Destin la saga Winx est l’adaptation Netflix de la série animée Winx Club. Fortement critiquée à sa sortie, notamment par les fans, elle est en réalité bien plus passionnante que ce qui s’en est dit.
Qui ne connaît pas la série animée Winx club ?! Elle met en scène un groupe d’adolescentes aux pouvoirs féériques : Bloom, Stella, Flora, Tecna et Musa, rejointes par Layla lors de la deuxième saison. Toutes les six étudient à l’école des fées d’Alféa. Elles combattent sur leur temps libre les forces du mal. Et notamment les Trix, trois sœurs et sorcières redoutables : Icy, Darcy et Stormy. Dans leurs batailles, elles sont souvent aidées et secondées par les spécialistes (qui sont aussi leurs petits amis) : Sky, Brandon, Riven, Timmy, Helia et Roy.
Sous ses airs girly, la série animée propose des intrigues et des sous-intrigues très qualitatives. Bloom possède en effet une magie ancestrale dont elle est amenée à découvrir l’origine, tout en voguant avec ses amies dans un univers merveilleux, entre quêtes et monstres horrifiques à affronter. Raison pour laquelle Winx club est toujours produite aujourd’hui, adaptée sur différents supports (films, spin off, romans, etc).
Netflix a racheté les droits pour produire son adaptation live action : Destin la saga Winx (Fate Winx en VO). La première saison a fait couler beaucoup d’encre. Et pour cause : elle s’éloigne grandement de son matériel de base. Toutefois, est-elle mauvaise pour autant ? Pas du tout ! Quelques explications s’imposent et nécessitent de remonter dans les temps immémoriaux des années 2000…
Winx ou W.I.T.C.H ?
Winx club a été créée par Ignio Straffi, un showrunner italien, qui a lancé la série en 2004. L’animé assumait de mélanger plusieurs styles : celui des Magical girls (les plus connues étant Sailor Moon, Doremi, Tokyo Mew Mew) et la fantasy. En reprenant notamment le concept d’une école de sorcellerie bien connue : Poudlard.
A l’époque, l’engouement pour Winx club a aussi bénéficié du succès de bande-dessinée italienne W.I.T.C.H. Créée par Elisabetta Gnone, principalement dessinée par Alessandro Barbucci et mise en couleur par Barbara Canepa, W.I.T.C.H. a été son concurrent direct.
Diffusée dès 2001 par Disney dans ses hebdomadaires (en France Minnie Mag, puis W.I.T.C.H. mag) à travers toute l’Europe, W.I.T.C.H. mettait en scène des adolescentes qui devaient protéger le monde parallèle de Meridian. Et sa source : le cœur de Kandrakar.
Ainsi, Will, Irma, Taranee, Cornelia et Hay Lin, possédaient chacune un pouvoir propre à un élément. L’eau pour Irma, la terre pour Cornelia, le feu pour Taranee, l’air pour Hay Lin et la foudre pour Will. Comme Winx Club, W.I.T.C.H. possédait une histoire particulièrement intéressante, avec des personnages bien écrits auxquels il était facile de s’identifier. Une petite révolution dans l’univers des comics Disney, qui publiaient plutôt des histoires avec la bande à Picsou ou des bande-dessinées franco-belges. L’adaptation en dessin animé sortit sur le petit écran en 2004, et s’avéra très décevante.
Les deux séries se sont longtemps mené une concurrence sans merci, qui existait par ailleurs entre les productions. W.I.T.C.H. était produite par Disney, quand Winx club l’était par ses Némésis Nickleodeon et Rainbow, le petit studio italien de son créateur. La firme Disney a alors intenté un procès au studio Rainbow pour obtenir les droits des Winx, mais leur requête fut déboutée.
Suite à l’échec de ce procès, mais aussi à l’effondrement de ses audiences pour la série animée qui fut annulée après deux saisons, Disney abandonna peu à peu son cheval de bataille. Le magazine Disney Girls mag qui avait pris la relève de W.I.T.C.H. mag ne diffusa jamais la fin de la saison 10 des comics, les remplaçant les premiers épisodes. Et W.I.T.C.H. sombra dans l’oubli.
Oui, mais pas tout à fait ! Grâce à l’adaptation live action de Netflix, Destin la saga Winx…dont la première saison a eu le tort -ou la brillante idée- de se détacher de son support initial pour glisser vers la concurrence, et adapter deux séries en une.
Destin la saga Winx : de nombreux personnages et intrigues inspirés par W.I.T.C.H
En effet, l’inspiration de Destin la saga Winx est plus qu’évidente. L’ensemble de ses personnages sont des adaptations des W.I.T.C.H. mais portent le nom des Winx.
On retrouve donc : Hay Lin/Musa, Cornelia/Stella, Will/Bloom, Taranee/Aïsha, et Irma/Terra. Quant à Tecna, elle n’apparaît pas lors de la première saison de Destin la saga Winx, tandis que Flora fait son apparition dès la deuxième.
Leur personnalité, et surtout, leur style vestimentaire, sont clairement inspirés de leurs homologues Disney. Musa, qui était initialement une fée de la musique s’est même transformée en fée de l’esprit hyperempathique. Stella, princesse de Solaria, est plus froide et moins joviale que son homologue des Winx, mais plus réfléchie. De plus, elle entretient au tout début de la série une relation amoureuse avec Sky, le grand amour de Bloom.
Quant à celle-ci, elle est davantage colérique et introvertie, telle Will. Sa flamme intérieure est aussi capricieuse que destructrice. Au final, au sein de ce groupe, Aïsha est probablement celle qui se rapproche le plus de son homologue animé, bien qu’elle ait de nombreux traits en commun avec Taranee. Enfin, nouvelle venue, Terra a de nombreux points d’attache avec Irma. Elle est l’archétype de la gentille fille, plus redoutable qu’elle n’y paraît. Les autres filles ne sont pas tendres avec elle durant toute une partie de la première saison, ce qui la rend d’autant plus attachante.
Les critiques ont donc été plus qu’acerbes sur cette adaptation qui n’en était pas une, puisqu’elle essayait de contenter les fans de W.I.T.C.H., et les fans de Winx. Côté spécialistes aussi, il y a eu beaucoup de changements et de réécritures. Notamment en ce qui concerne Sky, le prince d’Eraklyon. Outre cette problématique centrale, la première saison de Destin la saga Winx était appréciable, bien que parfois paresseuse dans son écriture.
Fate Winx : une première saison agréable
En effet, même si l’exposition semble forcée, la réécriture de la série qui aborde des sujets propres aux teens drama, est réussie. Cette première saison nous dévoile l’académie d’Alféa dirigée par Farah Dowling (Eve Best) et sa galerie de nouveaux personnages, reprenant dans les grandes lignes la trame de fond de Winx Club. Ainsi, découvre-t-on Terra (Eliot Salt), son frère Sam (Jacob Dudman), et son père Ben Harvey (Alex MacQueen). Le père adoptif de Sky, Silva (interprété par l’excellent Rob James-Collier de Downton Abbaye) et Dane (Theo Graham), un spécialiste.
Cette première saison se concentre sur Bloom (Abigail Cowen que l’on a découverte dans Sabrina), une fée du feu, capable de produire des flammes dévastatrices. Ayant grandi sur Terre avec des parents adoptifs qui ignorent tout de ses origines féériques, Bloom découvre ses pouvoirs en manquant de brûler sa demeure. Elle est emmenée à Alféa, loin de ses parents qui la croient en Suisse, où elle se lie rapidement d’amitié avec Aïsha (Precious Mustapha), une fée de l’eau, mais aussi, Stella (Hanna van der Westhuysen), fée de la lumière, Terra, fée de la terre, et Musa (Elisha Applebaum), fée de l’esprit. Bloom tombe sous le charme du beau Sky (Danny Griffin), un spécialiste, qui est aussi l'(ex-)petit ami de Stella. Elle fait aussi la connaissance de Riven (Freddie Thorp), Dane et Beatrix (Sadie Soverall), qui apparaissent rapidement comme des antagonistes.
Bloom, découvre rapidement que son esprit féérique a pris la place d’une enfant destinée à mourir. Ne cessant de se questionner sur ses véritables parents, est totalement instable. Elle est prête à tout dans sa quête d’identité. Quitte à franchir des limites qui la rendent particulièrement agaçante, mais néanmoins, beaucoup plus attachante que son personnage dans la série animée.
Par ailleurs, les trois premiers épisodes de la saga ne brillent nullement par leur scénario réchauffé et leur rythme inégal. Les suivants permettent de vraiment s’attacher à l’ensemble des personnages. La série se révèle beaucoup plus profonde qu’elle n’y paraît aux premiers abords, nous offrant de belles émotions et une intrigue plus complexe, puisqu’elle introduit la mystérieuse Rosalind (Lesley Sharp).
Destin la saga Winx : une deuxième saison qui hisse la série à un plus haut niveau
La deuxième saison poursuit la verve de la première, ajoutant à son scénario une incroyable dose de surprises. En effet, l’histoire vous emportera avec elle.
Le personnage de Sky prend une toute autre dimension, passant d’un banal love interest coincé entre deux adolescentes, à personnage principal. L’intrigue se centre davantage sur lui, développant encore la relation qui le lie à son père adoptif, Silva. Cette saison nous propose également un focus sur une amitié naissante entre Stella et Beatrix, laquelle donne encore plus de nuances et de relief à ces deux personnages.
Aïsha est aussi au cœur de cette histoire palpitante. Son histoire, plutôt clichée, prend un tour inattendu. Tout comme celle de Terra, dont les relations avec sa cousine Flora (Paulina Chávez) seront exploitées de façon à faire avancer l’intrigue principale. Enfin, Musa et Riven commenceront à se rapprocher, leur couple épousant les codes du trope ennemies to lovers, qui semble parfaitement adapté à leur relation.
A tous points de vue, cette saison est addictive. Déjà, l’écriture et la réalisation prennent une autre dimension. Les combats, qui étaient chorégraphiés de façon très mécanique dans la première saison, montent en gamme. Toutes les scènes d’action sont particulièrement intenses et impactantes. Les costumes sont superbes (surtout ceux des spécialistes), à l’exception de ceux de Musa, tout droit sortis de Desigual. Les effets spéciaux semblent réalistes, tout comme l’éclairage qui donne une ambiance singulière aux scènes. Côté acting, deux membres du casting ont été remplacés : Miranda Ridchardson (Rita Skeeter dans Harry Potter) incarne désormais Rosalind et Daniel Betts, Ben Harvey. Leur performance est à la hauteur du scénario.
En conclusion,
Passée la déception pour les fans de la première heure, la série est dans l’ensemble plutôt réussie pour la première saison, et même très addictive pour la deuxième. Les critiques essuyées ne sont que le fruit d’une contrariété passagère, la série demeurant bien (ré)écrite, et une nouvelle façon de (re)découvrir l’étendu de ce monde magique. En espérant que les films annoncés puissent paraître et prolonger la magie de cette série. L’univers de Winx étant vaste, il y aura encore de nombreuses histoires à (ré)inventer…
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Rédigé par Tsilla Aumigny
Rédactrice en Chef, ex-Enseignante en Lettres Classiques certifiée, Autrice de roman, Scoute toujours, Jedi à ses heures perdues, Gryffondor.
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