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Pascal Lacrocq D’iverneresse nous a livré un entretien intense et riche qui nous a permis de mieux le connaître ! Et vous, qu’allez-vous découvrir sur cet artiste aux multiples facettes ?

Nous l’avons rencontré sur le tournage de Sur la 3ème Corde. C’est une web-série Youtube dont on vous a déjà parlé il y a quelques temps. Il nous avait particulièrement marqué par son jeu et son talent dans le rôle de Miguel. En effet, nous avons pu voir ses prestations en vidéo et en live lors du tournage. La rédaction a donc souhaité vous faire découvrir cet artiste aujourd’hui.

Pourriez-vous vous présenter ?

« Je m’appelle Pascal Lacrocq D’Iverneresse. On me connaît généralement sous le nom de Pascal Lacrocq comme écrivain et Pascal Lacrocq D’Iverneresse comme comédien. »

Il nous explique ensuite qu’il a : « scindé (ses) activités en deux, sous deux noms différents » ; car la société ne comprend pas toujours qu’un comédien soit également auteur. « Il y a des moments où j’ai envie d’écrire et des moments où j’ai envie de jouer » nous explique-t-il. Il a écrit deux livres, ce qui lui a demandé un an et demi de travail pour chacun. Il nous dit que les deux activités sont : « complémentaires, car elles font appel à un besoin de s’exprimer ». Selon lui : « Dans les deux cas on fait émerger une réalité intérieure ou une vision de l’histoire et des personnages qui la jalonnent ».  Dans le processus d’écriture, on ne se met pas en avant, alors que dans le jeu, on est obligé de se mettre en lumière.

Pourtant, selon lui, la comédie et l’écriture sont des activités complémentaires : « Ce ne sont pas des activités antinomiques. L’écriture, ça représente des heures et des heures de travail. On se questionne en permanence sur la solidité du propos. On s’interroge sur la structure, sur ce qu’on va apporter à travers sa plume. On se questionne sur la place et l’utilité des pages. Est-ce que l’on donne assez de couleurs aux mots ? ».

Il ajoute, cependant, que rien n’est évident, ni facile. Jouer ou écrire requiert un travail acharné : « Je ne crois pas à la facilité des choses. Ce sont des métiers, qui, contrairement à ce que l’on croit, demande un engagement total. On ne peut pas être dans une démarche de création sans être pleinement investi ».

Le métier de comédien donne l’illusion d’être accessible et simple, mais il n’en n’est rien.

Pour Pascal Lacrocq D’iverneresse, ce mirage résulte de l’écueil du développement des médias avec la télé-réalité qui cultive le culte d’une pseudo réussite facile et surtout celui de l’Ego : « Derrière les images lisses, on ne voit pas le travail que cela demande. C’est un métier qui demande de la constance, de l’acharnement, beaucoup de courage et parfois des sacrifices. Cela nécessite de mobiliser toute son énergie. L’objectif est d’arriver à contribuer à un film ou une pièce, l’acteur doit être un maillon qui doit être solide. On doit assumer ses faiblesses, ses failles, pour donner de l’épaisseur et de la matière à un personnage que l’on fait vivre. Si l’on se disperse, l’on ne peut pas restituer toute cette énergie qui est nécessaire. Dans la société de consommation, on a tendance à faire du soap, pour faire des personnages qui ont de moins en moins de relief ».

Son parcours en témoigne, il a tourné ses premières émissions et films lorsqu’il avait 16 ans. « Ma première expérience à la télé, c’étant dans de émissions de Maritie et Gilbert Carpentier. Une autre époque. », se remémore-t-il, nostalgique. Maritie et Gilbert Carpentier sont de célèbres producteurs d’émissions de variété, en activité dès les années 60, jusqu’à la fin des années 90. Pascal Lacrocq D’Iverneresse enchaine peu à peu les rôles à la télévision et au cinéma et au bout de quelques années, décide de faire une pause poussée par la peur du lendemain ou tout simplement par souci de confort et de sécurité.

 « Au terme de cette parenthèse dans ma vie artistique, j’ai ressenti un besoin impérieux de me remettre à jouer. En fait, j’ai eu l’impression de passer à côté de ma vie pendant cette période-là. Je n’ai jamais complètement pu arrêter. Donc, j’ai repris, vers une quarantaine d’années. Je me suis dit que la vie et le temps passe vite. J’avais l’impression de passer à côté de moi-même. On n’échappe pas à son destin »

La vie d’un artiste se construit à force de travail, de chance, de talent mais aussi au travers de rencontres avec des réalisateurs qui vous permettent de s’exprimer, et surtout, qui vous permettent de se révéler. Il y a quelques tournages qui l’ont séduit : « La qualité d’écriture, la personnalité du réalisateur sont déterminants ; mais également également le rôle, qui a une épaisseur suffisante à laquelle tu peux donner de la matière » nous explique-t-il. On est dans une symbiose d’un univers qui parle, une somme d’intentions, de sentiments, qui te permet de te réaliser dans le film. Dans les derniers projets qu’il a réalisé, il a tourné un film qui s’appelle Lili. Il traite de la maltraitance des personnes âgées, sur la tonalité d’un film d’horreur. Il a également tourné Nabis avec Sylvain Pelissier qui traite de la schizophrénie. Il s’agit d’un court métrage pilote qui doit devenir un long métrage : « j’incarne, là encore, un personnage qui a de l’épaisseur ». Le personnage n’est pas un faire-valoir ni un prétexte, il doit être un pilier de l’histoire. « Aujourd’hui, j’ai 60 ans, et j’ai envie de ça : j’ai envie de faire des choses qui ont du sens. Quand on tombe sur des scénarios comme ça, c’est que du bonheur. » nous dit-il.

On comprend donc qu’il aime particulièrement les personnages complexes. Évidemment, dans ce type de personnalité, il y a de multiples potentiels, qui lui permettent de porter le personnage. « Je crois que j’ai besoin de jouer des personnages forts, énigmatiques, qui peuvent avoir une part de mystère, de folie, une part de violence et une sensibilité. Je crois qu’on est tous multiples. »

Il nous cite par ailleurs, à propos d’Anthony Hopkins, pour qui il a de l’admiration : « il a un charisme, une part de mystère, et il donne de la force à ses personnages ». Il aime l’ambivalence des personnalités qu’il incarne, comme celle de la force et de la douceur. Ce dont on rêve tous selon Pascal Lacrocq d’Iverneresse : « c’est d’avoir un premier rôle qui permet de porter le personnage au-delà d’une histoire. On rêve de personnages très présents pour avoir du temps pour explorer toutes les facettes. » C’est donc très dur de dire quel personnage on aimerait incarner. Il y a une part importante dans l’esthétisme des films, mais surtout dans l’épaisseur des personnages. Le problème, aujourd’hui, c’est qu’il y a de moins en moins de films qui proposent de vrais univers… On l’a remarqué, le cinéma devient un produit de consommation : « les films tels ceux deVisconti ou Fellini, il n’y en a plus », regrette-t-il. Dans ce genre de cinéma, il y a de la complexité, en plus d’une forme d’esthétisme, qui véhicule toute cette palette d’expressions. Il aurait adoré jouer, sans prétention, avec un Visconti : « car quand tu regardes des films comme Violences et Passions ou Rocco et ses frères, ou plus récemment ceux de Xavier Dolan ; les personnages sont extrêmement présents avec une subtilité extrême. Avec Ken Loach, par exemple, on peut très bien être dans un cinéma qui a une vocation sociale, mais derrière, on ne se contente pas de brosser un tableau insipide, où les personnages vivent, sont présents. Un cinéma sans comédien, sans humanité, sans intériorité ça m’intéresse assez peu. » Le personnage est un prétexte pour poser une question sur l’univers qui l’entoure.

« J’aime les films à univers. Derrière l’esthétique, il y a même un satyre et une réflexion sur la société qui nous entoure ; et les personnages existent pleinement. »

Un humain est un prisme, ce n’est pas l’univers qui définit le personnage. Au contraire, l’humain génère des émotions, des sentiments par rapport à ce qu’il vit.

Le goût pour les films d’auteurs ne l’empêche pas de participer à des projets plus ludiques et grand public au travers de série télé, comme ce fut par exemple le cas pour : Petits secrets entre voisins, Plus Belle la Vie, Scènes de ménageet dernièrement Olivia… « Il n’y a pas de genre mineur et c’est un réel enrichissement que de se confronter à des genres différents. L’important c’est de travailler ! »

Et à propos de la comédie, un personnage est-il aussi complexe que cela ? Parlez-nous d’une comédie qui s’appelle Noces de Rouilles, réalisé par Jacques Bigay, dans laquelle vous avez joué.

« J’y ai pris beaucoup de plaisir », nous confie-t-il. « C’est une chronique provençale légère et contemporaine, l’occasion de me retrouver là où l’on ne m’attend pas »

« Je ne suis pas capable d’être ce que l’on veut que je sois, je ne suis pas capable d’être uniquement une image. J’aime surprendre ! »

Parlez-nous de votre expérience de Sur la 3Corde.

« C’était très bien écrit » nous dit-il. Au-delà du catch, ce qui l’a intéressé c’est le huit clos familial et l’ambivalence à jouer dans le rapport père-fils. Il y a par exemple ce fils qui se posait des questions comme : « est-ce que je vais franchir le pas de réaliser mes rêves ? ». Et le père qui est nostalgique, dans le sens où il rejette le passé. « Il revit son passé à travers son fils. Il y a beaucoup d’affection entre eux et en même temps, le rapport est violent. » On voit ainsi qu’il y a des personnages qui ont une vraie histoire. Une passion qui s’est fanée face à une passion naissante.

Cependant, l’histoire ne se résume pas à cela. « On se construit par rapport à une opposition, et on peut être dans le conflit, l’empathie et la sensibilité en même temps », nous confie-t-il.

Il trouve qu’il y a de la force et de la sensibilité dans ce projet prometteur. « J’aime bien m’investir dans des projets de jeunes réalisateurs car je trouve qu’il faut beaucoup de courage pour un jeune pour se lancer, et quand c’est un scénario sincère on a envie de le soutenir. »

Comment faites-vous pour dénicher ces projets ? 

Pascal Lacrocq d’Iverneresse marche au feeling : « J’attache une grande importance à la qualité d’écriture, j’appelle le réalisateur et je vois ensuite », nous explique-t-il. Il aime la sincérité, l’engagement et les gens passionnés. « Quand ça se passe bien humainement, si le projet est solide derrière, on ne se pose pas de question », nous dit-il. Il dit du tournage de Sur la 3èmeCorde : « ça a été une belle aventure humaine plein de belles rencontres ».

Dans le monde du film, il y a plein de choses qui échappent aux comédiens : « les choix des plans, l’étalonnage…, c’est la magie de ce métier, on ne maîtrise pas tout, c’est la surprise ». Pour lui : « on donne des choses qui finalement, nous dépassent. Par la force de l’image, on peut donner un jeu et à l’écran et se surprendre. » Dans le métier de comédien selon Pascal, « il y a beaucoup de travail et beaucoup d’abandon de soi-même, on cède à une forme d’inconnu et on se surprend soi-même. J’aime bien les challenges, j’aime bien les choses difficiles. »

On peut dire que Pascal Lacrocq D’Iverneresse est un explorateur de la vie.

« Quand on me voit, j’ai l’air d’une apparence assez classique et tempérée, et en fait (…) je me jette à l’eau assez facilement. »

Pascal Lacrocq d’Iverneresse aime transgresser les codes de la théâtralité, en créant par exemple un effet de décalage entre la création d’un personnage et l’exploration de ses couches, tout en restant classique : « j’aime bien cette espèce de double réalité », nous confie-t-il. « Quand j’ai fait du théâtre, on m’a dit d’un personnage qu’il a toujours plusieurs couches. Ces couches reviennent parfois à la surface comme un volcan qui revient se réveille. J’aime bien m’auto-surprendre. »

Il y a deux choses qui invitent de transgresser ainsi les codes : d’une part son histoire familiale et d’autre part ses rencontres. « J’étais dans un univers familial assez clos et conventionnel, c’est pourquoi j’aime bien la provocation et sortir du cadre. Ça a été une façon de me révéler à moi-même et me révéler aux autres. » Il a rencontré une enseignante de Français, Nicole Gros, qui a arrêté sa carrière d’enseignante pour l’entraîner et l’amener à aller au-delà de ses limites. C’est ainsi qu’il s’est dit : « là je peux m’exprimer, là je peux être moi-même, et là je peux exprimer les multiples moi-même que je conservais au travers des conventions sociales ».

« Je pouvais enfin me propulser dans des personnages. »

Toujours dans le dépassement de soi et dans la volonté de casser les codes, poursuit-il : « Je n’ai jamais fait de choix faciles dans ma vie, j’ai toujours fait des choix de transgression. »

« J’aime bien l’audace. »

« Il y a un personnage qui me poursuit », nous confie-t-il. C’est Nostradamus, un explorateur du futur et de l’invisible qu’il joue depuis deux ans. « J’aime bien explorer ma part invisible qui me colle à la peau. Il n’y a jamais de hasard, le destin mène les pas là où ils doivent aller. Ça me vaut certains rejets parfois, certaines incompréhensions, mais l’invisible me fascine et quand on peut donner de la voix pour exprimer l’inexprimable, ça m’intéresse. »

Un dernier mot pour nos lecteurs ?

« Soyez audacieux, inventifs, transgressifs et (ré)inventez-vous, ne rentrez pas dans le moule ! N’acceptez pas les cases dans lesquelles on veut vous coller. C’est vrai pour les comédiens et j’espère que ce sera le cas également pour le cinéma. Surtout n’aseptisons pas, et explorons les couches cachées, tout ce qui reste à découvrir. Au-delà de l’admissible. »

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Jonathan Caplain

Rédigé par Jonathan Caplain

Rédacteur en chef adjoint, ex-étudiant en histoire de l’art et en cinéma : cinéphile le jour et Voyageur temporel parcourant la galaxie dans son Tardis la nuit.

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