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Dans ce second article consacré aux origines de Saint Seiya, on se concentre sur l’arc d’Asgard. C’est un arc entièrement inventé par l’anime, afin de laisser à Masami Kurumada le temps de terminer ceux de Poséidon et d’Hadès. C’est donc à l’origine un filler ! Mais qui est aujourd’hui unanimement considéré comme canonique. Cela en raison de sa qualité, et notamment de sa puissance dramatique.

L’arc d’Asgard et La Chanson des Niebelungen

Les guerriers d'Asgard sont tous beaux, tous gentils dans le fond, et ils ont tous un passé triste. Là encore, l'attention accordée à leur psychologie en fait des personnages extrêmement attachants, qui ont conquis les téléspectateurs.
Source : SAINT SEIYA © 1986 by Masami Kurumada / SHUEISHA Inc. © TOEI Animation. Tous droits réservés. Description : Fenrir, Thor, Syd, Siegfried, Hagen, Mime et Alberic sont les sept guerriers divins d’Asgard, au service d’Hilda.

On a vu dans un article précédent que l’arc d’Asgard était très inspiré par les légendes arthuriennes. Mais ses plus grandes références sont bien sûr des mythes allemands et nordiques…

Pour la mythologie nordique, les noms Asgard, Odin, Freya, Thor et Fenrir. Pour les légendes allemandes : Siegfried, Hagen, Alberic et Mime.

Ces derniers sont des noms tirés de La Chanson des Niebelungen, poème rédigé au XIIIe siècle et qui conte l’histoire du héros Siegfried. Dont le nom signifie « La victoire de la paix ».

Toutefois, même si plusieurs guerriers divins tirent leurs noms de ce poème, ils n’ont pour en réalité pas grand chose à voir avec les personnages de la légende : Hagen était à l’origine un traître, Mime un forgeron… et Alberic un nain! Seule l’histoire de Siegfried contre le dragon est retranscrite fidèlement.

L’anneau des Niebelungen, inspiré du Seigneur des Anneaux ?

Hilda a les cheveux gris-blanc comme la neige, et des yeux froids. Elle est normalement la prêtresse d'Asgard bienveillante mais, ensorcelée par l'anneau, elle entraîne son pays dans une guerre sanglante, causant la mort de tous ses serviteurs les plus fidèles.
Source : SAINT SEIYA © 1986 by Masami Kurumada / SHUEISHA Inc. © TOEI Animation. Tous droits réservés. Description : Hilda avec l’anneau des Niebelungen. Cet objet n’existait pas dans la légende de Siegfried, où « les Niebelungen » était le nom d’un peuple de nains qui gardaient un trésor.

Voilà pour les sources sûres. Mais l’histoire de Siegfried ne semble pas être la seule source d’inspiration de l’œuvre…

L’idée de l’anneau qui ensorcelle son porteur provient plus probablement du Seigneur des Anneaux. C’est évidemment l’ouvrage de référence pour toutes les œuvres de fantasy. Comme dans le roman de Tolkien, l’anneau apporte à la fois de nouveaux pouvoirs et une ambition démesurée à Hilda.

Notons que Tolkien s’est lui-même inspiré de légendes nordiques pour construire son œuvre. Notamment le mythe d’Yggdrasil, qui est utilisé dans Saint Seiya : Soul of Gold, une nouvelle série animée qui se veut la suite de l’arc d’Asgard mais connaît moins de succès. Il n’est donc pas si étonnant que les deux univers se rencontrent sur ce terrain.

Les frères ennemis Syd et Bud, une référence à la l’histoire du Masque de fer ?

Syd et Bud sont des jumeaux parfaitement identiques, mais Syd est habillé et coiffé comme un jeune noble, tandis que Bud est vêtu comme un paysan. Syd a l'air plus gentil, Bud plus intelligent.
Source : SAINT SEIYA © 1986 by Masami Kurumada / SHUEISHA Inc. © TOEI Animation. Tous droits réservés. Description : L’arc d’Asgard est célèbre pour ses flash-backs. Chaque guerrier divin cache un passé tragique et chaque combat est ainsi l’occasion d’une nouvelle histoire…

L’histoire la plus dramatique de l’arc d’Asgard est probablement celle des jumeaux Syd et Bud, séparés à la naissance pour la seule cause que deux héritiers rivaux est pour une haute famille une source de conflits et de ruine. Depuis qu’il a découvert par hasard ses origines, celui qui vit dans l’ombre ne rêve que de retrouver son rang en prenant la place de son frère. Là encore, il serait vain de chercher l’origine de cette histoire dans La Chanson des Niebelungen. On trouve en revanche un récit très similaire dans Le Vicomte de Bragelonne d’Alexandre Dumas, avec l’histoire du Masque de fer.

On compare ici les deux extraits, dans l’anime et le roman :

Sono mukashi […] fufun ga machinozonda otoko no ko ga umareta. Tada, sore ga hitori de areba nan no mondai mo nakatta, daga Asgard ni oite futago wa ie wo horobosu mono toshite i mikiwareteita no da. Dochira ga erabanakereba naranai okite ga atta. Tada sore dake no riyû de… Erabareta akanbô wa hahaoya no atatakana mune ni idakareteiru koro, mô hitori no akanbô wa […] Asgard no fûsetsu no naka ni suterareta.

Traduction :

Il était une fois […] un couple qui avait longtemps désiré un héritier vit enfin son souhait comblé. Seulement, s’il n’y en avait eu qu’un seul, cela n’aurait pas posé de problème, mais à Asgard les jumeaux sont considérés comme une menace capable de détruire un clan. Il était décrété qu’il fallait en choisir un des deux. Et pour cette seule raison… Pendant que l’enfant choisi dormait tranquillement dans les bras de sa mère, l’autre fut abandonné dans les tempêtes glacées d’Asgard.

Saint Seiya, Episode 93

Alors […] vous savez que le dernier roi régnant était Louis XIII ? […] Il avait été longtemps préoccupé du soin de sa postérité. […] Et cette pensée l’avait réduit à un profond désespoir, quand tout à coup sa femme, Anne d’Autriche […] annonça qu’elle était enceinte. […] La reine donna donc le jour à un fils. Mais quand toute la cour eut poussé des cris de joie à cette nouvelle ; quand le roi eut montré le nouveau-né à son peuple, et à sa noblesse ; quand il se fut gaiement mis à table pour fêter cette heureuse naissance, alors la reine, restée seule dans sa chambre, fut prise, pour la seconde fois, des douleurs de l’enfantement, et donna le jour à un second fils. […] On courut aussitôt à la salle où le roi dînait ; on le prévint tout bas de ce qui arrivait ; il se leva de table et accourut. Mais, cette fois, ce n’était plus la gaieté qu’exprimait son visage, c’était un sentiment qui ressemblait à de la terreur. Deux fils jumeaux changeaient en amertume la joie que lui avait causée la naissance d’un seul […]

Vous comprenez maintenant […] que le roi, qui s’était vu avec tant de joie continuer dans un héritier, dut être au désespoir en songeant que maintenant il en avait deux, et que, peut-être, celui qui venait de naître et qui était inconnu, contesterait le droit d’aînesse à l’autre qui était né deux heures auparavant, et qui, deux heures auparavant, avait été reconnu. Ainsi, ce second fils, s’armant des intérêts ou des caprices d’un parti, pouvait, un jour, semer dans le royaume la discorde et la guerre, détruisant, par cela même, la dynastie qu’il eût dû consolider. […]

Eh bien, […] voilà ce qu’on rapporte, voilà ce qu’on assure, voilà pourquoi un des deux fils d’Anne d’Autriche, indignement séparé de son frère, indignement séquestré, réduit à l’obscurité la plus profonde ; voilà pourquoi ce second fils a disparu, et si bien disparu, que nul en France ne sait aujourd’hui qu’il existe, excepté sa mère.

Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne, Chapitre « Le Prisonnier »

Bien que la version de Saint Seiya soit beaucoup plus courte, les deux récits suivent à peu près le même plan :

  1. Insister sur le fait que le couple espérait un enfant depuis longtemps et aurait normalement dû se réjouir.
  2. Le fait qu’il y ait deux enfants plutôt qu’un seul change cette joie en crainte.
  3. Expliquer que deux héritiers rivaux sont une menace qui peut mener un jour mener la famille à sa ruine.
  4. Insister sur l’injustice de la décision finale.

Cela en fait donc une source d’inspiration possible, même s’il peut bien sûr, là encore, s’agir d’une simple coïncidence. L’idée du jumeau caché n’étant pas non plus révolutionnaire. Ce type d’histoire pourrait tout aussi bien être inspirée du roman Le Prince et le pauvre de Mark Twain, peut-être plus connu internationalement. Même si dans ce roman, il était question d’un sosie, et non d’un frère jumeau caché.

Les thèmes des frères jumeaux ennemis et du jumeau caché, sont récurrents dans Saint Seiya : Syd et Bud, mais bien sûr aussi Saga et Kanon, les deux chevaliers du Dragon noir, Abel et Caïn dans Next Dimension, ou Aspros et Deuteros dans The Lost Canvas Les scénaristes de l’anime ont probablement passé en revue toutes les histoires de frères jumeaux célèbres pour écrire celle d’Asgard.

On notera au passage que dans la série dérivée Saint Seiya : The Lost Canvas, la mangaka Shiori Teshirogi met aussi en scène deux jumeaux rivaux dont l’un est masqué pour cacher son identité. C’est apparemment une autre référence à la légende du Masque de fer.

Aspros et Deuteros sont également des jumeaux identiques. Ils sont les équivalents au XVIIIe siècle de Saga et Kanon. L'originalité est que Deuteros porte un masque, et que c'est cette fois-ci Aspros qui est le jumeau maléfique.
Source : SAINT SEIYA – The Lost Canvas © 2010 Masami Kurumada, Shiori Teshirogi. Tous droits réservés. Description : Aspros et Deutéros. Dès la fin de la série principale, Masami Kurumada confie à de nouveaux mangaka des séries dérivées à écrire pour pérenniser la franchise. De toutes ces séries secondaires, pour la plupart d’assez piètre qualité, The Lost canvas est la seule à rencontrer un peu de succès. Elle se démarque par une esthétique un peu gothique due à son ancrage dans le XVIIIe siècle. C’est ce qui lui confère une note d’originalité.

En conclusion,

Contrairement au manga original, qui est rédigé par un seul auteur, l’arc d’Asgard est le fruit de l’imagination de plusieurs scénaristes. Ce qui fait qu’il est difficile d’en retrouver précisément les sources.

Par rapport au reste de la série, il se distingue par un certain exotisme européen. Egalement par sa dimension tragique car, rappelons-le, ce n’est à l’origine qu’un filler : il est donc nécessaire que presque tous les nouveaux personnages introduits meurent avant la fin de l’arc. Pour ne pas gêner ensuite le déroulement de l’histoire principale, où ils ne sont pas censés exister…

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Umeboshi : prune japonaise séchée et amer

Rédigé par Umeboshi

Rédactrice, Relectrice SEO, Community Manager, enfant prodige, passionnée d’univers gothiques, mangaphile, parle le japonais couramment, a rédigé une thèse de 80 pages sur JoJo’s Bizarre Adventure.

Comments

4 réponses à “[ANALYSE] Quels sont les légendes à l’origine de Saint Seiya Asgard ?”

  1. […] réalisé par la Toei animation… Ce qui fait que la mise en scène rappelle beaucoup Saint Seiya (Les Chevaliers du Zodiaque), produit par ce même studio […]

  2. […] ne sont pas accessibles au grand public. Téva est une chaîne privée, dont le cœur de cible est la femme responsable des achats du foyer de moins de 50 ans -ou toute personne qui supporte le joug d’une charge mentale aussi pharaonique que le temple […]

  3. […] un premier temps, j’ai pris énormément de plaisir à créer une mythologie autour de la vallée de […]

  4. […] ajoute comme valeur celle de l’amour courtois. Elle est visible en particulier dans l’arc d’Asgard, puisque Siegfried et Hagen servent chacun une dame, à qui ils sont entièrement dévoués : […]

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