Dove Attia a produit et composé certaines des plus grandes comédies musicales françaises : Les Dix Commandements (2001), Le Roi Soleil (2005), Mozart L’Opéra Rock (2009), 1789 Les Amants de la Bastille (2012), Le Roi Arthur (2015). Il est actuellement en tournée dans toute la France avec son nouveau spectacle, Molière L’Opéra Urbain, co-composé avec Rod Janois. Un spectacle novateur, dont le succès a su relancer l’engouement des années 2000 pour les comédies musicales à travers l’hexagone.
En parallèle, il a composé pour le Japon un spectacle qui adapte le manga JoJo’s Bizarre Adventure, Phantom Blood de Hirohiko Araki : un manga qui a beaucoup de fans en France et qui est également reconnu pour sa qualité artistique. Ce spectacle vient d’achever sa première tournée dans l’archipel et une bande-annonce est disponible sur YouTube.
Nous avons eu la chance de rencontrer Dove Attia le 13 avril dernier, à l’occasion d’une représentation de Molière L’Opéra Urbain. Il nous en dit plus sur ces deux spectacles…
Interview de Dove Attia par La Revue de la Toile
Pourriez-vous nous présenter votre nouveau spectacle ? Molière L’Opéra Urbain, c’est un peu la suite de Mozart L’Opéra Rock ?
Dove Attia : « Oui, on est dans l’esprit de Mozart L’Opéra Rock ! Mais quinze ans plus tard, avec une musique un peu plus actuelle. Il y a de l’urbain, de la pop plus moderne, mais on retrouve Mozart dans l’esprit de la troupe, on retrouve Mozart dans la mise en scène, on retrouve Mozart dans le livret, dans le style d’humour qui joue sur les anachronismes. Dans cette ambiance qu’il y a dans la troupe, et ce côté un peu magique de leurs spectacles. On retrouve donc tout l’esprit de Mozart, en effet. Et tous ceux qui vont voir Molière retrouvent ce qu’ils ont aimé dans Mozart. »
Et vous dîtes souvent que Molière est la première star de l’Histoire ?
« Oui, car Molière était, en 1700, connu dans tout Paris, alors qu’il n’y avait pas les médias comme aujourd’hui. Mais tout le monde avait entendu parler de Molière. »
Qu’est-ce qui est nouveau dans Molière L’Opéra Urbain ?
« C’est un spectacle qui m’a demandé beaucoup de temps et qui est très original, car ce n’est plus, comme dans Mozart, « une chanson / un dialogue / une chanson / un dialogue / etc. ». Ce sont soit des chansons avec mélodie, soit une chanson où l’on va parler avec des rimes en slamant sur la chanson. Et c’est ce qui donne ce rythme incroyable et époustouflant dans Molière, que je n’avais pas dans Mozart. Et il y a beaucoup d’humour dans Molière, c’est cela aussi qui donne ce rythme et cette ambiance. C’est pourquoi je pense, comme l’ont dit les spectateurs et les critiques, que c’est mon plus beau spectacle. »
Mais ce qui m’intrigue, c’est que vous avez aussi composé récemment un autre spectacle dont on parle peu en France, alors qu’il fait un succès fou au Japon : la comédie musicale JoJo’s Bizarre Adventure, Phantom Blood… Comment êtes-vous venu à composer pour le Japon, et en particulier sur ce manga ?
Dove Attia : « C’est normal qu’on ne parle pas de ce spectacle, car je n’ai pas communiqué dessus. Mais il marche très bien, en effet. Car c’est un très beau spectacle.
Mes comédies musicales produites en France se sont très bien exportées en Asie : au Japon, mais aussi en Chine et en Corée. Au Japon, par exemple, c’est 1789 qui est la préférée. J’ai donc fait deux nouveaux spectacles au Japon, Lupin et JoJo, avec mon ami RodJanois, avec qui j’avais co-écrit presque toutes les musiques de Mozart et qui joue Camille Desmoulins dans 1789. C’est grâce à nos anciens spectacles dont ils ont aimé la musique, que les Japonais m’ont demandé un jour de composer ces comédies musicales.
En France, je participe aussi à la production de la série Cat’s Eyes qui va sortir sur TF1, et qui est une adaptation du manga du même nom. »
Mais du coup, connaissiez-vous JoJo avant ?
« Oui je connaissais ! J’avais lu plusieurs parties du manga, j’adorais ça, donc j’étais très emballé d’écrire pour JoJo, et ce spectacle était magnifique. C’était complet avant même de démarrer. »
N’était-ce pas plus compliqué d’écrire une musique destinée à être chantée dans une autre langue ?
« Non, car j’avais un livret et des interprètes qui me le traduisaient. Et le metteur en scène, qui me disait ce qu’il aimerait que chaque chanson dise. »
D’après la bande-annonce, j’ai l’impression que vous avez fait des styles de musiques très différents pour chaque personnage (Dio, Zeppeli, Erina…) ?
« C’est exact. Pour chaque personnage, nous avons développé un univers musical différent, afin de bien les caractériser. Mais le style de musique reste essentiellement du rock, car c’est l’esprit des mangas japonais. »
C’est vrai : il y a d’ailleurs dans JoJo beaucoup de références au rock à travers les noms de personnages. Dio est le nom d’un groupe de metal, Zeppeli est une référence à Led Zeppelin…
« Tout à fait. Dio, c’est le côté « méchant », le Mal personnifié par la musique. C’est ce qu’on appelle du « dark rock ».
C’est donc ce qu’on a fait pour le personnage de Dio, alors qu’on a créé des musiques plus joyeuses pour d’autres personnages. Mais on reste toujours dans un univers plus ou moins rock. Et je me suis aussi inspiré de mes propres références rock’n roll : Linkin Park, Jamiroquai, Muse… »
C’est peut-être une fausse impression mais, en voyant simplement la bande-annonce, j’ai trouvé que ce spectacle avait l’air un peu trop sage par rapport à ce que l’on a l’habitude de voir en France…
« Ce n’est pas le cas ! La mise en scène est très créative, très inventive et très osée. C’est quelque chose de totalement nouveau, au Japon, d’avoir une mise en scène de ce type. »
Quel est votre personnage préféré dans JoJo ??
« Dio. J’adore les méchants ! »
Savez-vous s’il est prévu d’adapter la suite du manga ? Battle Tendency, qui se déroule dans les années 1930, serait peut-être l’occasion d’intégrer d’autres styles de musique comme du jazz…
« Je pense qu’il y aura une suite. Mais d’abord, on va devoir revenir avec ce spectacle, car beaucoup de gens n’ont pas pu le voir et les représentations étaient complètes ! Il va donc falloir repartir sur une deuxième saison. »
Auriez-vous un message pour nos lecteurs·ices ?
« Je suis très heureux qu’ils aiment les comédies musicales, car moi-même je suis un amoureux des comédies musicales. Je me bats en France pour qu’il y ait des créations, et pas seulement des reprises des comédies musicales anglo-saxonnes. Parce qu’on a beaucoup de talents en France qui savent écrire dans tous les domaines des comédies musicales, et il faut encourager la création française, plutôt que de voir simplement les hits de Broadway revenir en France. Et il y a un vrai style français, un vrai univers français, qui est né avec Starmania, avec Notre-Dame de Paris, avec Les Dix Commandements, jusqu’à Molière, et un vrai ADN du spectacle musical français. C’est pourquoi, je remercie les lecteurs de soutenir toutes ces comédies musicales françaises.
Il y a beaucoup de talents en France, et nous avons besoin de gens qui en parlent. A une époque, on trouvait les comédies musicales un peu ringardes, mais aujourd’hui c’est très à la mode, très avant-gardiste et créatif. Et je suis fier de tout ce que font les auteurs et les créateurs français. Ces talents, il faut les encourager. Je remercie donc vos lecteurs d’encourager tous ces talents en France. »
Merci à Dove Attia pour cette très belle interview ! Retrouvez l’actualité de Dove Attia et du spectacle Molière L’Opéra Urbain sur les réseaux :
- Page Facebook officielle de Dove Attia
- Page Facebook officielle de Molière L’Opéra Urbain
- Instagram : moliereloperaurbain
- TikTok : moliereloperaurbain
- Site Web : moliereoperaurbain.com
Molière L’Opéra Urbain, actuellement en tournée :
- A Limoges les 25 & 26 mai ;
- A Orléans les 1er & 2 juin ;
- A Lille du 6 au 9 juin ;
- A Décines-Charpieu les 22 & 23 juin ;
- A Marseille les 29 & 30 juin ;
- A Reims les 21 & 22 septembre ;
- A Floirac les 28 & 29 septembre ;
- A Toulouse les 5 & 6 octobre ;
- A Montpelliers les 12 & 13 octobre ;
- A Nice les 19 & 20 octobre ;
…Et de retour à Paris dès février 2025 !
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Rédigé par Umeboshi
Rédactrice, Relectrice SEO, Community Manager, enfant prodige, passionnée d’univers gothiques, mangaphile, parle le japonais couramment, a rédigé une thèse de 80 pages sur JoJo’s Bizarre Adventure.
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