Cette semaine, Duck vous embarque dans une parodie un peu plus engagée que d’habitude ! En effet, il est temps pour nous d’aborder le mauvais traitement de l’homosexualité dans les œuvres de pop culture à travers le personnage de Sam Gamegie dans le Seigneur des Anneaux.
Aujourd’hui, chose étonnante, je commencerai mon article par un préambule sérieux. Se moquer de l’homosexualité en 2019 est quelque chose de grave. Et de très très con.
Mais, il peut être intéressant de déformer un peu sa vision afin de voir au-delà des lignes d’un texte et d’en sortir un sujet d’analyse qui nous fait réfléchir sur des sujets plus profonds !
Actuellement, à Holywood, les scénaristes de films et de séries sont confrontés à un problème de plus en plus prégnant : le politiquement correct. En effet, dans un monde de plus en plus multiculturaliste et dans lequel les intérêts économiques liés à l’exploitation des produits culturels se doivent d’être de plus en plus rentables, les scénaristes écrivent des personnages lisses afin de plaire au plus grand nombre. On en arrive donc à une écriture faignante, un ajout souvent forcé de personnages stéréotypés (le black de service, la féministe, l’asiatique, le gay …) mais surtout à des lignes de dialogues ou des situations franchement surréalistes et inconsistantes…
Sauf que ce n’était pas mieux avant ! Avant, du temps du Maccarthysme ou du puritanisme exacerbé, la situation était inversée ! Non, un noir ne doit pas être le héros ! Une femme qui réfléchit ?! Mouhahaha soyez sérieux ! Un homosexuel ? S’il est vicieux et pervers peut-être. Mais, s’il est normal ça va faire peur à la ménagère et occasionner un trouble chez le jeune qui regarde !
Néanmoins, on peut voir que certains auteurs ont pu faire transpirer subversivement un sentiment d’homosexualité latente chez certains de leurs protagonistes…
On va donc troller, exagérer, déformer gentiment le sens littéral et passer au prisme de 2019 un personnage écrit en 1954… Bon, comme d’habitude, on va taper sur le même, mon préféré :
Sam Gamegie dans le Seigneur des Anneaux ! C’est parti !
Pour commencer, un petit point Wikipédia :
Samsaget Gamegie (Samwise Gamgee en anglais, Samsagace Gamegie dans la première traduction), dit Sam, est un personnage du Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien. de la race des hobbits. Il accompagne son maître (on reviendra sur le terme de maître) Frodon Sacquet (Frodo Baggins en anglais, Frodo Bessac dans la traduction de Daniel Lauzon) dans sa quête visant à détruire l’Anneau unique. Né en l’an 2980 du Troisième Âge, il est le fils de l’« Ancien », un respectable hobbit. Et il est le jardinier de Frodon Sacquet.
Jusque-là rien d’exceptionnel, on a à faire à un ouvrier STANDARD qui travaille honnêtement pour gagner sa vie. Lisse, respectable, le personnage est Kids Friendly.
Surpris par Gandalf à écouter sous la fenêtre de Frodon, il est chargé de l’accompagner jusqu’à Imladris. Là, ça commence à se gâter pour notre protagoniste. En effet, n’importe quel prestataire de service n’accepte pas immédiatement un changement brutal de boulot sauf 3 raisons :
- la peur
- La rémunération
- Des raisons personnelles d’attachement profond.
La peur ? Le vieux magicien ne le menace pas, ne le contraint pas ou ne lui fait subir aucune violence physique ou psychologique. Donc, c’est à exclure. Une rémunération importante ? Sam Gamegie nous est décrit comme un homme simple qui ne cherche pas à s’enrichir plus que de raison. Et Gandalf ne lui promet ni or ni prestige… donc out ! Des raisons personnelles d’attachement profond à Frodon ? Bon, ils se connaissent depuis l’enfance et entretiennent une relation que l’on peut qualifier d’amitié professionnelle. En gros, il bosse pour Frodon et s’entend bien avec lui, rien d’exceptionnel… Alors pourquoi le suivre si ce n’est pas aussi marqué ?
La suite nous le dira mais c’est ce leitmotiv que nous choisirons car il semble le plus crédible.
Le rôle de Sam est primordial dans le Seigneur des Anneaux. C’est Sam le vrai héros. C’est lui qui remet souvent Frodon dans le droit chemin et l’empêche de succomber au pouvoir de l’anneau. Non par soucis de sauver le monde de la destruction, mais pour tenter de sauver la santé mentale du hobbit. Pour certains, sa relation avec Frodon rappelle la loyauté absolue rapprochant les officiers anglais et leurs aides de camp. Mais n’étant ni militaires ni l’un ni l’autre, ni anglais et n’ayant que pour seule hiérarchie que celle du jardinier et du client… C’est un peu léger…
Non, Sam Gamegie voit en Frodon Sacquet plus qu’un patron !
La preuve ? Ben, pelle-mêle :
- Frodon a froid ? Sam lui propose de partager sa couche au lieu de lui donner sa couverture.
- Un nouveau protagoniste se joint à eux dans leur quête et partage un lien privilégié avec Frodon ? Sam ne voit qu’un sale profiteur qui tentera de les violenter et propose la torture et la violence envers lui !
- Alors que leur périple dure longtemps et qu’ils partagent beaucoup de chose, Sam n’aura de cesse d’apposer un Monsieur devant le prénom de Frodon afin de lui prouver le respect et la dévotion quasi religieuse qu’il lui porte.
- Frodon est fatigué ? Plutôt que proposer de se reposer et monter le camp, notre jeune hobbit proposera à Frodon de porter ses affaires et de le l’aider à marcher en servant de soutien tant physique que psychologique.
Ma longue série de conquêtes amoureuses et sexuelles m’a appris bien des choses. Quand on souhaite amener quelqu’un à ressentir une attirance pour soi, c’est la multiplication des petites attentions qui compte.
Faisons donc un parallèle facile :
- Porter le sac de Jennifer à la sortie de l’école et la raccompagner à la maison en espérant trouver le courage de lui avouer ses sentiments.
- Utiliser des termes de Gentlemen pour flatter son crush (« vous êtes à ce lieu Mademoiselle ce qu’est la chapelle Sixtine au Vatican : un plaisir pour les yeux qui magnifie tout ce qui l’entoure »).
- Le jeune Billy regarde trop Jennifer ? Glissez de façon subtile qu’il est misogyne et alcoolique.
- Jennifer a froid alors que vous regardez les étoiles ? Et hop on lui glisse son gilet sur les épaules avant de se blottir gentiment pour la « réchauffer ».
Bref, si Frodon était de sexe féminin, alors le public aurait crié au love interest de suite !
Tout au long des 3 livres, de Tolkien on peut voir en filigrane une tentative désespérée de Sam pour chopper Frodon. Et lui passer l’anneau ! Sam est quelqu’un de pugnace, il ne désespère pas et tente le tout pour le tout à chacune de ses interventions ! C’est tout à son honneur !
Mais, le Seigneur des Anneaux a été écrit en 1954 et l’homosexualité tant féminine que masculine était taboue… Donc, pas de romance entre nos 2 « amis »… Il se résoudra à un mariage de façade afin de ne pas se faire rejeter par la communauté villageoise de la Comté. Il vivra une sexualité refoulée. Jusqu’à ce que Sam quitte la Terre du milieu pour s’exiler dans les mondes inconnus de l’Ouest afin de rejoindre Frodon.
Plus sérieusement, le mariage de raison n’est pas quelque chose d’exceptionnel dans l’Histoire. C’était un réel masque social pour nombre d’homosexuels comme Kipling, Balzac, Dean, Sagan, Proust, Flaubert… Ou encore, Michel Tournier, Marlène Dietrich, Franz Schubert, Burt Lancaster, Frida Kahlo, Henri III, Julien Green, André Gide, Francis Bacon, Frédéric Chopin, Truman Capote, David Bowie, Sonia Rykiel et tant d’autres y ont eu recours. Sam Gamegie aussi !
Alors la prochaine fois que vous lirez ou regarderez le Seigneurs de Anneaux pensez-y… Ne voyez pas en Sam Gamegie la caricature du pote gay de Frodon, mais plutôt le pauvre gars dont l’amour non réciproque de son crush a fait de lui une âme esseulée qui fut réduit, à la fin, à un mariage de raison pour préserver les apparences…
Relu par Margot Dupont
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Rédigé par Duck
Rédacteur qui se définit lui-même comme un simple freelance qui nous fait une chronique de temps en temps, Papa poule, Youtuber. Et surtout, maître dans l’Art de troller et de détourner et retourner tous les univers possibles.
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