Le Dr César Pierre Castagné, psychiatre, s’attaque à la célèbre saga du petit sorcier dans son livre La face cachée de Harry Potter, publié chez Albin Michel. Si vous aussi, vous êtes échaudé·e par les derniers tweets de J.K. Rolwing, ce livre est fait pour vous !

photo qui présente le livre la face cachée d'Harry Potter avec des fleurs, une fausse chouette, et des items d'Harry Potter

Cette critique est une collaboration commerciale non-rémunérée. Toutefois, la rédaction garantit que l’avis n’a pas été influencé par l’éditeur qui lui a laissé la totale liberté de sa critique.

Résumé de La face cachée d’Harry Potter de César Pierre Castagné :

Et si Albus Dumbledore était en réalité un manipulateur ? Quant à Harry : super-héros, enfant maltraité ou dangereux sorcier ? Et Poudlard, lieu de sombres machinations, de transgressions ou école prestigieuse et bienveillante ?

C’est dans le cadre de sa prise en charge de patients appartenant à la « génération Harry Potter », que le psychiatre César Pierre Castagné est amené à se plonger dans cet univers fantastique. Il y découvre un monde merveilleux, mais aussi sombre et torturé. Et surtout, une oeuvre universelle, susceptible d’éclairer les problématiques individuelles.

Aux connaisseurs de cette formidable saga ou à celles et ceux qui souhaiteront la découvrir, voici la face cachée de Harry Potter. Prenez place dans le Poudlard Express et que des ténèbres jaillissent enfin la lumière… Comme le dirait Harry : « Lumos ! »

Résumé d’Albin Michel

Critique :

Harry Potter est une saga qui a su séduire toute une génération, laquelle a grandi avec ses héros et héroïnes durant plus d’une décennie. Les Millenials ont eu le même âge qu’Harry, Ron et Hermione lorsqu’un des films ou l’un des livres est sorti. Certain·e·s ont écrit et lu des fanfictions, quant d’autres ont monté des écoles interactives sur le Net (et pour l’anecdote, j’étais bien plus motivée à faire mes devoirs de Potions que ceux de Physique-Chimie). Comme Harry Potter a marqué ma vie aussi intensément que la cicatrice en forme d’éclair sur le front du célèbre sorcier, je vous livre une critique très personnelle de La face cachée d’Harry Potter.

Tout d’abord, force est de constater que les récentes polémiques autour de la saga ont entaché durablement mon amour pour un univers dont je connaissais pourtant chaque recoin. Harry Potter était d’un grand réconfort, et je ne compte pas les nuits sans sommeil que j’ai passées à littéralement dévorer des pages que je pouvais réciter par cœur.

Avec le temps, j’ai pris énormément de recul, notamment en ce qui concerne la représentation des personnages, celles des créatures magiques, ou des aspects éthiquement discutables qui sont développés à travers ces récits fantastiques. Je me suis détachée petit à petit de cet univers, en particulier lorsque J.K. Rowling a commencé à se montrer virulente envers les femmes trans.

Il est pour moi très important de préciser que je considère que toutes les femmes trans sont des femmes, qu’elles méritent d’être aimées, soutenues, protégées et acceptées, telles qu’elles sont et telles qu’elles souhaitent se définir.

J’avais de nombreuses appréhensions en me plongeant dans ce livre, car, il arrive fréquemment dans les milieux éditoriaux que l’on fasse appel à un spécialiste de son domaine (médecin, professeur de faculté, etc) qui n’est pas spécialisé de l’univers à décrypter. Ce n’est pas le cas ici : l’auteur maîtrise parfaitement son sujet, et son style d’écriture est fluide, pondéré, très agréable à lire. Le Dr César Pierre Castagné étaye avec finesse l’univers étendu, le documente minutieusement et en tire des conclusions pertinentes. Le tout est joliment mis en valeur par des atours plaisants et de beaux graphismes, pensés dans les moindres détails, jusqu’aux notes de bas de page.

En découvrant cela, j’ai pu poursuivre ma lecture sereinement, même s’il me restait une dernière appréhension, laquelle s’est rapidement évaporée. J’avais, en effet, peur de lire un énième livre qui aurait défendu un univers qui a ses torts et ses défauts, et je redoutais que La face cachée d’Harry Potter ne soit qu’un énième ouvrage tombé dans la dérive du fan service à outrance. Là encore, l’analyse est fine, aussi délicate que la plume qui la délivre.

Le Dr César Pierre Castagné souligne par exemple que les personnages peuvent immuablement changer de sexe, que ce soit grâce à une potion, ou à une condition. Il fait aussi mention de la sexualité prétendument inexistante des personnages, sûrement parce qu’il n’a pas connaissance des bonus DVD de la Coupe du feu, dans lesquels l’on peut visualiser plusieurs scènes coupées au montage (mais ce serait difficile de lui en vouloir pour si peu).

La face cachée de Harry Potter m’a réconciliée avec mon propre désenchantement : notamment grâce à sa critique pertinente concernant le rôle ambigu joué par Albus Dumbledore. Non seulement l’analyse du personnage est pointue (bien que capillotractée parfois sur son dualisme et ses doubles), mais elle soulève in fine une critique très profonde sur l’œuvre. Elle questionne le syndrome du sauveur de Harry, et tous les mécanismes manipulatoires qui sont à l’œuvre dans des épisodes épiques et sombres, où finalement, Harry se révèle être un pion volontairement sacrifié sur l’autel de sa propre fragilité.

Cette relation toxique entre Harry et Dumbledore est loin d’être isolée, puisque le directeur de Poudlard semble reproduire un même schéma de récits en récits. Cette idée de faire basculer le statut d’Albus Dumbledore, adjuvant, à celui du plus grand antagoniste de l’histoire et de l’univers étendu, remet toute l’appréciation de l’œuvre en perspective et dessine une nouvelle vérité quant à la finalité de la saga. L’idée qu’Albus envoie Harry affronter ses peurs, ses échecs, et ses propres démons, tout en lui infligeant des traumatismes indélébiles s’ajoutant à ceux qu’il a déjà subis, est tout simplement brillante et parfaitement vraisemblable, tout comme la plupart des théories qui sont développées dans cet ouvrage.

Comme le fait remarquer le Dr César Pierre Castagné : seule la rhétorique de Dumbledore est prise en considération dans la saga, et jamais ne sont questionnés ses choix, ni ses actes. Or, ce sont nos actes et nos choix qui déterminent ce que nous sommes.

« Albus Dumbledore est la figure centrale du monde magique, celui qui en connait les codes mieux que quiconque, voire qui en édite probablement les règles. »

Extrait du chapitre II, « Vie et mensonges d’Albus Dumbledore », p 62

Dans l’ensemble, c’est un très bon livre, qui permet de lever le voile sur les dessous d’un scénario totalement absurde, et de mettre en lumière la toxicité réelle de ses personnages. A une époque où le mot « toxique » et son champ lexical sont utilisés à tout va pour qualifier des relations déséquilibrées et non dysfonctionnelles, cette étude ne peut que faire prendre du recul à toute personne qui a eu l’âge de Harry, Ron et Hermione. Nous faire comprendre les mécanisme abusifs d’un récit qui se veut initiatique et qui ne l’est pas. Car il n’y a rien d’initiatique à se faire manipuler en tant qu’enfant.

Ce livre permet de faire émerger l’idée que nous pouvons nous détacher des personnages et, par extension, des personnes réelles, qui ont pu nous sembler bons ou bonnes, mais qui ne l’étaient pas. Cette réflexion m’a permise d’être en paix, de faire le deuil de la saga, et de son autrice que j’ai longtemps considérée comme un modèle.

Il est toujours incompréhensible pour moi, au moment même où j’écris ces lignes, que la plume qui m’a nourrie de tant d’amour, d’espoir, de résilience, et de tolérance, ait pu se muer en tweets intolérants et intolérables. C’était sans compter sur le fait qu’Harry Potter est devenue une œuvre collective, qui a permis à beaucoup d’entre nous de se construire. Plus que jamais, en lisant La face cachée d’Harry Potter, j’ai pris conscience que toute personne qui s’est sentie touchée par la saga, a le pouvoir de construire et de prolonger un univers pour se construire elle-même, et insuffler cet esprit magique dont l’œuvre originelle manquait peut-être cruellement. Le pouvoir de l’auto-détermination est aussi souligné avec brio dans cet ouvrage. Et il est plus que nécessaire pour nous rappeler que nous sommes les seules personnes à pouvoir déterminer qui nous sommes et ce que nous voulons devenir.

Ce livre vous permettra peut-être, comme cela l’a été pour moi, de garder en vous la magie et la résilience, le courage et la force de ce récit, tout en tournant la page d’un modèle qui n’est peut-être plus dans l’air du temps.

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Tsilla Aumigny

Rédigé par Tsilla

Rédactrice en Chef, ex-Enseignante en Lettres Classiques certifiée, Autrice de roman, Scoute toujours, Jedi à ses heures perdues, Gryffondor.

Relu et corrigé par Evan Garnier

Rédacteur, Relecteur SEO, Administrateur du groupe facebook « La Galaxie de la Pop culture », écrivain amateur de bières, comicsophile, regarde des vidéos youTube sur des sujets que lui seul comprend

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