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Le Prénom, la pièce qui a inspiré le film [CRITIQUE]

Last updated on 2 mai 2023

Amy est allée voir la pièce Le Prénom ! Alors, la pièce est-elle aussi géniale sur scène que sur grand écran ?

A défaut de la pièce, qui n’a jamais entendu parler du film Le Prénom avec Patrick Bruel et la regrettée Valérie Benguigui ?

Pour les non-initiés, voici le synopsis :

Vincent, la quarantaine triomphante, va être père pour la première fois. Invité à dîner chez Elisabeth et Pierre, sa sœur et son beau-frère, il y retrouve Claude, un ami d’enfance.

En attendant l’arrivée d’Anna, sa jeune épouse éternellement en retard, on le presse de questions sur sa future paternité dans la bonne humeur générale… Mais quand on demande à Vincent s’il a déjà choisi un prénom pour l’enfant à naître, sa réponse plonge la famille dans le chaos.

En tout état de cause, la pièce à succès revient sur les planches avec l’humoriste Florent Peyre en Vincent Larchet et Jonathan Lambert (Pierre Garraud). Depuis le milieu du mois de septembre et jusque mi-janvier, Le Prénom se joue quasiment tous les soirs au théâtre Edouard VII, à Paris, juste derrière l’opéra Garnier.

Le Texte du Prénom ou comment cette pièce est géniale, grâce à la puissance de ses mots

Cette pièce est une pépite. Ce texte de Matthieu Delaporte et d’Alexandre de la Patellière est en lui-même magique. Il y a des références littéraires, historiques et culturelles partout. On rit toutes les trente secondes et il n’y a pas de pause.

De Julien Sorel à Kant en passant par les batailles d’Austerlitz et Marignan, il y en a pour tous les goûts et tous les âges. Vous ne comprenez pas la référence ? À la rigueur, ce n’est même pas important parce que ces références ne font que souligner ce que se disent les personnages. Au mieux, cher étoilé·e, cela vous permettra d’élargir vos connaissances.

La pièce est  toujours sur la courbe ascendante. Notre attention ne se relâche jamais car lorsqu’il semble que l’ambiance va retomber…il se passe de nouveau une révélation inattendue et ça repart. Ce n’est que ça pendant les quasi deux heures que durent la pièce.

Le Prénom est une perle inestimable.

Comme évoqué précédemment, Le Prénom relate un dîner entre cinq amis de toujours.  Vincent et Elisabeth sont de la même fratrie et tous les autres personnages se connaissent et vivent plus ou moins ensemble depuis l’enfance. Ils sont une famille même s’ils ne sont pas tous unis par les liens du sang. Les quadragénaires, se retrouvent à dîner chez Elisabeth – dite « Babou » – et son mari Pierre. Doté d’un humour parfois douteux, Vincent leur fait deviner le prénom de son futur fils… et tout cela va engendrer des quiproquos, des révélations et des situations aussi dramatiques qu’amusantes.

Voici quelques extraits de la pièce, pour vous montrer l’ambiance oscillant entre rires, consternations et engueulades. La famille quoi !

  • Une scène qui nous montre bien, qu’en fait, c’est dans toutes les familles la même chose :

« ELISABETH : A propos de maman… je l’ai eu tout à l’heure. Je lui ai promis de l’appeler pour la Castide. Elle veut savoir quand est-ce que tu viens.
Vincent se lève et va chercher son portable dans l’entrée.
VINCENT : Mais j’en sais rien! Comment elle veut qu’on sache 8 mois avant ?!
ELISABETH : Ecoute, de toute façon, vous venez quand vous voulez. Ce que je peux te dire, c’est que nous on y sera avec les enfants du 5 au 20 juillet. Que maman garde les enfants du 20 au 6 août. Et que Michel et Christelle passeront sans doute nous voir le week-end du 8-9… Mais tu viens quand tu veux.
VINCENT (de l’entrée) : Quand je veux entre le 21 et le 22, donc ! »

  • Une autre scène, qui nous donne un aperçu de l’ambiance entre les amis et les liens du frère (Vincent) et de la soeur (Babou) :

« ELISABETH : Bon… On attend Anna ou on commence ?
VINCENT : Garde-lui juste un paquet de cigarettes, ça ira très bien.
ELISABETH : Quoi ? Elle fume ?!
VINCENT : Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? C’est la seule femme que je connaisse qui ait commencé à fumer pendant sa grossesse… Stress prénatal.
ELISABETH : Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais vraiment c’est mauvais pour ton fils.
VINCENT : Eh ben tu lui diras toute à l’heure.
ELISABETH : Il risque d’être tout petit !
VINCENT : Eh ben il sera jockey. »

  • Petit exemple d’échange entre Pierre et Anna, au milieu d’une dispute :

« ANNA : Il est prof de français. Il sait très bien ce qu’il dit.
PIERRE : Effectivement, moi j’ai le sens des mots et de leur portée.
ANNA : Je t’emmerde.
VINCENT : Mais non !
ANNA : Mais si, je l’emmerde ! J’appelle mon fils comme je veux !
PIERRE : Justement, non !
Anna explose.
ANNA : AH NON ! JE SUIS DESOLEE MAIS JE N’AI PAS DE COURS DE PRENOM A RECEVOIR DE QUELQU’UN QUI APPELLE SES ENFANTS… APOLLIN ET MYRTILLE ! »

  • Et maintenant, surtout, une partie de ma scène préférée qui est très longue, comprenant la meilleure réplique. Pour éviter de trop spoiler, je la raccourcis au maximum.

« VINCENT : Adolf Hitler n’est pas devenu Adolf Hitler parce qu’il s’appelait Adolf. Il se serait appelé Michel ou Pépito, il aurait été tout aussi méchant. On aurait juste dit “Heil Pépito!” et moi aujourd’hui je serais tranquille.
PIERRE : Sans doute, Vincent, mais il se trouve que son papa et sa maman, qui devaient avoir des goûts proches des tiens, l’ont appelé Adolf, et pas Pépito !
VINCENT : Je suis désolé mais Adolphe n’est pas responsable de ce qu’a fait Adolf.
PIERRE : Quand tu parles de ce qu’il a fait, tu veux parler de la mort de millions de personnes ? Il a pas volé une bicyclette, merde!
VINCENT : Mon Adolphe non plus ! Il faut que je te le dise en quelle langue?
PIERRE : Essaye l’allemand ! »

La pièce est amusante à lire. Cependant, il faut la voir pour l’apprécier totalement. A travers les mots, le comique de situation ne ressort pas complètement. Comme le « Heil Pépito » il faut imaginer, évidemment, la célèbre publicité avec le « Hey Pépito ! »… ponctué d’un salut nazi.

Lorsque l’on est devant cette pièce, on est totalement happé par l’histoire. Le temps passe très vite et nous sommes au milieu du dîner, avec les cinq comédiens.

Le Casting ou comment une nouvelle équipe s’émancipe de la précédente

La difficulté lorsque l’on reprend une pièce qui a eu un immense succès, pour les comédiens et même pour le metteur en scène, c’est de réussir à se détacher de ce qui a été fait avant. Et souvent, cela relève de la gageure.

Cependant, le pari est plutôt réussi dans l’ensemble avec cette nouvelle adaptation.

Il faut noter que les cinq acteurs qui ont joué dans le film « Le Prénom » en 2012 sont les mêmes qui ont joué la pièce pendant deux ans.

Photo des comédiens sur scène interprétant la pièce au Théâtre Édouard VII.
Vincent se tient debout dans le salon de Babou et Pierre, face à une table basse sur laquelle l’apéritif est dressé. Babou est assise sur le canapé et elle regarde Pierre. Elle se trouve entre Pierre et Vincent.
Source : Bernard Richebé

Les personnages et les comédiens les interprétant :

  • Vincent : Le futur papa à la brillante carrière. Narcissique, avec un humour borderline, il aime l’argent. Interprété en premier par Patrick Bruel, C’est Florent Peyre qui a repris le flambeau. Des cinq, c’est le moins décalé dans le sens où il est proche ce que jouait Patrick Bruel. En même temps, franchement, Bruel était le personnage de Vincent. Florent Peyre est très bon, il apporte même une touche comique au personnage. Toutefois, pour le rôle de Vincent, Patrick Bruel était meilleur, même si j’aime beaucoup Florent Peyre.
  • Pierre : Professeur à la Sorbonne, Pierre est sûr de lui. Il a même un côté monsieur-je-sais-tout relativement agaçant pour son entourage. Il est l’archétype du quarantenaire qui n’a pas conscience de ce qu’est la charge mentale. D’abord joué par Charles Berling, Jonathan Lambert l’interprète à son tour. Et son interprétation est… géniale. Vraiment. En même temps, Lambert est un très grand comédien. Il apporte au personnage une touche psychorigide qui se traduit par des tics nerveux, mettant en scène un comique de situation qui va au-delà du texte. Bravo.
  • Elisabeth, dite « Babou » : Une femme comme beaucoup qui a abandonné sa carrière pour son époux et ses enfants. Elle gère seule toute la famille et elle en souffre énormément. Valérie Benguigui l’a jouée en premier, le rôle est à présent repris par Marie-Julie Baup. Je n’ai pas eu le plaisir de voir cette dernière sur scène, j’ai vu sa remplaçante. Cette comédienne a un problème avec les placements. Elle reste trop statique sur ses jambes : debout, les genoux bloqués, elle débite ses répliques – certes dans le ton – mais sans bouger, lui donnant par moment des allures de pantin. Elle joue néanmoins très bien son rôle.
  • Claude : Le meilleur ami de la famille, celui qui vient de nulle part mais qui fait parti de la famille… le rôle est confié en premier à Guillaume de Tonquédec puis maintenant à Sébastian Castro…  à qui j’attribue la palme d’or. Sébastian est brillantissime dans le rôle du gars morne, sans saveur ni caractère. Même sa voix est placide. Non, là, il mérite le Molière pour son interprétation de Claude. Peu d’interventions, mais toujours un éclat de rire de notre part, un flegme à toute épreuve et des mimiques mythiques. Chapeau l’artiste !
  • Anna : la magnifique jeune épouse, grande, élancée, qui a tout pour plaîre. C’est généralement le genre de femme que toutes les filles jalousent. Judith El Zein l’incarnait dans la première version, Lilou Fogli la remplace dans la nouvelle adaptation. Cette dernière nous offre une Anna un peu réservée, mais avec du caractère. Elle parvient à s’effacer sans disparaître lorsque les dialogues ne sont plus centrés sur elle.

Le manque de fluidité des comédiens est parfois gênant. Mettons cela sur le manque de pratique, et encore, cela faisait plus de deux semaines qu’ils jouaient tous les soirs lorsque je suis allée les voir !  Cette pièce est faite pour être très rythmée, les punchlines et les engueulades doivent s’enchaîner sinon l’effet comique se fait moins sentir. L’ensemble est également moins réaliste. Normalement, cela se travaille beaucoup les échanges entre les comédiens… dommage que par moments, ici, les répliques des uns et des autres ne soient pas plus spontanées. C’est le seul vrai bémol de cette adaptation.

La mise en scène ou comment le spectateur voit tout ça

La mise en scène est très bien faite. Les décors sont beaux sans être surchargés. Il y a suffisamment d’espace pour que plusieurs ambiances cohabitent. Vincent et Babou discutent dans un coin pendant que Claude et Pierre jouent à l’autre bout. Deux scènes se déroulent simultanément sans que les pas des uns empiètent sur ceux des autres. Le spectateur, depuis son siège, parvient à suivre les différentes scénettes avec aisance.

L’entrée de l’appartement se fait au fond de la scène. En face, il y a une porte qui donne – on ne le sait qu’à la fin – sur la chambre parentale avec juste à côté, plus près de la scène, l’encadrement pour la cuisine où Elisabeth disparaît souvent. A l’avant de la scène, toujours côté jardin, l’accès à la terrasse. Côté cour, à l’avant de la scène, une porte menant à un couloir donne sur les chambres des enfants.

En théorie, évidemment. Je sais bien que derrière cette porte il n’y a que les coulisses.

Et le long du mur côté cour, du sol au plafond, des bibliothèques pleines de livres. Ce sont en réalité les éléments de décors les plus importants. Au centre de la scène, le salon, avec deux canapés, un fauteuil, une table basse et, un peu plus loin, près des baies vitrées du balcon, un guéridon.

La scène peut sembler chargée, surtout que la mode théâtrale est à la sobriété des décors, jusqu’au plus minimaliste pour « se concentrer sur les comédiens et leur jeu ». Cependant, tous les éléments de décors ont leur importance et je suis du côté de ceux qui pensent que les décors construits aident à imprégner l’histoire. En effet, s’il n’y avait pas ici, par exemple, le salon reconstitué dans son ensemble, l’ambiance générale refléterait moins bien le sentiment de cocon familial qui se dégage de la pièce. En définitive, le décor est un personnage au même titre que Vincent ou Pierre dans Le Prénom.

Par ailleurs, les déplacements des comédiens sont bien travaillés, et même très bien menés puisqu’ils soutiennent le texte et les interactions entre les personnages. Sans entrer dans la caricature et la surinterprétation, la mise en scène demeure théâtrale (sans jeu de mots !) tout en restant naturelle. Au début de la pièce, par exemple, les personnages cherchent des clefs. D’abord Pierre et Elisabeth puis arrive Claude. Au milieu des conversations, la recherche des clefs continuent, ponctuant ainsi le texte et le jeu des comédiens. Plus tard, le fauteuil sert à Claude qui, avec son caractère aphasique, semble s’enfoncer dedans à mesure qu’éclate les disputes.

Des applaudissements bien mérités

Si le succès de la pièce tient d’abord à son texte, le choix du casting y est aussi pour beaucoup. Les comédiens se laissent porter par le génialissime texte de Matthieu Delaporte et d’Alexandre de la Patellière tout en apportant une touche de comique propre à chacun, immergeant totalement le spectateur dans leur histoire familiale.

Si vous habitez Paris ou sa banlieue, allez les voir jouer sur scène. Quant aux autres, rabattez-vous sur le film de 2012. D’ailleurs, tout le monde devrait le regarder. Personnellement, je ne m’en lasse pas et le regarde régulièrement, avec toujours autant de plaisir et de fous rires.

Relu par Tsilla Aumigny

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