fbpx

Black Butler, Pandora Hearts, Les Mémoires de Vanitas… On appelle « mangas gothiques » les mangas inspirés de la littérature gothique anglaise et dont l’intrigue se déroule dans l’Angleterre victorienne ou dans un cadre qui s’en rapproche. Ce cadre strict n’est pas sans rappeler celui du Japon, qui partage avec l’Angleterre victorienne plusieurs points communs : société très codifiée (voire étouffante), politesse et raffinement, art du service (notamment du thé !), importance des apparences… Retour, donc, sur quelques spécificités du gothique en manga !

Tout d’abord, qu’est-ce que le mouvement gothique et comment a-t-il inspiré des mangas comme Black Butler ?

Le mouvement gothique en littérature :

Gravure en noir et blanc : la vampire Carmilla qui s'approche du lit d'une jeune fille endormie.
Source : Illustration de l’édition originale de Carmilla (l’un des premiers romans de vampires) par David Henry Friston.

Apparu en Grande-Bretagne à la fin du XVIIIe siècle, le mouvement gothique suscite l’horreur, et a pour fonction de transgresser l’ordre établi, ainsi que les tabous religieux et sociétaux. En mettant en scène des histoires horrifiques, sentimentales et macabres, le roman gothique vise à montrer les conséquences néfastes de celles-ci afin d’aboutir au rétablissement de l’ordre moral à la fin de son récit. Le premier roman considéré comme pionner du genre n’est autre que Le Château d’Otrante d’Horace Walpole (1764), précurseur du romantisme noir.

L’esthétique est empruntée à l’architecture gothique anglaise du milieu du XVIIIe siècle, elle-même héritière du Moyen Âge. L’action de ses romans gothiques se déroule donc dans ces décors à la fois somptueux et effrayants, où l’on découvre le passé mythique des croisades, la présence du surnaturel, et des personnages contemporains victimes des mystères du passé. Le genre s’est largement développé durant le XIXe siècle et a inspiré à la fois le cinéma contemporain (notamment Tim Burton) et les mangakas japonais.

Les mangas gothiques sont majoritairement inspirés de la littérature anglaise du XIXe siècle et pas seulement de romans gothiques :

Certains romans purement gothiques comme Dracula, Carmilla, ou encore Frankenstein ou le Prométhée moderne sont des sources d’inspirations intarissables pour les mangaka. D’autres romans de la même époque, qui ne sont pas spécialement gothiques, sont également connus pour être des références en la matière. Deux œuvres très populaires reviennent beaucoup dans les mangas gothiques : ce sont bien sûr Les Aventures d’Alice au Pays des Merveilles de Lewis Caroll, et Sherlock Holmes de Conan Doyle.

Les mangas de vampires, dont la pionnière est Moto Hagio, s’inspirent aussi des nouvelles d’Edgar Allan Poe. Et de romans plus modernes, comme Entretien avec un vampire d’Anne Rice qui a inventé un monstre très « kawaii » : Claudia, l’enfant vampire ! C’est notamment l’inspiration du personnage de Chloé dans Les Mémoires de Vanitas de Jun Mochizuki. Les références aux romans d’horreur de Stephen King sont également très courantes, par exemple dans Phantom Blood de Hirohiko Araki.

Chloé est toute petite et est souvent portée par son serviteur comme une poupée. Elle porte une robe gothique et a l'air très triste car, comme Claudia, elle est condamnée à ne jamais grandir.
Source : Vanitas no Carte anime © Jun Mochizuki / SQUARE ENIX, The Case Study of Vanitas Project. Tous droits réservés. Description : Chloé dans Les Mémoires de Vanitas. En japonais, son nom se prononce « KUROE », ce qui ressemble à Claudia (« KURODIA »). Mais ce personnage est également inspiré de la sorcière d’Émeraude dans Black Butler !

Le gothique japonais :

Ces références, mélangées avec des légendes japonaises, permettent aussi l’apparition de nouveaux monstres gothiques. Par exemple, les shinigami, ou « dieux de la mort ». Ceux-ci sont inspirés à la fois des yôkai (démons du folklore japonais) et des représentations européennes de la Mort en Faucheuse. Devenus très populaires, on les retrouve dans Black Butler, Death Note, ou encore l’anime Jigoku Shôjo (La fille des Enfers).

Enfin, les seinen gothiques et les mangas d’horreur sont parfois influencés par l’ero-guro : un mouvement littéraire apparu dans les années 1930 avec l’écrivain japonais Edogawa Ranpo (dont le pseudonyme est une prononciation japonaise d’ « Edgar Allan Poe ») et qui consiste à associer l’érotisme au macabre. « Ero-guro » est une abréviation pour « érotisme » et « grotesque ». La prononciation de « guro » rappelle aussi le mot « kuro » qui désigne la couleur noire.

L’ero-guro se caractérise par des paysages hallucinatoires ; des motifs récurrents comme les insectes et les lézards, ou encore les statues, poupées et mannequins d’apparence humaine, les morceaux de corps humains épars ; et enfin une tendance générale à l’exagération. Le thème de l’Art est également récurrent, avec la recherche constante d’un idéal artistique à travers l’érotisme et le gore. Enfin, Edogawa Ranpo est célèbre ses romans noirs policiers inspirés à la fois de Sherlock Holmes et des nouvelles fantastiques d’Edgar Poe. Ce qui préfigure déjà le mélange du gothique et du policier que l’on trouve aujourd’hui dans beaucoup de mangas. [1]

Image hallucinatoire où l'on voit un vampire avec plusieurs yeux, et la bouche ensanglantée et souriante.
Source : WARAU KYÛKETSUKI © 2000 by Suehiro Maruo/Akito Publishing Co. Tous droits réservés. Description : Suehiro Maruo, qui a écrit un manga sur les vampires, est considéré comme le maître de l’ero-guro en manga.

L’influence des mangas sur la mode otaku :

L’esthétique gothique des mangas est énormément développée par Kaori Yuki dans les années 1990, avec des mangas comme Comte Caïn et Angel Sanctuary. Cette esthétique passe par des décors à la fois macabres et poétiques (ruines, tombes, églises gothiques, roses sombres agrémentées d’épines, etc.). Et par les costumes victoriens des personnages, qui se font de plus en plus détaillés (rubans, dentelle, broches, hauts de forme, corsages, résilles, crucifix, plumes… ou même crânes et squelettes d’oiseaux !), qui connaissent sans doute leur apogée avec les illustrations de Yana Toboso dans Black Butler !

La mode gothique reproduit dans les costumes les même motifs que dans les décors gothiques : résilles et lacets rappellent les grilles des manoirs ; les crucifix évoquent les églises ou les tombes ; les roses se retrouvent sur les robes et sur les chapeaux. Ce style de costumes, mêlé à l’esthétique « kawaii » (« mignonne ») des mangas shôjo, entraîne bien sûr l’apparition des styles « kawaii gothic » et « gothic lolita » qui, au-delà des mangas, contaminent rapidement la mode otaku.

Trois portraits de personnages, par Kaori Yuki. Le premier représente Caïn avec un squelette d'oiseau. Le second, une petite fille blonde aux grands yeux vides qui tient une poupée. Et le troisième une jeune fille aux cheveux rouges et frisés, avec un collier en forme d'araignée.
Source : Comte Caïn, God Child. © Kaori Yuki/HAKUSENSHA, Inc. Tous droits réservés. Description : Les costumes imaginés par Kaori Yuki dans Comte Caïn.

Sebastian et Ciel. Ciel porte un manteau qui rappelle plutôt la mode féminine et les robes de l'époque, avec beaucoup de dentelles et une broche. Il porte de longues bottes à lacets et à talons hauts, ainsi qu'un mini haut de forme penché sur le côté de sa tête et agrémenté de roses violet pâle. Il tient à la main une canne surmontée d'une petite tête de mort en argent, et il est assis sur des roses géantes, de couleur violette et entourées d'épines.
Source : Yana Toboso Artworks Black Butler (V.2) © 2015 Yana Toboso / SQUARE ENIX CO. LTD. Tous droits réservés. Description : Des costumes dessinés par Yana Toboso.

Une sous-catégorie du gothique, le manga de vampires :

Les mangas gothiques peuvent se diviser en plusieurs sous-catégories. Parmi les plus importantes, on note le style gothique « policier » (avec des mangas comme Black Butler et Comte Caïn). Et bien sûr le manga de vampires !

Les vampires sont désignés de diverses façons selon les mangas : « Vampanella » (invention de Moto Hagio) dans Le Clan des Poe ; « Kyûketsuki » (mot japonais pour « vampire », littéralement « démon suceur de de sang ») dans des mangas comme JoJo’s Bizarre Adventure ; « VANPAIA » (prononciation anglaise de « vampire ») ou même « VANPIIRU » (prononciation française) dans des mangas plus modernes !

Ce personnage, monstre gothique par excellence, a de nombreuses significations en littérature. Dans les mangas, également, on retrouve des interprétations très différentes des vampires :

  • Dans Le Clan des Poe de Moto Hagio, l’immortalité des vampires met en relief le caractère éphémère du monde qui les entoure. Les vampires y sont solitaires et mélancoliques, comme les personnages des nouvelles d’Edgar Allan Poe. Puisque Le Clan des Poe est aussi un précurseur des mangas boys’ love, ils représentent également la liberté sexuelle comme dans les romans d’Anne Rice.
  • Dans Phantom Blood (la partie gothique de JoJo’s Bizarre Adventure) de Hirohiko Araki, le vampire symbolise à la fois l’altérité (l’envahisseur, l’étranger, mais aussi le double) et la liberté (car il est en-dehors, et même au-dessus, de la société). C’est la vision des vampires de Dracula, ou encore Carmilla. Dans la suite de la série (qui n’est cependant pas gothique), le vampire a des airs de pop star décadente comme dans Lestat le Vampire d’Anne Rice.
  • En 1966, Osamu Tezuka dans sa série Vampires reprenait déjà le vampire pour symboliser la liberté et la différence. Au-delà de ça, il portait aussi un message contre les discriminations. …Mais les vampires de Tezuka ressemblent plutôt à des loups-garous bienveillants ! Même si un Dracula un peu caricatural y fait des apparitions, le manga ne se réfère en fait pas tellement à la littérature gothique : pour le scénario, sa première influence semble être plutôt Macbeth de Shakespeare…
  • En 1980, Tezuka reprend le thème des vampires avec Don Dracula, qui a un ton plus léger et parodique. Le vampire y croise notamment les Profonds, les célèbres créatures d’H. P. Lovecraft ! Certains personnages sont nommés « Dorian Gray » ou encore « Carmilla ». Mais ils n’ont pas grand chose à voir avec les personnages originaux.
  • Dans DRCL Midnight Children de Shin’ichi Sakamoto, la prolifération des vampires est une métaphore pour la pandémie du Covid. Là encore, il s’agit d’une interprétation inspirée de Dracula, qui a été écrit dans une période où Londres était en proie à une épidémie de choléra.
  • Enfin, dans Vampyre de Suehiro Maruo, les vampires sont plutôt une métaphore du désir sexuel. Une fois de plus, c’est une vision traditionnelle des vampires qui peut venir de Dracula. Mais qui est clairement mélangée au style ero-guro d’Edogawa Ranpo.

Dracula s'attaquant à Lucy. Dracula est très beau et a de longs cheveux noirs en désordre. Le style et la composition du dessin évoquent les tableaux du 18ème siècle.
Source : DRCL Midnight Children © Shin’ichi Sakamoto 2021. Tous droits réservés. Description : Le Dracula de DRCL.

Le gothique : shôjo ou shônen ?

Il y a au moins deux avantages pour un mangaka à écrire du gothique. Premièrement, cela lui permet de situer son histoire ailleurs qu’au Japon ! La plupart des mangas gothiques se déroulent en effet dans l’Angleterre victorienne ou en France. Et ils jouent beaucoup sur ce cadre exotique.

Le deuxième avantage, c’est que le gothique, c’est avant tout du seinen. Cela passe donc aussi bien en shônen qu’en shôjo, et se situe souvent à la frontière des genres. Exemple : Black Butler (Kuroshitsuji) est catégorisé « shônen » car c’est une histoire d’enquêtes policières et d’action. Mais il est écrit par une femme, Yana Toboso, et semble chercher à cibler aussi un public féminin.

On compte aujourd’hui de plus en plus de femmes parmi les auteurs de shônen, mais elles doivent souvent écrire sous un pseudonyme. Par exemple Hiromi Arakawa, l’autrice de Hagane no Renkinjutsushi (Fullmetal Alchemist) publie sous le nom plus masculin de Hiromu Arakawa. Il est donc encore difficile pour une femme d’écrire du shônen. Koyoharu Gotôge, l’autrice de Kimetsu no Yaiba (Demon Slayer), a également caché pendant longtemps son identité.

Le manga gothique est un genre souvent catégorisé comme shônen ou seinen, car les histoires sont centrées sur des enquêtes. Mais, en raison de son côté esthétique et de l’accent mis sur les vêtements d’époque, il est souvent associé par les éditeurs à un public féminin.

Il a donc le statut oxymorique de « shônen pour filles ». Ce qui constitue un prétexte pour les femmes mangaka d’écrire autre chose que du shôjo et de dépasser l’opposition manga pour filles / manga pour garçons.

Parmi les femmes mangaka qui écrivent du shônen, on peut ainsi citer Shiori Teshirogi, l’auteure de Saint Seiya : The Lost Canvas. Ce manga reprend l’univers crée par Masami Kurumada en se situant dans le cadre gothique de l’Europe du XVIIIe siècle. Et, bien sûr, Jun Mochizuki, connue pour Pandora Hearts et pour Les Mémoires de Vanitas (Vanitas no Carte), respectivement inspirés d’Alice au Pays des Merveilles et d’Entretien avec un Vampire.

On peut d’ailleurs rappeler qu’aux XVIIIe-XIXe siècles, la littérature gothique comptait déjà un nombre important de femmes parmi ses auteurs. Notamment Ann Radcliffe (Les Mystères d’Udolphe), Mary Shelley (Frankenstein, ou le Prométhée moderne), ou encore Emily Brontë (Les Hauts de Hurlevent).

Des mangas comme Black Butler reprennent d’ailleurs le message féministe des romans gothiques :

Par exemple, l’évolution du personnage de Lizzy est comparable à celle de Mina dans Dracula de Bram Stocker. Mina, bien que présentée comme une jeune fille à protéger, résout à elle seule toute l’enquête et explique à l’équipe le moyen d’intercepter le vampire dans sa fuite.

Lizzy est quant à elle présentée comme une petite princesse frivole, mais elle révèle au moment de l’arc Book of the Atlantic qu’elle sait en réalité très bien se battre ! Elle l’a toujours caché, de peur de déplaire à son fiancé, qui a dit aimer les femmes délicates. Ce passage critique le fait que la société impose aux femmes une image à laquelle elles doivent se conformer.

Lizzy en robe blanche de princesse, en train de se battre avec des épées.
Source : KUROSHITSUJI. © Yana Toboso / SQUARE ENIX CO. LTD. Tous droits réservés. Description : Lizzy dans Black Butler.

Pour résumer, le manga gothique c’est :

  • Un cadre occidental (généralement l’Angleterre victorienne) ;
  • Des références à la littérature gothique, ainsi qu’à Sherlock Holmes et à Alice au Pays des Merveilles ;
  • Un mélange entre fantasy et enquêtes policières ;
  • Des décors récurrents et très caractéristiques : manoirs, églises gothiques, ruines, cimetières, grilles, lune et brouillard, orage, incendie, cirques ou fêtes foraines sombres, etc. Et des costumes d’époque très raffinés ;
  • Un manga à la frontière des genres, qui permet aux femmes mangaka d’être mieux acceptées dans le milieu du shônen car il cible en réalité un public mixte ;
  • Un moyen de détourner ou de casser les codes des mangas shônen et shôjo traditionnels. Bien que le manga gothique soit désormais en train de développer ses propres codes, avec par exemple la reprise d’un certain nombres d’éléments de Black Butler dans Les Mémoires de Vanitas de Jun Mochizuki… Comme codes spécifiques au manga gothique moderne, on peut citer l’archétype du petit lord anglais à la personnalité tourmentée qui mène des enquêtes avec son serviteur. Ou encore le « fan-service yaoi », vu comme un argument commercial pour attirer le lectorat féminin. (Ce dernier procédé est certes critiquable mais, au moins, il change des gags sexistes inévitables dans les mangas dits « pour garçons »…)

…Pour en savoir plus, n’hésitez pas à jeter un œil à notre historique des meilleurs mangas gothiques, qui vous explique la naissance et l’évolution de ce style de mangas depuis les années 1970. Et également à consulter notre top des meilleurs anime gothiques, dark shôjo et seinen de ces dernières années.

Merci d’avoir lu cet article ! Nous vous invitons à rejoindre la communauté des étoilé.e.s en participant à notre groupe Facebook « La Galaxie de la Pop-culture ». N’hésitez pas à nous suivre sur tous nos réseaux !

Insta Revue de la Toile LinkedIN Revue de la Toilefacebook revue de la toile


Umeboshi : prune japonaise séchée et amer

Rédigé par Umeboshi

Rédactrice, Relectrice SEO, Community Manager, enfant prodige, passionnée d’univers gothiques, mangaphile, parle le japonais couramment, a rédigé une thèse de 80 pages sur JoJo’s Bizarre Adventure.


Notes :

[1]

Étude réalisée sur les nouvelles La Bête aveugle et L’île Panorama. Ainsi que sur Le Vampire et Le lézard noir, deux enquête du détective Akechi Kogorô, le personnage inspiré de Sherlock Holmes que l’on retrouve dans plusieurs romans d’Edogawa Ranpo.

Pour en savoir plus sur l’influence de cet auteur sur la bande dessinée japonaise, je peux aussi vous conseiller de faire un tour à l’exposition « Bande dessinée, 1964-2024 », du 29 mai au 4 novembre 2024 au Centre Pompidou à Paris !

Sources :

Ouvrages théoriques

BOUISSOU Jean-Marie, Manga. Histoire et univers de la bande dessinée japonaise, Arles, Editions Philippe Picquier, 2010.

PINON Matthieu, LEFEBVRE Laurent, Histoire(s) du manga moderne 1952-2012, Paris, Ynnis Editions, 2019-2022.

Magazines

ATOM n°27 ( « Shin’ichi Sakamoto, Révolutionner Dracula » ), Paris, Custom Publishing France, décembre 2023 – janvier-février 2024.

Japan Magazine (Hors-série « Le phénomène manga décortiqué »), Paris, Oracom, mars 2022.

Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.