement je trouve que la production sur internet, même s’il y a des fulgurances qui commence à arriver, je trouve qu’elle reste de manière assez globale, et en tout cas c’est ce qui est mis en avant par la plateforme, très peu ambitieuse, mais bon. »

Six ans. Six ans, et un clap de fin en apothéose. Avant même de le voir, je savais que j’aimerais et détesterais ce dernier Fossoyeur de Films.

Le résultat ?

Le Fossoyeur de Films, Chapitre Final est l’épilogue parfait. On est satisfait, on est triste, on a envi de plus et on a envi de ce que la scène finale nous propose même si Carlotta (qui joue la sœur dur Fossoyeur) se refuse à se lancer. Alors patientez encore un peu, juste quelques heures, et savourez les 40 minutes les plus courtes de votre vie.

Galerie Photos

Relu par Tsilla Aumigny


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