Quel est le meilleur manga shôjo ? Saviez-vous que l’âge d’or des shôjo se situe dans les années 70 ? Retour sur l’évolution du shôjo manga au fil des décennies…
Qu’est-ce que le shôjo manga ?
Littéralement « mangas pour jeunes filles », les shôjo manga sont prépubliés dans des magazines destinés aux adolescentes, comme Margaret ou Hana to Yume (littéralement « des fleurs et des rêves »). Ils s’opposent aux shônen manga (« mangas pour jeunes garçons »), prépubliés dans des magazines comme le Shônen Jump ou le Shônen Sunday.
On définit souvent les shôjo manga comme étant des histoires d’amour, par opposition aux mangas shônen qui sont des histoires d’amitié et d’action. Mais la réalité démontre qu’il y a – dans les deux catégories – des styles d’histoires beaucoup plus variés.
On peut ajouter que, par rapport aux shôjo, les shônen manga sont souvent beaucoup plus commerciaux, et donc beaucoup plus codifiés. Ainsi, c’est en fait du côté des shôjo que l’on trouve la plus grande diversité de scénarios : Si vous voulez de la gloire, écrivez du shônen. Mais si vous voulez de la liberté, écrivez du shôjo !
Petite rétrospective, donc, sur les meilleurs shôjo manga au fil du temps…
Les meilleurs mangas shôjo : Notre sélection !
Meilleur manga shôjo des années 70 : La Rose de Versailles (Lady Oscar) de Riyôko Ikeda
Lady Oscar est une fresque révolutionnaire et féministe ! Il s’agit d’un shôjo à la fois dramatique et historique, en 4 tomes (grand format) et adapté en 40 épisodes.
Résumé :
Sixième fille d’un noble qui espérait en vain un héritier, Oscar de Jarjayes a été élevée comme un garçon. A la cour de Versailles, elle est garde du corps et confidente de Marie-Antoinette. Mais la colère du peuple gronde, et la Révolution se rapproche inexorablement…Oscar, dévouée à Marie-Antoinette, choisira-t-elle le camp de la liberté et du progrès en rejoignant les rangs des révolutionnaires ou celui des Nobles ?
Notre avis et notre analyse sur Lady Oscar :
Versailles no Bara, connu en France sous le titre Lady Oscar, est une impressionnante fresque historique sur la Révolution française, inspirée de la biographie de Marie-Antoinette de Stefan Zweig. Ce manga est célèbre pour son héroïne travestie et son engagement féministe.
Riyôko Ikeda était en effet membre du « Groupe de l’An 24« , un cercle littéraire qui réunissait les autrices de shôjo manga inspirées par le mouvement de mai 68. Parmi ses membres les plus célèbres, on peut également citer Moto Hagio, pionnière du boys’ love et autrice du Clan des Poe, qui a récemment été invitée au festival d’Angoulême.
Avec ses héroïnes travesties, que l’on retrouve dans presque tous ses mangas, Ikeda défend l’idée, assez moderne pour les années 70, que l’on peut choisir son genre. Et qu’une femme n’a pas à être cantonnée dans un rôle.
Un shôjo inspiré par la Révolution française
En tant que manga historique, La Rose de Versailles est extrêmement poignant, tant par sa lente glissée vers la tragédie que par ses rebondissements totalement inattendus. C’est une histoire qui se déroule sur plus de dix ans. Les drames personnels de l’héroïne et les histoires de Cour à Versailles s’effacent peu à peu pour laisser place à la Révolution qui se prépare en arrière-plan.
Le manga distingue également par sa poésie et son ton mélancolique. Mention spéciale pour l’opening de l’anime, « Bara wa utsukushiku chiru » (« Les roses meurent en beauté »), qui est l’un des plus beaux de tous les temps :
Si vous avez aimé Lady Oscar, nous vous conseillons aussi de lire… une autre fresque historique de Riyôko Ikeda, cette fois-ci sur la révolution russe : Orpheus no Mado (La Fenêtre d’Orphée), sur le thème de la musique et de la folie.
L’héroïne, Julius, est également travestie. Et parmi les nombreux personnages secondaires, on trouve beaucoup de personnages féminins forts, comme Maria-Barbara, laquelle dirige seule les affaires de la famille après la mort de son père. Ou encore Katarina, qui fait des études pour devenir infirmière, puis diligente une équipe dans un hôpital. Les hommes au contraire, dans les mangas d’Ikeda, sont soit faibles, soit méchants, et se révèlent en tout cas toujours décevants. Là encore, il semble qu’il s’agisse d’un parti pris de l’autrice, qui veut encourager les jeunes filles à devenir indépendantes.
La Fenêtre d’Orphée aborde aussi des thèmes plus sombres, comme les agressions sexuelles et la prostitution. Ou encore l’obligation qu’ont parfois les femmes de sacrifier au service de leur famille leurs propres ambitions. Cette problématique est notamment développée à travers le personnage de Frédérique, qui travaille pour financer les études de son grand frère.
Outre ces deux longues fresques, Riyôko Ikeda écrit aussi Oniisama e (Très cher frère) sur des histoires d’amour entre lycéennes. Et le court drame Claudine qui met en scène un héros transgenre.
Meilleur shôjo des années 80 : Banana Fish d’Akimi Yoshida
Manga mettant en scène des gangsters, de la drogue & la mafia ! Sur le mode du thriller dramatique, en 10 tomes (grand format) et adapté en animé de 24 épisodes.
Résumé :
Le Japonais Eiji débarque à New York pour la première fois. Il y fait la connaissance d’Ash Lynx, un jeune chef de gang qui enquête sur une mystérieuse drogue, appelée « banana fish » : une arme secrète développée pendant la guerre du Vietnam et qui aurait causé l’état végétatif dans lequel se trouve désormais le frère d’Ash. Cette enquête entraîne Ash dans une rébellion contre le chef de mafia Dino Golzine, pour qui il travaillait autrefois…
Notre avis et notre analyse sur Banana Fish :
…Si nous n’avions pas vu écrit sur Wikipédia que Banana Fish était un shôjo, nous ne l’aurions pas cru ! C’est une histoire de mafia profondément noire, développée avec beaucoup d’action, qui se rapproche beaucoup plus du seinen. Ce manga a été sûrement été catégorisé en tant que shôjo uniquement parce qu’il a été écrit par une femme et publié dans un magazine Bessatsu Shôjo Comic.
Ce shôjo contient énormément de références à des œuvres d’écrivains américains comme J.D. Salinger et Hemingway. La série met en scène un voyou vivant à New York, tentant de se rebeller contre l’organisation mafieuse pour laquelle il travaille. Banana Fish est également connu pour les sous-entendus romantiques entre les deux héros, l’Américain Ash et le Japonais Eiji.
Opening de Banana Fish :
Meilleur shôjo des années 90 : Sailor Moon de Naoko Takeuchi
Sailor Moon est le Saint Seiya des shôjo ! Il s’agit d’un manga mettant en scène des magical girls, en 18 tomes (ou 12 tomes en grand format) et adapté en animé en 200 épisodes (5 saisons).
Résumé :
Usagi Tsukino croyait être une collégienne ordinaire. Mais lorsqu’elle sauve un petit chat, Luna, celui-ci lui explique qu’elle est une guerrière choisie pour se battre contre les forces du mal ! Usagi va se transformer en super-héroïne et apprendre à utiliser ses pouvoirs…
En chemin, elle rencontre plusieurs autres guerrières qui vont se battre à ses côté. D’abord Ami, qui est une élève surdouée ; puis Rei, qui travaille dans un temple shintoïste ; Makoto, qui possède une force surhumaine ; et Minako – alias Sailor V – qui est déjà une super-héroïne confirmée. Leur mission sera d’entraver les ambitions de la dangereuse reine Beryl, qui collecte de l’énergie humaine pour recréer son royaume maléfique. Et de retrouver une mystérieuse princesse qu’elles doivent protéger…
Notre avis et notre analyse sur Sailor Moon :
Sailor Moon, c’est le manga qui a lancé la mode des magical girls ! Il reprend tous les codes des mangas shônen et met en scène des héroïnes qui se battent. L’anime est d’ailleurs réalisé par la Toei animation… Ce qui fait que la mise en scène rappelle beaucoup Saint Seiya (Les Chevaliers du Zodiaque), produit par ce même studio !
Les mangas de magical girls sont en réalité un moyen détourné pour les auteurs de shôjo d’écrire du shônen. Les costumes des magical girls sont inspirés des uniformes scolaires japonais et appuient sur le fait qu’il s’agit de collégiennes banales, capable de devenir des super-héroïnes.
Au passage, le nom de l’héroïne, Tsukino Usagi, signifie « lapin de la lune ». Il renvoie à une légende japonaise, selon laquelle il y aurait un lapin qui vit sur la lune et fabrique des mochi ! Le terme « sailor » renvoie quant à lui à l’uniforme japonais de style marin. Les « sailor senshi » sont des guerrières en uniforme scolaire.
Là encore, l’opening est très appréciable !
Meilleur shôjo des années 2000 : Nana d’Ai Yazawa
Ce shôjo retrace l’esprit de toute une génération… Il s’agit d’une tranche de vie en 23 tomes, restée inachevée à ce jour, la publication étant en pause depuis 2009.
Résumé :
Nana Komatsu est une étudiante naïve et immature, qui redoute avant tout la solitude. Ses préoccupations sont d’intégrer un groupe d’amis et de trouver enfin un garçon bien.
Nana Ôsaki mène une vie libre et poursuit son rêve en chantant dans un groupe de rock. Elle a fui une enfance triste et monotone dans le restaurant de sa grand-mère, mais regrette d’avoir causé au passage le désespoir de cette dernière.
Les deux Nana se rencontrent par hasard dans un train à destination de Tôkyô, où toutes deux veulent démarrer une nouvelle vie, et elle décident d’emménager ensemble. On suit alors les vies de ces deux jeunes femmes que tout oppose, réunies par un prénom : Nana.
Notre avis et notre analyse sur Nana :
Ai Yazawa est passionnée par la mode et par la musique punk, deux thèmes qui se retrouvent souvent dans ses mangas.
Le style « tranche de vie » est plus populaire au Japon qu’à l’international. Nana est cependant l’un des rares mangas du genre qui a réussi à s’imposer à l’étranger. Sa description réaliste du quotidien et de la psychologie des jeunes femmes japonaises, avec ses rêves et ses tracas, a su captiver le public au-delà des frontières. Sûrement portée aussi par des sitcoms à succès comme F.R.I.E.N.D.S, qui retraçaient peut-être avec moins de finesse, ce passage fatidique de la jeunesse à l’âge adulte.
Ce manga met en scène des jeunes femmes indépendantes qui quittent leur famille et cherchent du travail à Tôkyô. S’inscrivant dans la lignée de Riyôko Ikeda, Ai Yazawa n’hésite pas à aborder également des thèmes sombres et porte un regard critique sur la société.
Nos recommandations parmi les mangas actuels…
Deux héroïnes qui se battent pour leurs carrières : Arte de Kei Ohkubo (2014) et L’oiseau d’or de Kainis de Kazuki Hata (2022)
Arte raconte le parcours d’une jeune femme qui souhaite devenir artiste peintre à Florence, à l’époque de la Renaissance italienne. L’oiseau d’or de Kainis est l’histoire d’une jeune femme qui se déguise en homme pour pouvoir faire publier ses romans, dans l’Angleterre du XIXème siècle. …Scénario assez réaliste car on sait par exemple que Mary Shelley, l’autrice du célèbre Frankenstein ou le Prométhée moderne, qui vivait à cette époque, avait d’abord dû le faire publier sous le nom de son mari.
Ce thème peut aussi renvoyer aux autrices de shônen comme Hiromi Arakawa (Fullmetal Alchemist) ou Koyoharu Gotôge (Demon Slayer) qui choisissent d’écrire sous des pseudonymes neutres ou masculins, de peur que les lecteurs refusent d’acheter un shônen manga dont l’auteur porte un prénom féminin !
Arte et L’oiseau d’or de Kainis ont pour point commun mettre en scène des héroïnes qui poursuivent avec acharnement un objectif d’ordre professionnel. Ils s’opposent ainsi à la grande majorité des shôjo qui, aujourd’hui, se centrent trop souvent sur des histoires romantiques, avec des héroïnes qui rêvent juste d’épouser le prince charmant…
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Rédigé par Umeboshi
Rédactrice, Relectrice SEO, Community Manager, enfant prodige, passionnée d’univers gothiques, mangaphile, parle le japonais couramment, a rédigé une thèse de 80 pages sur JoJo’s Bizarre Adventure.
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