Quel est selon vous le meilleur manga gothique ? Si vous aimez les vampires, yôkai, zombies, fantômes et shinigami, vous avez bien fait de passer par ici… Shôjo, shônen, shônen’ai, seinen, Découvrez notre sélection des meilleurs mangas gothiques depuis les années 70 à aujourd’hui, toutes catégories confondues !
Les meilleurs mangas gothiques par décennie : Notre sélection !
Meilleur manga gothique des années 70 : Le Clan des Poe de Moto Hagio
Le tout premier shônen’ai ! Le Clan des Poe est un Shôjo / Shônen’ai en 2 tomes (Grand format).

Résumé Le Clan des Poe de Moto Hagio :
Edgar et Marybelle sont des vampanella qui voyagent avec leurs parents. Arrivés dans une nouvelle ville, ils décident de s’intégrer parmi les humains en allant à l’école comme les autres enfants. Edgar rencontre alors Allan, un jeune humain riche et hautain, dont il espère faire son ami.
L’histoire se déroule ensuite, de manière non linéaire et avec des personnages variés, à travers différentes époques (du XVIIIe siècle à la Seconde Guerre mondiale), en développant une réflexion poétique sur le passage du temps.

Notre avis sur Le Clan des Poe de Moto Hagio :
On a beaucoup parlé de Moto Hagio cette année, car elle a été invitée au festival d’Angoulême, après Hajime Isayama l’année précédente.
Membre du « Groupe de l’An 24 » dans les années 70, elle se réunit dans le salon littéraire Oizumi aux côté d’autres mangaka féministes engagées, comme Riyôko Ikeda (La Rose de Versailles / Lady Oscar). Cette période est considérée comme l’âge d’or du shôjô manga.
Son manga le plus célèbre, Le Clan des Poe, est connu comme l’un des tous premiers mangas de vampires. (Avec Vampires d’Osamu Tezuka, manga shônen paru en 1966 et dans lequel les vampires s’apparentaient plutôt à des loups-garous.) Et également comme l’un des précurseurs du shônen’ai, ou boys’ love. Pas étonnant, d’ailleurs, que le premier boys’ love soit un manga gothique, quand on sait que de nombreux romans gothiques comme Carmilla et Entretien avec un Vampire sont très engagés pour la défense de l’homosexualité.
Dans ses interviews, Moto Hagio explique qu’elle ne se sentait pas à l’aise pour écrire des personnages féminins car, à l’époque, les femmes dans les mangas avaient des rôles très codifiés. Elles ne pouvaient pas, par exemple, avoir un tempérament combatif ou impulsif. Hagio choisit donc systématiquement des protagonistes masculins, et se met à écrire de la romance entre garçons. À la même époque, sa collègue Riyôko Ikeda écrit de la romance entre filles, avec Oniisama e (Très cher frère).
On dit souvent que l’écrivaine américaine Anne Rice est la première à avoir présenté les vampires comme des personnages nuancés, plutôt que comme des monstres… Mais Moto Hagio avait eu cette idée quatre ans avant !
Moto Hagio met en scène des vampires gentils et tourmentés, comme dans Entretien avec un Vampire d’Anne Rice. Toutefois, il est à noter que le manga est paru en 1972, soit quatre ans avant ce roman. Moto Hagio serait donc, avant Anne Rice, la première autrice à avoir réhabilité les vampires!
Du reste, si vous êtes fan des Chroniques vampires d’Anne Rice, je ne peux que vous conseiller Le clan des Poe. Car, bien qu’il n’y ait apparemment pas d’influence possible entre ces deux œuvres, elles présentent parfois des similitudes troublantes, comme le passage où Edgar et Allan adoptent une petite fille…
L’œuvre de Moto Hagio :

Le court drame Le cœur de Thomas, est aussi un excellent manga, qui est cette fois-ci clairement catégorisé shônen’ai et se déroule dans le cadre plus réaliste d’un pensionnat allemand.
Mais l’œuvre de Moto Hagio est extrêmement variée… Elle a également écrit plusieurs histoires de science-fiction, dont le manga Nous sommes onze ! qui est adapté en anime en 1986. Dans ce manga, dix candidats réunis dans un vaisseau spatial pour un examen s’aperçoivent qu’il y a parmi eux une personne de plus que prévu, et commencent à se soupçonner mutuellement d’être l’intrus…
Hagio devient ainsi l’une des premières autrices à introduire dans le shôjo d’autres styles d’histoires que la romance, et à se rapprocher du shônen. Ses histoires d’extraterrestres sont aussi un prétexte pour mettre en scène des personnages intersexes, ou encore une planète où les habitants ont à l’adolescence le droit de choisir d’être un homme ou une femme. Elle développe ainsi une réflexion très moderne pour l’époque sur la question du genre.
Meilleur manga gothique des années 80 : JoJo’s Bizarre Adventure, Phantom Blood de Hirohiko Araki
Entre classiques de la littérature, metal et films de zombies ! Ce Shônen est publié en 5 tomes (ou 3 tomes en grand format).

Résumé de Phantom Blood de Hirohiko Araki :
Dans l’Angleterre victorienne, une famille d’aristocrates adopte un orphelin pauvre, Dio, qui brille dans tous les domaines… Mais ils ignorent que celui-ci vient dans l’unique but de s’emparer de leur fortune, et que c’est en réalité un véritable démon : il a empoisonné son propre père qu’il haïssait et, dans cette nouvelle famille, il semble n’avoir d’autre loisir que de tourmenter son frère adoptif dès que le père a le dos tourné !
Pour obtenir au plus vite son héritage, Dio prévoit de reproduire son premier crime à l’identique en empoisonnant son père adoptif. Entretemps, il découvre un masque aztèque qui a le pouvoir de transformer les humains en vampires. Lorsqu’il se retrouve cerné par la police après que son projet d’assassinat ait échoué, il décide de s’échapper en testant le masque sur lui-même…
Notre avis sur Phantom Blood de Hirohiko Araki :

Côté scénario :
Nous passons du côté des shônen ! Et JoJo’s Bizarre Adventure contient un excellent arc gothique, même si l’ensemble de la série ne l’est pas. Si le titre « JoJo’s Bizarre Adventure » peut paraître au premier abord comique et ridicule, on est surpris ensuite de découvrir que l’histoire est sérieuse, et en réalité assez fidèle à l’esprit des romans gothiques du XIXe siècle ! Le mot « bizarre » dans le titre évoque des évènement étranges, paranormaux ou inquiétants qui surviennent peu à peu dans l’histoire.
On trouve énormément de références à Dracula de Bram Stocker. Et aussi à des romans qui n’ont rien à voir, comme À l’est d’Eden de John Steinbeck, Sherlock Holmes de Conan Doyles… ou encore Les Misérables de Victor Hugo ! Côté gothique, il y a également d’énormes références à Salem, le roman de Stephen King qui met en scène un vampire. Le scénario a, de plus, une fin atypique et des allures de thriller qui le rendent passionnant.
Côté dessin :
Sur le plan esthétique, la mise en scène est inspirée de dessins de mode très maniérés… et de vieux films de zombies complètement grotesques ! Le manga fait aussi de nombreuses référence à la musique rock et metal. (Dio est d’ailleurs le nom d’un chanteur de metal génial, que je vous recommande à tous d’écouter !) L’auteur dit également s’inspirer de la comédie horrifique Fright Night (Vampire, vous avez dit vampire ?) à l’ambiance très « rock ».
En effet, les années 80 étaient LA grande époque des films d’horreur de série B, qui ont massivement trouvé leur place dans les univers musicaux. Vampires et zombies sont très à la mode, et s’invitent aussi dans les groupes de musique. Dans les romans d’Anne Rice, le vampire Lestat se reconvertit même en rockstar ! [1] Plus généralement, la musique metal construit tout un imaginaire inspiré de fantasy et d’occultisme.

Contrairement à Moto Hagio, Araki reprend vraiment la vision traditionnelle des vampires, issue des romans fantastiques du XIXe siècle. L’histoire est racontée du point de vue des humains, et le (futur) vampire est présenté comme un envahisseur diabolique, quoique fascinant. Comme Dracula ou Carmilla, il s’infiltre dans une famille pour la détruire de l’intérieur et en s’attachant à une proie. (Et ce, dès le début de l’histoire, alors qu’il n’est même pas encore un vampire…)
À l’époque de l’écriture du manga, cette vision des vampires était clairement moins originale que celle de Hagio. Mais de nos jours, où les mangas sont envahis de vampires trop gentils qui n’ont plus aucun intérêt et ne symbolisent plus rien, les vampires traditionnels se font rares et manquent cruellement ! Je vous conseille ce manga, en tout cas, si vous préférez Dracula à Entretien avec un Vampire, et le fantastique à la fantasy.

L’évolution de la série :
Bien sûr, je vous conseille également de lire la suite de la série, bien qu’elle ne soit pas gothique et se déroule à chaque fois dans des cadres très différents. On y suit les descendants de la famille du héros jusque dans les années 2010. Et Dio réapparait à différentes époques, avec à chaque fois de nouveaux aspects surprenants.
Le style de dessin change beaucoup au cours de la série, et devient particulièrement artistique. Au niveau du scénario, l’auteur abandonne progressivement les codes du manga shônen, et cette évolution est particulièrement intéressante à suivre… Dans les années 2000, il parvient (enfin !) à centrer un manga sur une héroïne et un groupe de protagonistes presque entièrement composé de femmes. Il prouve ainsi qu’on peut avoir une héroïne en couverture du Shônen Jump, le plus célèbre et le plus prestigieux des magazines de shônen.

Meilleur manga gothique des années 90 : Comte Caïn de Kaori Yuki
Ce Shôjo en 5 tomes est l’ancêtre de Black Butler !

Résumé de Comte Caïn de Kaori Yuki :
Dans cette série très inspirée de Sherlock Holmes, on suit les enquêtes du comte Caïn Hargreaves, accompagné de son serviteur Riff. Chaque chapitre constitue une enquête différente, avec à chaque fois du suspense, du drame et de nouveaux personnages aux psychologies développées.
Au fil de ces enquêtes, on apprend que le héros cache également une histoire de famille dramatique. Et le manga s’oriente vers une confrontation avec son demi-frère Jezabel, un médecin diabolique…
Notre avis sur Comte Caïn de Kaori Yuki :
Kaori Yuki est considérée comme la véritable inventrice du gothique en manga. Et elle a énormément influencé l’œuvre de Yana Toboso.
Comme Black Butler, Comte Caïn raconte les enquêtes style Sherlock Holmes d’un petit lord anglais, qui cache un passé très sombre. Mais, contrairement à Black Butler, cette histoire était à l’époque catégorisée shôjo ! Preuve que les catégories japonaises n’ont véritablement aucun sens et dépendent uniquement du magazine de prépublication.
Les années 1990 sont le moment où le gothique s’implante vraiment au Japon, grâce au cinéma américain : les films de Tim Burton, ainsi que de nouvelles adaptations réussies de Dracula (par Coppola) et d’Entretien avec un Vampire (avec Brad Pitt et Tom Cruise). Auparavant, le style gothique n’était pas du tout populaire. Les deux mangas gothiques que je vous ai présentés étaient considérés comme des cas isolés.
C’est également l’époque où le manga gothique est vraiment devenu dark. Les histoires de Kaori Yuki sont parfois très (trop ?) noires et abordent des thèmes graves, comme l’inceste ou la folie.
Esthétiquement aussi, le manga gothique trouve enfin une identité visuelle précise :

Si l’on prend par exemple des images des deux premiers mangas du classement, l’on ne se dit pas à première vue qu’il s’agit de mangas gothiques. Moto Hagio a un style qui évoque surtout Versailles no Bara (La Rose de Versailles), et le style d’Araki rappelle plutôt Hokuto no Ken (Ken le survivant). Car auparavant, lorsque des auteurs s’inspiraient de la littérature gothique, ils la mélangeaient à d’autres influences et n’en faisaient pas leur esthétique principale, ni leur marque de fabrique.
…Lorsqu’on regarde les dessins de Kaori Yuki, impossible de s’y tromper : on voit au premier coup d’œil que l’histoire et les personnages sont gothiques. Yuki inspire ainsi toute une génération d’autrices de shôjo qui se spécialisent dans le gothique. A la même époque, les auteurs de shônen semblent délaisser le gothique au profit de l’horreur ou de la dark fantasy. Bien sûr, les illustrations de Kaori Yuki, et plus tard celles de Yana Toboso, influencent aussi énormément la mode otaku, et les vêtements style « lolita gothique » qui se développent dans les années 2000.
Si vous êtes fan de Black Butler, je vous conseille absolument cette série ! Kaori Yuki est aussi connue pour d’autres mangas gothiques célèbres comme Angel Sanctuary et Alice in Murderland.
Meilleur manga gothique des années 2000 : Black Butler de Yana Toboso
Le joyau du manga gothique, un shônen en 34 tomes (en cours de publication).

Résumé de Black Butler de Yana Toboso
Le jeune comte Ciel Phantomhive, accompagné de son majordome diabolique Sebastian avec qui il a passé un pacte, mène des enquêtes au service de la reine Victoria. Tout en poursuivant en parallèle son objectif : venger le meurtre de sa famille…
Notre avis sur Black Butler de Yana Toboso
Probablement le plus iconique des mangas gothiques ! A lire absolument, si vous ne le connaissez pas encore.
Avec son atmosphère victorienne inspirée de Sherlock Holmes et Alice au Pays des Merveilles, sans oublier les superbes costumes designés par Yana Toboso, ce manga a su pousser au maximum l’esthétique gothique. Black Butler est aussi l’un des rares shônen mangas a avoir un scénario complexe et imprévisible, un antihéros pour protagoniste et des plot twists réellement réfléchis.
Black Butler situe chaque arc dans un décor typique de l’imaginaire gothique : le cirque, la forêt à l’atmosphère médiévale, le navire qui fait naufrage, la secte… Notons au passage que les décors de cirque ou de fête foraine sombres, très présents dans les mangas gothiques ou dans les films de Tim Burton, ne viennent pas tellement de la littérature gothique anglaise, mais plutôt du romantisme néo-gothique de Victor Hugo avec des romans comme L’homme qui rit.
Au sujet de Sebastian…

Le thème du pacte avec le diable est évidemment issu de Faust. La représentation du diable sous les traits d’un jeune homme séduisant vient également du romantisme européen.
Au sujet d’Undertaker (Mon personnage préféré !)

Son design est bien sûr inspiré du Chapelier fou dans Alice au Pays des Merveilles. Avec, de plus, le sourire du Chat du Cheshire ! On trouve tout au long du manga de nombreuses autres références à Alice au Pays des Merveilles, comme la célèbre scène du thé, à la fin de l’arc du pensionnat.
Ce type de design à la fois bizarre et comique rappelle aussi l’esthétique de Tim Burton, qui est le maître du gothique au cinéma !
Au sujet de la nouvelle saison de l’anime…

…Quant à l’arc adapté récemment en anime et qui se déroule dans un pensionnat anglais traditionnel, divisé en quatre maisons associées chacune à des valeurs et à une couleur, il semble plutôt inspiré d’Harry Potter de J.K. Rowling !
Je suis d’avis que Black Butler est meilleur en manga : entre les fillers et la mauvaise direction artistique, les saisons précédentes de l’anime étaient catastrophiques… Mais (pour une fois !) ils ont fait des effort pour avoir une belle animation et respecter l’intrigue. Donc je vous recommande cette saison !
Les autres œuvres de Yana Toboso…
Concernant les costumes, si vous aimez le style de Black Butler, je vous conseillerais aussi de jeter un œil au jeu vidéo Twisted Wonderland. Sur lequel Yana Toboso a travaillé en tant que character designer et où elle imagine cette fois des tenues inspirées des méchants Disney !

Au sujet de l’autrice :
Yana Toboso a changé plusieurs fois de pseudonyme au cours de sa carrière. Peut-être pour masquer le fait qu’elle avait fait ses débuts en tant qu’autrice de yaoi [2] dans des dôjinshi (fanzines) [3]. Malgré ce passé qu’on lui a parfois reproché, Yana Toboso réussi à s’imposer dans l’univers du shônen, là où de nombreuses femmes mangaka ont échoué. Elle est ainsi passée d’une des catégories de mangas les plus basses à celle considérée comme la plus noble.
Black Butler est publié à partir de 2006 dans le magazine GF Fantasy, qui possède une ligne éditoriale mixte. La même année, GF Fantasy démarre également la publication de Pandora Hearts, un autre shônen gothique écrit par la mangaka Jun Mochizuki.
L’héritage de Black Butler :
Jun Mochizuki s’inspire ensuite beaucoup de Black Butler pour développer sa nouvelle série, Les Mémoires de Vanitas. Un shônen assez classique qui se déroule en France et met en scène des vampires. L’opening, qui ressemble à un clip touristique sur Paris, et est assez hilarant !
Ses deux personnages principaux, Vanitas et Noé, ont des designs très inspirés de Ciel et Sebastian. Mochizuki se place ainsi en disciple de Toboso. Elle imite aussi sa recette à succès, centrée sur des enquêtes policières situées à chaque fois dans un lieu différent.
Mochizuki utilise pour cela les monuments de Paris : l’Opéra Garnier, Notre-Dame, les catacombes… Comme Toboso, elle reprend également des personnages et des lieux typiques du gothique, comme la fête foraine ou encore le médecin fou.
Avec ses shônen inspirés à la fois par le yaoi et par les shôjô de Kaori Yuki, Yana Toboso parvient donc à imposer son style personnel, et brouille de manière radicale les frontières entre shônen et shôjo. Elle est, de plus, imitée par d’autres mangaka. Et le gothique est en phase de devenir une catégorie à part entière, qui n’est ni shônen, ni shôjo, et cible un public mixte.

Meilleur anime gothique des années 2010 : Puella Magi Madoka Magica
Le rose vire au noir…dans ce Seinen en 12 épisodes

Résumé de Puella Magi Madoka Magica :
Kyubey, qui a l’apparence d’un petit chat trop mignon avec des oreilles de lapin, offre à Madoka la possibilité de devenir une magical girl, en échange d’un vœu. Sa mission sera alors de se battre contre des sorcières pour protéger la Terre… Notre naïve héroïne accepte avec enthousiasme ! Mais bientôt elle découvre que les « sorcières » sont en réalité d’autres Puella Magi qui ont sombré dans le désespoir… Madoka a peut-être fait un pacte avec le diable ?

Notre avis sur Puella Magi Madoka Magica :
C’est un anime qui n’est pas tiré d’un manga. Mais c’est probablement l’un des meilleurs seinen que j’ai jamais vus !
Cette série se présente comme une histoire classique de magical girls à destination des enfants, avec des couleurs toutes roses, son opening enfantin, et Kyubey, la mascotte trop mignonne… Puis, le manga sombre dans le côté obscur !
C’est ce détournement des codes du shôjo qui a fait le succès de cet anime. Alors que les mangas gothiques, depuis Kaori Yuki, se distinguent par des couleurs très sombres, Madoka Magica a au contraire un univers très coloré et sa propre esthétique. L’on trouve bien sûr beaucoup de références à Sailor Moon, le plus célèbre des mangas de magical girls !
Les musiques sont incroyables. Les décors sont un chef d’œuvre de kawaii gothic. …A voir absolument !

Meilleur manga gothique 2020-2024 : DRCL midnight children de Shin’ichi Sakamoto
Seinen / Horreur de 4 tomes (en cours de publication) : un chef d’œuvre qui ressuscite le manga de vampires !

Résumé de DRCL midnight children de Shin’ichi Sakamoto :
Le navire Le Demeter arrive à Londres, apportant avec lui un mal inconnu… Les élèves de Whitby School parviendront-ils à enrayer l’épidémie ?
Notre avis sur DRCL midnight children de Shin’ichi Sakamoto :
DRCL est LE manga gothique que tout le monde recommande en ce moment ! Mais, si tout le monde ne parle que de ça, c’est qu’il y a une raison…
Le vampire, métaphore du Covid
Dans ce manga, Shin’ichi Sakamoto (qui était, comme Moto Hagio, invité du festival d’Angoulême 2024) revisite le mythe de Dracula, en établissant un lien entre la prolifération des vampires dans Londres et la pandémie du Covid… Intéressant quand on sait que Dracula a initialement été écrit à l’époque d’une épidémie de choléra.
Le titre du manga, DRCL, est une abréviation employée par Mina dans son journal pour désigner Dracula. Cependant, cet assemblage bizarre de lettres évoque aussi un nom de virus ou de bactérie.

Jonathan VS Mina : Qui est le héros de dracula ??
On retrouve aussi la plupart des personnages du roman (cf image ci-dessus), mais Mina est clairement le personnage principal, preuve que les mentalités ont évolué depuis l’époque Phantom Blood. En effet, Dracula est à l’origine un roman féministe, où l’héroïne (Mina) vole complètement la vedette au héros (Jonathan) au cours de l’histoire… Les mangaka ont donc le choix : qui mettront-ils en avant ? Jonathan ? Ou Mina ? En 1987, Araki a choisi Jonathan ; en 2021, Sakamoto choisit Mina. [4]
Dans une interview publiée dans ATOM, Sakamoto déclare d’ailleurs : « Je voulais faire de Mina Harker une héroïne comme jamais je n’en avais vu dans un manga, et raconter comment une fille un peu à part parvient, sans aucune aide extérieure, à se faire une place dans la société. » [5] Il déplore aussi que dans toutes les adaptations (à part, peut-être, le Dracula de Coppola en 1992), Jonathan soit systématiquement mis en valeur au détriment de Mina, ce qui n’était pourtant pas le cas dans le roman. Mina y était présentée comme extrêmement intelligente. Tandis que Jonathan était certes gentil et courageux, mais également faible et incompétent.

Luke ou Lucy ? les Différences entre le roman et le manga :
On retrouve tous les personnages du roman, mais beaucoup plus jeunes. Ici, ce sont les élèves d’une prestigieuse école, Whitby School. Lucy, la meilleure amie de Mina qui est attaquée par le vampire, devient dans ce manga un personnage androgyne, appelé tantôt Luke (sa version humaine), tantôt Lucy (sa version vampire). L’originalité est que le personnage courtise ses trois amis garçons en étant Luke, et Mina en étant Lucy !
Dans DRCL, l’histoire (présentée du point de vue de Mina plutôt que de Jonathan) commence directement par l’arrivée de Dracula à Londres, à bord du Demeter. Cet épisode, où le vampire décime un à un l’équipage d’un navire, était aussi repris dans JoJo’s Bizarre Adventure, quoique beaucoup moins exploité.
Le manga suit ensuite assez fidèlement la chronologie du roman, avec toujours de nouvelles surprises dans sa manière de réinterpréter tel ou tel épisode. Par exemple, Renfield (l’aliéné devenu serviteur de Dracula) a l’apparence d’une religieuse terrifiante ! Le professeur Van Helsing apparaît au tome 2. Au tome 4, on a un flash-back sur Jonathan, avec notamment la célèbre scène des trois femmes vampires.
Un dessin original et une ambiance gothique incroyable :
La mise en scène, très recherchée et parfois très onirique, voire délirante, semble en partie inspirée du Dracula de Coppola en 1992. Comme dans JoJo, le vampire de DRCL ressemble à une pop star décadente. Son design rappelle vaguement Michael Jackson ! De plus, le dessin de Sakamoto est mature et très détaillé par rapport à beaucoup de mangas.
En résumé, DRCL a un dessin magnifique et reprend très fidèlement certains épisodes du romans. Si vous êtes fans de Dracula, donc, allez-y, foncez : je vous le recommande totalement !



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Notes :
[1]
Dans le roman The Vampire Lestat (Lestat, le vampire) en 1987. Il s’agit du deuxième tome des Chroniques Vampires (donc la suite directe d’Entretien avec un Vampire), qui commence dans les années 1980 avant de revenir sur le passé de Lestat au XVIIIe siècle. En découvrant les années 1980, Lestat se lance dans une carrière de rockstar car il trouve que c’est une très bonne planque, les chanteurs de hard rock s’habillant tous comme des vampires ! Les Chroniques Vampires d’Anne Rice comptent dix tomes en tout. Mais les deux premiers sont largement au-dessus du niveau des autres.
[2]
Le yaoi, manga érotique à destination d’un public féminin et centré sur des histoires d’amour entre garçons, est très souvent critiqué, au Japon comme en Occident, pour plusieurs raisons. Au Japon, les lectrices de yaoi sont appelées « fujoshi » (« filles pourries ») et vues comme des perverses. En Occident, les yaoi sont aussi accusés de véhiculer une vision fausse des couples homosexuels, car ils mettent souvent en scène des relations toxiques. Et l’un des deux personnages est souvent plus efféminé, pour permettre aux lectrices de s’y identifier. Enfin, certaines sous-catégories de yaoi sont peu recommandables, comme le « shotacon », consacré aux relations entre adultes et jeunes adolescents.
C’est justement dans le shotacon qu’était spécialisée Yana Toboso, et on l’a accusée d’appliquer des codes de yaoi au duo Ciel/Sebastian dans Black Butler. (Où il est vrai que Ciel est très sexualisé alors qu’il a 12-13 ans…) D’où les polémiques sur ce manga.
Pour mieux comprendre les problématiques autour du yaoi…
Les yaoi sont considérés comme l’évolution naturelle des boys’ love de Moto Hagio. Dans les deux cas, il s’agit en effet de prendre pour prétexte un couple homosexuel pour parler en réalité d’un couple hétérosexuel, mais en échappant à la contrainte des clichés sexistes souvent présents dans les mangas shôjo.
Les autrices de yaoi cherchent aussi à développer un style de manga érotique destiné uniquement au public féminin. Et où les hommes peuvent être sexualisés comme le sont les femmes dans les hentai. Il s’agit donc à l’origine d’un outil de libération pour les femmes japonaises. Le problème est bien sûr que ce qui sert la cause féministe ne sert pas forcément la cause LGBT : la plupart des autrices de yaoi (il y a bien sûr des exceptions) ne se préoccupent pas du tout de l’image qu’elles donnent des couples homosexuels.
Enfin, le yaoi est très lié au concept de « bishônen » : un idéal de beauté androgyne, qui existe en fait depuis l’ère d’Edo au Japon. (Mais à l’époque, on disait plutôt « wakashû » que « bishônen » : ce terme désignait de jeunes prostitués hommes qui avaient l’apparence d’adolescents efféminés et qui avaient pour clients des femmes ou des hommes plus vieux qu’eux.) C’est ce qui pousse les autrices de yaoi à vouloir dessiner de beaux adolescents très jeunes et très efféminés. D’où l’apparition de sous-catégories comme le shotacon…
[3]
On entend souvent parler des auteurs de shônen célèbres qui ont démarré leur carrière très jeunes en remportant un concours de one-shot organisé par un grand magazine de prépublication et en se voyant proposer ensuite un projet de sérialisation. Mais la grande majorité des auteurs cherche d’abord à se faire connaître en écrivant et en vendant des dôjinshi (mangas amateurs) sur le marché du fanzine.
[4]
Dans ses interviews, Araki raconte que le prénom « Jonathan » dans son manga viendrait plutôt d’une convergence entre le nom d’un restaurant où il avait l’habitude de rencontrer son éditeur (la chaîne de restaurants Jonathan’s, très implantée au Japon) et la volonté de construire une allitération semblable à « Steven Spielberg » (« Jonathan Joestar »). Mais, en lisant son manga, on trouve tellement de références à l’œuvre de Bram Stocker, qu’il paraît tout simplement impossible qu’il n’aie pas aussi pensé au héros de Dracula.
[5]
Interview réalisée par Fausto Fasulo et traduite par Kim Bedenne en 2023. Publiée dans le magazine ATOM n°27 (décembre 2023 – janvier-février 2024).
Sources :
Ouvrages théoriques
BOUISSOU Jean-Marie, Manga. Histoire et univers de la bande dessinée japonaise, Arles, Editions Philippe Picquier, 2010.
PINON Matthieu, LEFEBVRE Laurent, Histoire(s) du manga moderne 1952-2012, Paris, Ynnis Editions, 2019-2022.
Magazines
ATOM n°27 ( « Shin’ichi Sakamoto, Révolutionner Dracula » ), Paris, Custom Publishing France, décembre 2023 – janvier-février 2024.
Japan Magazine (Hors-série « Le phénomène manga décortiqué »), Paris, Oracom, mars 2022.

Rédigé par Umeboshi
Rédactrice, Relectrice SEO, Community Manager, enfant prodige, passionnée d’univers gothiques, mangaphile, parle le japonais couramment, a rédigé une thèse de 80 pages sur JoJo’s Bizarre Adventure.
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