Arthur Khong est un comédien vivant sur Paris, spécialisé dans le doublage. Il a pu poser sa voix dans des productions comme One piece, Marvel, Barbie, Deadpool et Wolverine.
Contrairement à ce que sa voix pourrait laisser entendre, Arthur Khong est un jeune comédien, dont le talent est indéniable. Vous le reconnaîtrez sûrement à son timbre grave, en tant qu’interprète de Liu Simu (Shang Shi, Ken dans Barbie), Tatum Channing (Gambit dans Deadpool et Wolverine), Suzuki Ryohei (Nicky Larson dans sa version 2024), ou encore Zoro dans One Piece. Nous avons pu l’interviewer lors de notre passage à la convention Aka To Kin.

1) Arthur Khong, comment es-tu arrivé dans le doublage ?
Je suis arrivé dans le doublage il y a cinq ans, après des études dans le théâtre. Depuis tout jeune, j’ai toujours interprété des personnages plus vieux que moi, ça présente parfois des petites difficultés, notamment par rapport au décalage entre mon âge et la maturité du personnage.
2) Tu sembles accorder une grande place à l’empathie dans ton interprétation, penses-tu que ce soit indispensable pour exercer ton métier ?
L’empathie, c’est la capacité à ressentir les choses, à les comprendre et à se mettre à la place des autres. C’est très important dans mon travail car, en tant que comédien, on se met au service de l’acteur qu’on double. Quand on tourne dans un film, on incarne un personnage, le doublage c’est un peu différent. Dans un doublage de film ou de série, on a peu moins de liberté à cause du cadre, et on doit créer tout un univers. Vraiment. On ne peut s’en éloigner contrairement au dessin animé.
3) Qui est le personnage qui t’a le plus marqué ?
C’est Zoro (One Piece) car c’est le personnage d’une œuvre de mon enfance. J’ai un sentiment d’appartenance très fort car c’est mon personnage préféré. J’ai eu la chance d’avoir ce rôle et ça m’a donné un attachement encore plus particulier à ce personnage et cette série. Si je suis là, c’est surtout grâce à lui.
4) Tu es musicien, est-ce que tu chantes aussi ?
J’ai pris des cours de chant, mais je ne suis pas bon chanteur. Il m’est arrivé de chanter sur des doublage. Sur les productions musicales, je suis plutôt dans la production. C’est plus un hobby à côté de mon travail, mais cela me sert énormément et ça m’apporte une certaine oreille.
5) T’es-t-il arrivé de travailler sur des versions inachevées ou des versions confidentielles (où les comédiens ne voient que les lèvres de leurs personnages et pas l’intégralité de la scène à doubler) ?
Parfois, oui, il arrive qu’on bosse sur des versions pas totalement définitives. Quand on bosse sur des Disney, ça nous arrive d’avoir des images très confidentielles, mais ce n’est pas un problème. On se base beaucoup sur l’audio de la VO, en fait, ça nous suffit à peu près. Perdre l’œil de l’acteur que l’on joue, c’est toujours un peu compliqué, mais on arrive à se débrouiller
6) Tu as fait du théâtre, as-tu une pièce préférée ?
J’ai fait du théâtre en primaire, puis au collège, puis j’ai pris directement la spécialité au lycée. Par la suite, j’ai fait une formation au conservatoire. Je n’ai pas beaucoup de préférence, mais j’ai adoré Harpagon et Tartuffe de Molière, mais aussi Love and Money de Denis Kelly. La manière dont on innove la mise en scène au théâtre, c’est ça qui est intéressant, et c’est passionnant de voir comment ça évolue.
7) As-tu déjà rencontré un des acteurs que que tu as doublé ?
Je n’ai jamais rencontré des comédiens que j’ai incarnés, mais j’ai rencontré Steven John Ward de One Piece et on a beaucoup parlé. Il nous a donné les insides et c’était vraiment passionnant.

8) Quel rôle aimerais-tu jouer à l’avenir, Arthur Khong ?
J’aimerais bien avoir un joli rôle dans un jeu vidéo, car c’est une passion que j’ai. Peut-être que ça va arriver.
9) As-tu l’occasion d’aller à la rencontre de ton public, comme aujourd’hui à l’Aka To Kin ?
J’ai pas trop l’occasion de rencontrer mon public, mais ça me fait plaisir de le rencontrer. Les gens que je rencontre sont toujours adorables. Ils sont compréhensifs, mais ils ont des exigences. Ça me donne de la motivation pour me perfectionner, car je sais qu’ils ne vont pas laisser passer certaines choses. En tant que comédien, on ne se rend pas compte à quel point notre voix peut avoir un impact, jusqu’au moment où on rencontre les gens. Par exemple, une personne qui ne va pas bien et qui regarde une série qui va l’aider à se sentir mieux, elle va entendre ma voix à travers un personnage. Et ça va la marquer, l’aider. C’est donc important de prendre soin de nos produits et c’est toujours un plaisir et un honneur de rencontrer le public dans la vraie vie.
10) Aurais-tu des conseils à donner aux jeunes qui souhaiteraient se lancer ?
Pour toutes les personnes qui aimeraient se lancer, je les invite à commencer par le théâtre ! Le doublage demande des sacrifices, ça demande de créer un réseau sur Paris, et donc d’habiter sur Paris. Il ne faut jamais abandonner, persévérer et être honnête sur ses propres compétences. La dignité est la chose la plus importante dans ce métier mais il faut savoir briser son égo et se remettre en question.
11) Un dernier mot pour terminer, Arthur Khong ?
J’aimerais parler de l’IA. Actuellement, le métier est menacé par l’IA générative. L’IA peut être un outil super qui peut aider l’humanité dans la recherche. Malheureusement, c’est utilisé à mauvais escient dans le but de doubler des personnes et des personnages. Pourtant, le coût du doublage est rentabilisé par les Français qui consomment 70 % de VF, et même 60 % de VF chez les plus jeunes. Même si l’IA ne sera jamais plus rentable, elle coupe instantanément le travail de 20 000 personnes (ingé son, production). Utiliser l’IA, c’est virer une grande masse salariale pour faire appel à des entreprises étrangères qui ne payent pas des impôts en France. Ça veut dire aussi couper l’humain de la création artistique, par conséquent, les œuvres qui sont créées par IA sont beaucoup moins savoureuses. Aujourd’hui, on cherche à avoir du public plutôt qu’à toucher le public. Il y a plus d’argent dans le marketing que dans la production. Je suis en total soutien avec le mouvement touche pas à ma VF, et même si je ne suis pas une aide quotidienne, et j’essaye d’en parler. Il y a des personnes magnifiques comme Emmanuel Curtil, Pascale Chemin, Brigitte Lecordier et tant d’autres, ils ont tout le soutien du métier ! Ce problème d’IA concerne tous les artistes et les artisans.
Pour finir, un grand merci à toutes les personnes qui m’ont super bien accueilli sur Perpignan. Les organisateurs de l’Aka To Kin sont super adorables, touchants et courageux, et je les respecte énormément.
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Rédigé par Tsilla
Rédactrice en Chef, ex-Enseignante en Lettres Classiques certifiée, Autrice de roman, Scoute toujours, Jedi à ses heures perdues, Gryffondor.
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