On a publié précédemment un top des meilleures adaptations des Misérables sur scène et à l’écran… Passons à présent aux adaptations des Misérables en manga !
Le romantisme en manga : shônen ou shôjo ??
Le duo de mangaka Russkey avaient expliqué dans une conférence qu’au Japon le roman Les Trois Mousquetaires avait été arbitrairement classé « shônen » (histoire pour garçons)… Il semblerait que Les Misérables ait en revanche été classé « shôjo » (histoire pour filles), étant donné les choix d’adaptations au Japon : le scénario est généralement centré sur Cosette, et la chanson d’opening de l’anime Les Misérables – Shôjo Cosette est très douce et poétique ! Il est vrai que les mangas dits « pour filles » ont généralement des scénarios plus sombres et dramatiques que ceux dits « pour garçons », ce qui explique peut-être cette classification ? Mais ces deux exemples prouvent surtout que les catégories « shônen » et « shôjo » n’ont pas grand sens.
Les différents mangas sur Les Misérables…
Il existe trois mangas différents sur Les Misérables. Celui de Takahiro Arai compte plusieurs tomes, mais ce n’est pas le meilleur pour autant. Il a notamment de gros problèmes de character design : par exemple, Arai a dessiné Javert blond, ce qui est aberrant ! En bande dessinée, je trouve quand même important de respecter les descriptions physiques des personnages car elles reflètent leurs personnalités. Victor Hugo a des personnages lumineux et des personnages sombres, ce qui se voit notamment à travers les couleurs de cheveux.
On ne parlera pas non plus en détails ici de l’anime Les Misérables – Shôjo Cosette -qui est en revanche une bonne adaptation, à l’exception de la fin où les scénaristes n’ont pas voulu tuer les personnages !-, puisqu’il s’agit d’une série d’animation et non d’un manga.
…Reste donc à comparer les deux versions des Misérables en un seul tome : celle des éditions Soleil et celle des éditions Nobi-Nobi.
Les Misérables des éditions Soleil, réalisé par le studio japonais Variety Art Works

Bien qu’il soit japonais, ce manga est publié en France en sens de lecture occidental. Il est considéré comme plutôt pédagogique car les différences avec le roman sont expliquées à l’aide d’astérisques. C’est aussi l’un des rares mangas centrés sur Jean Valjean plutôt que sur Cosette. Pour le coup, il n’est pas du tout « kawaii » et ne ressemble pas un « shôjo ». Son style de dessin est plus mature et réaliste.
C’est actuellement la seule version en vente à la maison de Victor Hugo à Paris. Pourtant, il possède plusieurs graves défauts…
La manière dont l’histoire est abrégée semble inspirée du film américain de 1998, dont on a parlé dans un précédent article. Comme dans le film, le personnage d’Éponine (la fille aînée des Thénardier, amoureuse de Marius qui l’ignore et lui préfère Cosette) a été supprimé, pour que Marius paraisse moins antipathique !
Comme dans le film également, Javert se suicide devant Jean Valjean. Mais (à la différence du film…), Jean Valjean tente cette fois de le rattraper et est réellement triste pour lui. Ce changement sert donc surtout à ajouter une dimension émotionnelle à la scène.
Enfin, un détail que je tiens à souligner : ce manga oublie de citer Gavroche dans la double-page de présentation des personnages ! C’est logique, car la présence de Gavroche dans le film de 1998 était après tout très anecdotique. Idem dans ce manga, où ce n’est même pas lui, mais Marius, qui reconnaît Javert sur la barricade ! Faire capturer Javert était pourtant l’un des accomplissements majeurs du personnage.
Point positif : Comme dans toutes les adaptations japonaises, Enjolras est très beau ! Aujourd’hui, les Japonais sont les seuls à savoir représenter ce type de beauté androgyne qui était pourtant très à la mode à l’époque du romantisme. Enjolras en est l’un des représentants.

Les Misérables des éditions Nobi-Nobi dans la collection « Les classiques en manga »

La version des éditions Nobi-Nobi, dessinée par un artiste au pseudonyme de SunNeko Lee, est en fait bien meilleure que celle des éditions Soleil. C’est donc celle que nous recommanderions en priorité pour faire découvrir l’histoire du roman à des enfants. C’est à la fois :
La plus complète : Ce manga est deux fois plus épais que celui des éditions Soleil. Il conserve le personnage d’Éponine, auquel il accorde d’ailleurs beaucoup d’importance. Et l’histoire continue jusqu’à la mort de Jean Valjean. (Alors que celui des éditions Soleil s’arrête au suicide de Javert, comme le film de 1998.) Il comprend aussi un bref résumé du contexte historique et social au début, ainsi qu’une présentation du roman à la fin.
La plus fidèle : L’intrigue est beaucoup mieux respectée. Les dialogues sont directement inspirés de citations du roman.
La plus belle : Le dessin est certes « kawaii » (« mignon ») et enfantin, mais donc plus agréable et plus soigné. Fantine, Cosette et Éponine sont très belles. Gavroche est adorable, et même Jean Valjean est beau ! Le manga comprend aussi quelques pages de présentation en couleurs. Et toute l’histoire est racontée avec beaucoup plus d’émotion.
Quelques illustrations…


Le character design est souvent un élément déterminant dans le choix d’un manga. Voici donc notre rapide comparaison des designs de chaque personnage, en incluant également l’anime !
Comparaison de l’anime Les Misérables – Shôjo Cosette (© Nippon Animation pour les images), du manga des éditions Nobi-Nobi (© 2014 UDON Entertainment Inc. and Morpheus Publishing Ltd. / 2016 nobi nobi !) et de celui des éditions Soleil (© Variety Art Works). Tous droits réservés.

Dans la version des éditions Soleil, Javert et Thénardier sont assez monstrueux, ce qui est un choix défendable si l’idée est d’avoir un manga au ton très sombre. Nobi-Nobi a un style beaucoup plus enfantin et tous les personnages sont plus attachants. Mais malgré ce style tout mignon, la version de Nobi-Nobi est aussi celle dont le scénario respecte le mieux le roman.


L’anime Les Misérables – Shôjo Cosette reste à ce jour l’adaptation japonaise la plus célèbre. Ses musiques, en particulier, sont très belles !
Pour finir sur une note un peu plus joyeuse, voici deux autres musiques en bonus !
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Rédigé par Umeboshi
Rédactrice, Relectrice SEO, Community Manager, enfant prodige, passionnée d’univers gothiques, mangaphile, parle le japonais couramment, a rédigé une thèse de 80 pages sur JoJo’s Bizarre Adventure.
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