Roland Timsit est comédien, comédien de de voix, metteur en scène et directeur artistique. Lors de la convention Médié-Geek à Tautavel, il a accepté de répondre à nos questions, en revenant notamment sur son rôle de Jar Jar Binks dans Star Wars.
1) Roland Timsit, quel a été votre parcours avant de devenir comédien de voix ?
J’ai étudié au conservatoire de Montpellier. J’y ai reçu deux prix : un pour la comédie et un pour la tragédie. Puis, à 18 ans, je suis monté à Paris pour faire du théâtre. C’est en 1984 que j’ai fait mon premier stage de doublage. J’avais 26 ans. Après mon stage, j’ai tout de suite fait des rôles, notamment dans une télénovelas brésilienne.
2) Quels rôles dans le doublage vous ont le plus marqué ?
J’ai doublé Abyss [ndlr : de James Cameron], un film marquant. Un autre film qui m’a marqué c’est Seule contre la drogue, où je doublais le fils de Sophia Loren, qui était drogué et c’était très intéressant, car il fallait incarner le manque. À l’époque, je faisais beaucoup de théâtre, surtout.
3) Et au Théâtre ?
J’ai été clown au théâtre, notamment dans une pièce contemporaine : Conte à clowns qui mettait en scène trois clowns qui jouaient la découverte de l’Amérique , et j’ai fait le clown vraiment très longtemps [Ndlr : notamment avec son spectacle Chapo dans le métro]. Mais le plus beau de tous, ça a été la Carte du temps (Trois visions du Moyen-Orient) de Naomi Wallace, que j’ai mis en scène.
4) Roland Timsit, vous êtes aussi directeur artistique et metteur en scène, vous avez notamment dirigé la VF de Sherlock. Que préférez-vous : être directeur ou comédien ?
En doublage, je préfère être comédien, c’est beaucoup plus reposant que directeur artistique. Un directeur artistique a toutes les responsabilités, c’est une lourde charge. Il faut être sur toutes les scènes, coacher tous les acteurs. C’est un travail énorme si l’on veut le faire bien, pour que les spectateurs ne fassent pas la différence quand ils changent de la VO à la VF. Or, je suis souvent agacé par des doublages de mauvaise qualité car certains commanditaires de doublage valident des travaux qui sont loin de la VO, les textes vf ne sont pas bons et les acteurs mal dirigés.
5) Quelles adaptations avez-vous préféré diriger ?
Deux séries qui m’ont beaucoup coûtées, en tant que directeur artistique, ce sont Sherlock et Mr. Robot, pour dénaturer le moins possible la VO. Il faut faire un vrai travail d’adaptation, ce que j’ai fait sur la série espagnole Grand Hotel. Mais aussi sur une série danoise : Quand la poussière retombe [Ndlr : en langue originale : Når støvet har lagt, ou littéralement « Une fois la poussière retombée »] ainsi qu’un film sur Arte : Dieu et le chameau [Ndlr : en langue originale : Nicht ganz koscher: Eine göttliche Komödie, ou littéralement : Pas tout à fait cascher, une divine comédie]. En général, on me propose des projets qui ne sont pas faciles à adapter.
6) Que faut-il d’après vous pour faire une bonne adaptation en VF ?
Il ne faut pas faire de la traduction littérale, il est nécessaire de trouver le sens de la phrase pour l’adapter. Pour vous donner un exemple : je travaille souvent avec Sophie Neerman, qui est bilingue et responsable doublage pour France Télévision. France télévision, Arte, Canal sont très exigeants. Quand on travaille ensemble, on fait des vérifications des textes avant la diffusion. On se met dans une salle avec les adaptateurs, on lit le texte à haute voix, on vérifie le sens, la qualité du texte, on vérifie qu’il n’y ait pas d’anglicisme, pas d’hispanisme etc… on vérifie la synchronisation. On ne peut pas faire un bon doublage si on n’a pas un bon texte.
7) Comment avez-vous obtenu le rôle de Jar Jar Binks et avez-vous été déçu qu’il ne prenne pas plus de place dans l’univers de Star Wars ?
Nous étions 3 comédiens à candidater sur le rôle, et George Lucas qui choisit tous les comédiens de doublage de ses films, a choisi ma voix. J’ai adoré Jar Jar, comme j’ai fait beaucoup le clown, j’ai adoré doubler ce personnage. Ce personnage a été démesurément moqué certains y ont même vu une moquerie des homosexuels et n’ont pas compris ce que ce « clown » venait faire dans cette histoire. Il n’y a pas eu de développement de ce personnage. C’est ma plus grande déception.
8) Aimez-vous jouer des personnages clownesques comme Jar Jar ou préférez-vous les personnages de tragédie ?
Je préfère jouer ce genre de personnage car c’est plus créatif, il y a plus de travail, il faut inventer une voix. Et j’aime bien. Plus c’est compliqué, plus je trouve cela intéressant.
9) Quels sont les univers sur lesquels vous avez travaillé et dont vous vous sentez le plus proche ?
J’ai beaucoup aimé l’univers de Mr. Robot car il y a à la fois une réflexion politique et philosophique, un engagement et de la réflexion. Au théâtre, j’aime beaucoup les pièces de Naomi Wallace. J’ai aussi monté récemment une pièce avec des amateurs et des professionnels. C’est une pièce d’Arthur Adamov, écrite en 1953, par l’auteur, qui a été naturalisé français. La pièce porte sur un jeune immigré opprimé à Paris. Elle s’appelle Tous contre tous et les spectateurs ont été sidérés que son actualité résonne avec la nôtre.
10) Roland Timsit, un dernier mot pour nos lecteurs ?
J’ai été très touché de l’attention pour moi des fans à Médié-Geek, j’ai été très surpris de rencontrer des gens qui connaissaient tout mon parcours en doublage ! Il y a une vraie passion en France pour le doublage et je suis très reconnaissant à ce public. Continuez à être passionné pour le doublage, continuez à être exigeant et merci !
Toute l’équipe de la Revue de la Toile remercie sincèrement Monsieur Timsit.
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Rédigé par Tsilla
Rédactrice en Chef, ex-Enseignante en Lettres Classiques certifiée, Autrice de roman, Scoute toujours, Jedi à ses heures perdues, Gryffondor.
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