Hey les potterheads ! Vous pensiez que le monde magique d’Harry Potter était trop cool et en avance sur notre temps ? Préparez-vous à déchanter. Comparé à la bonne vieille Angleterre moldue des années 90, l’univers des sorciers fait figure de royaume archaïque tout droit sorti du Moyen Âge. Tout comme Gringotts et son système financier. Ironie, humour noir et (mauvaise) foi au menu, analyse d’un monde magique pas si magique que ça, vu depuis 1990-et-quelques.

Continuons ce tour d’horizon par un aspect souvent oublié : l’économie du monde magique. En effet, on parle bien d’un univers où l’argent existe. Hélas, même chez les sorciers tout n’est pas gratuit par enchantement. Harry découvre avec stupeur, en 1991, son coffre rempli de Gallions d’or à Gringotts, la banque des sorciers.

Gringotts : la banque monopolistique des sorciers

Ah, Gringotts… Une banque monopolistique gérée par des gobelins grincheux, planquée sous Londres. Avec des dragons et des chariots bringuebalants pour tout système de sécurité. Imaginez la City de Londres version médiévale-fantastique : Vous avez Gringotts. En effet, pas de concurrence bancaire, pas d’autres acteurs financiers : toute l’économie sorcière britannique repose sur une seule banque centrale privée tenue par une caste non humaine.

Niveau réglementation, on repassera. Les gobelins fixent les règles du jeu monétaire, et les sorciers semblent trouver ça normal. Après tout, « les finances, c’est sale, laissons ces créatures s’en occuper », pensent sans doute certains Sang-Pur avec dédain.

Un système monétaire archaïque à Gringotts

En effet, le système monétaire sorcier est basé sur une trimonnaie métallique. Des pièces d’or (Gallions), d’argent (Mornilles) et de bronze (Noises). Le tout avec des taux de conversion dignes d’un problème de mathématiques inventé par un troll : 17 Mornilles dans 1 Gallion, 29 Noises dans 1 Mornille. Faites le calcul, ça donne 493 Noises pour 1 Gallion. Pratique, n’est-ce pas ? Par exemple, pour payer votre bièraubeurre à 2 noises, bon courage pour rendre la monnaie sur 1 Gallion… Les sorciers n’ont jamais entendu parler du système décimal on dirait. Pendant ce temps, les Moldus britanniques avaient adopté la monnaie décimale dès 1971, finies les £/shillings/pence alambiqués d’antan.

Argent sorcier/argent moldu : un cauchemar de conversion

Un Gallion en or vaut une fortune, pensez-vous ? Eh bien même pas tant que ça : d’après J.K. Rowling elle-même, 1 Gallion vaut environ 5 livres sterling dans les années 90. Autrement dit, cette grosse pièce en or massif (avec un numéro de série de gobelin gravé dessus) a la valeur d’un billet de £5 de l’époque – de quoi s’offrir fish and chips pour deux. Soit l’or sorcier est de très mauvaise qualité, soit leur économie sous-évalue dramatiquement les métaux précieux. Dans tous les cas, c’est bancal.

Cette incohérence ouvre la porte à des aberrations financières que même un étudiant en première année d’économie identifierait. Eh bien figurez-vous qu’un petit malin a fait les comptes : Avec les cours de l’or et de l’argent, un arbitrage financier entre les deux mondes serait possible.

Cracker le système boursier sorcier, ce serait possible, et rentable !

En termes simples, si la valeur en métal d’un Gallion (or) dépasse la valeur en métal des 17 Mornilles (argent) qui le composent, alors un individu astucieux pourrait : prendre des Gallions, les fondre en or pur, vendre l’or sur le marché moldu, acheter de l’argent, faire frapper des Mornilles avec cet argent à Gringotts, reconvertir 17 Mornilles en Gallions, et ainsi de suite, en réalisant un profit à chaque boucle. Donc, un tel arbitrage permettrait en théorie de siphonner la richesse du monde sorcier indéfiniment, tant que l’écart des cours or/argent existe entre les deux économies.

Utopie ? Eh non, pas tant que ça – la célèbre fanfiction Harry Potter et les Méthodes de la Rationalité le souligne avec malice. Son Harry, élevé à la science économique, calcule qu’il pourrait ainsi accumuler des montagnes de Gallions en exploitant la naïveté du système monétaire sorcier. De quoi faire trembler Gringotts… ou provoquer une hyperinflation façon République de Weimar magique.

L’étalon-or du XIXe siècle : modèle du système monétaire sorcier

Heureusement pour les gobelins, personne n’a (encore) mis ce plan à exécution. Sans doute parce que les échanges entre Moldus et sorciers sont ultra-limités. Mais cela révèle l’archaïsme total du système : les sorciers fonctionnent encore comme sous l’étalon-or du XIXe siècle, ignorant les principes économiques modernes. Donc, pas de banque centrale régulant la masse monétaire, pas de politique monétaire tout court : on frappe des Gallions quand on mine de l’or, point final. Si une crise survient, bonne chance pour « imprimer de l’argent » façon quantitative easing – chez les sorciers, on ne crée pas la matière comme ça !

Les Moldus des années 90 avaient abandonné l’étalon-or depuis belle lurette, et géraient leurs devises de manière flexible (avec parfois des dérives, certes, coucou la livre sterling qui sort du SME en 1992). Mais au moins, ils comprenaient les mécanismes de l’inflation, des taux d’intérêt, etc. Car demandez à un sorcier ce qu’est un taux d’intérêt… Il vous répondra sans doute par un sortilège d’Intérêt éternel de la part de gobelin, qui sait.

L’absence de crédit, ou la réponse à la question : « Pourquoi les Weasley ne contractent-ils jamais de prêts ? »

Parlons-en, de l’intérêt et du crédit : jamais vu la queue d’un prêt bancaire chez Gringotts. Les Weasley galèrent financièrement toute la scolarité de Ron, mais personne ne songe à un emprunt étudiant ou à un découvert autorisé. On vit avec sa bourse de Gallions ou on fait sans.

Les Malfoy, richissimes, roulent sur l’or littéralement (coffre débordant, manoir luxueux) mais n’investissent nulle part – l’économie sorcière ne connaît ni multinationales, ni start-ups, ni marché boursier. Pas de Bourse de Londres version sorcier, pas de Dragon’s Den où un inventeur de balai pourrait lever des fonds. L’innovation technologique est au point mort parce que tout se passe dans l’artisanat et le familial. Pré-au-Lard et le Chemin de Traverse regorgent de petites échoppes individuelles (Ollivander pour les baguettes, Zonko pour les farces, Honeydukes pour les bonbons, etc.), mais pas la moindre trace d’une industrie ou d’un capital-risque. Dans le monde moldu, les années 90 étaient en plein boom de la finance internationale et du capitalisme globalisé (peut-être trop, diront certains).

Dans le monde sorcier, on en est resté à l’économie de marché local du Moyen Âge, avec du troc – pardon, des échanges en espèces sonnantes et trébuchantes.

Gringotts et ses moyens de paiement dignes de l’âge de bronze

Au passage, notons que les moyens de paiement sorciers ne sont pas pratiques… des pièces, encore des pièces, toujours des pièces. Pas de billets, pas de carte de crédit magique. Pour acheter un balai à 200 Gallions, il faut venir avec une bourse lourde comme un boulet de canon. Pour payer un livre à 2 noises, on sort sa petite monnaie cuivrée. Ron fait un scandale en 1993 parce que son frère aîné Percy s’est acheté une nouvelle chouette : 5 Gallions, une fortune pour eux – il compte les Mornilles sur la table. C’est charmant pour un récit, mais économiquement, c’est de l’âge de bronze.

Les Moldus, eux, avaient déjà les chèques, les cartes bancaires (le paiement par carte à puce inventé en France en 1984, adopté progressivement en Europe dans les années 90), et les distributeurs de billets partout. Un sorcier n’a même pas de portefeuille, juste une bourse qui fait cling cling. Pour un vol à la tire, c’est parfait. Tiens, parlant de vol : la sécurité financière est très douteuse aussi. Hermione se fait attaquer par des Scroutts à pétard (créatures explosives) ? Ce n’est pas couvert, il n’existe aucune assurance magique pour rembourser vos dommages.

Si votre maison est détruite par un duel ou brûlée par un dragon, tant pis pour vous – allez quémander une aide au ministère éventuellement. On regretterait presque nos assureurs moldus et leurs questionnaires interminables, c’est dire.

Une sécurité magique… très discutable

Et que dire de Gringotts censée être imprenable… Braquages inconnus depuis des siècles, clame-t-on. Sauf qu’en 1998, la banque se fait dévaliser de l’intérieur par Harry, Ron et Hermione – trois ados, certes surdoués et aidés par un dragon blindé, mais trois ados quand même. Ils s’enfuient avec un trésor (une coupe en or très convoitée) en survolant Londres sur le dos du dragon, laissant les coffres-forts sens dessus dessous. On a vu plus “sécurisé” comme établissement financier. À côté, la Banque d’Angleterre n’a jamais connu une humiliation pareille en plein jour. On imagine la tête du gobelin directeur : se faire rouler par des gamins, c’est un coup à mettre l’économie en PLS (heureusement, c’était en pleine guerre, les priorités étaient ailleurs).

En conclusion de ce chapitre économique, on peut affirmer sans trop de scrupules que les sorciers sont restés coincés à l’ère pré-industrielle niveau finances. Monnaie archaïque, absence de système bancaire moderne, méconnaissance totale des principes économiques de base – on pourrait presque pardonner à Cornelius Fudge son incompétence, il n’avait même pas un conseiller économique sous la main. La prochaine fois que vous maudirez votre banquier moldu, dites-vous qu’au moins, lui, il ne garde pas vos économies dans un coffre accessible via un toboggan et protégé par un Sphinx et quelques enchantements douteux. Vive le progrès… chez les Moldus.

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Rédigé par Duck

Rédacteur qui se définit lui-même comme un simple freelance qui nous fait une chronique de temps en temps, Papa poule, Youtuber. Et surtout, maître dans l’Art de troller et de détourner et retourner tous les univers possibles.


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