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Salut à tous ! Dans cet article, on s’intéresse à JoJolion, le 8ème arc de la série JoJo’s Bizarre Adventure de Hirohiko Araki, publié dans le magazine de seinen Ultra Jump entre 2011 et 2021.

JoJolion, ou le tournant « manga d’auteur »

Ecrit dans un contexte particulier, après le séisme de 2011 et l’accident de Fukushima, l’arc de JoJolion ne ressemble à aucun autre. Contrairement à l’arc précédent, qui renouait plutôt avec les codes du shônen traditionnel, JoJolion se rapproche plutôt des films d’auteurs japonais, avec des thèmes comme la reconstruction après une catastrophe ou la recherche du bonheur.

Jôsûke, Daiya, Yasuho et leurs stands. Sur cette image, beaucoup de blanc et des couleurs globalement pâles. Le Jôsuke de la partie 8 est habillé tout en blanc, en tenue de marin.
Source : JOJOLION © Hirohiko Araki & LUCKY LAND COMMUNICATIONS / SHUEISHA. Tous droits réservés. Description : Dans cette partie, le style est plus sobre, le rythme est plus lent, les illustrations de couverture ont des couleurs plus pâles et des tons uniformes. Les dessins sont extrêmement détaillés et leur style est plus réaliste.

Il n’y a pas de combats véritablement épiques. Le méchant est peu mémorable et n’apparaît que dans les derniers chapitres. Quant au protagoniste principal, il est amnésique, et sa personnalité est une page blanche. Rien à voir, donc, avec les enchaînements de combats tumultueux et les personnages marquants que l’on trouve habituellement dans les shônen ou même les seinen.

Un thème central : la quête du bonheur

Qu’est-ce qui fait le bonheur ? Posséder des souvenirs précieux, ou vivre dans le moment présent ? Relever et surmonter des défis ? Partager des souvenirs avec sa famille ? Être utile à ceux qu’on aime ?

Le manga met en scène une famille nombreuse, les Higashikata, dans laquelle chaque membre a sa propre définition du bonheur… Ce qui les entraînent en fait à se cacher des choses et à se faire mutuellement du tort.

La famille Higashikata réunie sur le canapée pour prendre une photo. Ils ont tous l'air suspect et ils font tous la tête. Ce pourraient être des personnages du Cluedo.

Source : JOJOLION © Hirohiko Araki & LUCKY LAND COMMUNICATIONS / SHUEISHA. Tous droits réservés. Description : Voilà les Higashikata. Une autre particularité de cet arc est le nombre important de personnages et d’intrigues secondaires… Est-ce normal que personne ne sourit sur la photo?

Il est clair que cet arc a un ton d’enquête policière, dans une maison où tous les personnages semblent louches ! On y trouve d’ailleurs une référence explicite aux romans policiers d’Agatha Christie où, généralement, les suspects tendent tous à embrouiller l’enquête en mentant pour protéger leurs propres secrets.

De plus, le thème de la maladie héréditaire incurable amène des problématiques davantage centrées sur la préservation de la cellule familiale. L’objet magique convoité dans cette partie n’est plus un masque ou une pierre qui apporte du pouvoir, mais le fruit du Rokakaka, censé apporter santé et guérison. Plus que l’argent ou le pouvoir, la santé, et le bonheur sont les nouveaux enjeux de cet arc.

Enfin, l’amnésie du héros pourrait s’interpréter une amnésie traumatique, car elle apparaît après la catastrophe. Elle pourrait aussi symboliser un nouveau départ, ainsi que la nécessité de tourner la page du passé.

Enquêtons à notre tour ! Quelles sont les inspirations littéraires de cet arc ?

JoJolion est bien sûr la reprise du quatrième arc : Diamond is unbreakable. L’auteur réintroduit donc les références au cinéma d’horreur et à Stephen King. Notamment dans le passage où le héros s’introduit dans l’appartement piégé de Kira. Et comme dans le quatrième arc, on assiste à l’irruption d’une menace et du surnaturel dans une ville où il ne se passe (habituellement) rien.

Avec un héros qui cherche à retrouver son identité et ses souvenirs en explorant Morioh, on retrouve ainsi une dimension introspective. La description ironique de la société de consommation est également présente. Tout comme le détournement d’objets prosaïques, tel le GPS avec le stand Praisley Park, pour en faire des armes de combat.

Finalement, JoJolion est-il un manga d’auteur ?

On peut facilement penser que oui. Depuis le début de la série, l’auteur a tenté de développer sa propre esthétique et de s’affranchir progressivement des codes du shônen ou du seinen (voir article 1). Cela, notons-le, tout en restant paradoxalement très populaire. Ce 8ème arc, sur lequel il travaille pendant 10 années, peut à juste titre être considéré comme l’aboutissement de cette évolution.

A bientôt dans de prochains articles !

Jôsuke, Yasuho, et toute la famille Higashikata qui partent en voiture.
Source : Artbook JoJoveller © Hirohiko Araki & LUCKY LAND COMMUNICATIONS / SHUEISHA. Tous droits réservés.

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Umeboshi : prune japonaise séchée et amer

Rédigé par Umeboshi

Rédactrice, Relectrice SEO, Community Manager, enfant prodige, passionnée d’univers gothiques, mangaphile, parle le japonais couramment, a rédigé une thèse de 80 pages sur JoJo’s Bizarre Adventure.


Bibliographie

Œuvre étudiée

ARAKI Hirohiko, JoJolion, Tôkyô, Shûeisha.

Ouvrages théoriques sur les mangas

ANZALONE Frederico, JoJo’s Bizarre Adventure. Le diamant inclassable du manga, Toulouse, Third Editions, 2019.

ARAKI Hirohiko, Manga in Theory and Practice. The craft of creating manga, San Francisco, VIZ Media, 2017 [Traduction anglaise de Nathan A. Collins].

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2 réponses à “[ANALYSE] JoJolion : un manga d’auteur ?”

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