Suite à la sortie du film Jean Valjean et à l’approche de la nouvelle tournée de la comédie musicale des Misérables, on vous invite à tester vos connaissances… Connaissez-vous ces anecdotes célèbres sur les détails historiques, l’écriture du roman, ou encore les produits dérivés de la comédie musicale ? À ressortir à Noël pour briller lors des repas de familles !
1/ Quelques erreurs historiques se sont glissées dans la comédie musicale et dans les films…
À quoi ressemblait la marque du bagne ?
La comédie musicale nous parle beaucoup de cette fameuse « marque du bagne » qui, dans les mises en scène étrangères et les fanarts qui circulent sur internet, est une fleur-de-lys rouge tatouée sur la poitrine des prisonniers. Dans d’autres adaptations, comme le téléfilm avec Anthony Perkins en 1978, la marque du bagne est plutôt un matricule, tatoué sur l’avant-bras…
Alors, qui a raison ? Ni l’un ni l’autre ! Il existait bien une marque du bagne tatouée au fer rouge, qui n’a été abolie qu’en 1832. Mais ce n’était ni une fleur-de-lys, ni un numéro. La fleur-de-lys, c’était avant la Révolution. C’est par exemple la marque que porte Milady à l’épaule dans Les Trois Mousquetaires. Et ce serait bien sûr une perte de temps considérable de tatouer à chaque prisonnier un numéro différent ! Sans compter qu’ils pouvaient changer de matricule s’ils étaient renvoyés au bagne plusieurs fois.
Au XIXe siècle, donc, la marque du bagne consistait en deux lettres, « T. F. » pour « Travaux Forcés », imprimées sur l’épaule. Ou « T. F. P. », si l’on voulait ajouter « Perpétuité ». On nous parle de cette marque dans le roman Splendeurs et misères des courtisanes de Balzac. Mais pas tellement dans Les Misérables où Jean Valjean a peu de raisons de s’en inquiéter, puisque les hommes de cette époque portaient des redingotes et ne montraient donc jamais leurs épaules. Dans la comédie musicale, la marque du bagne est un raccourci scénaristique qui permet à Jean Valjean de se faire reconnaître rapidement lorsque c’est nécessaire pour l’intrigue.
Les forçats étaient-ils des galériens ?
On appelle souvent le bagne « les galères » dans le roman, ce qui conduit parfois les adaptations étrangères à penser que le travail des forçats consistait à ramer dans des galères… Eh bien, non : c’était un piège ! Les galères ont été utilisées de l’Antiquité au XVIIIe siècle, et les prisonniers de l’Ancien Régime ramaient donc effectivement dans les galères du roi. Au XIXe siècle, le bagne apparaît justement en remplacement de ces galères. À l’époque des Misérables donc, comme on le voit dans les films français, Jean Valjean travaillait plutôt dans des carrières de pierres. Dans le roman, cependant, on le voit aussi travailler sur des bateaux ou effectuer des travaux en ville, par exemple des réparations de bâtiments. Ses tâches étaient donc plus variées que cela : il pouvait s’agir de travaux d’intérêts généraux ou de corvées dangereuses dont personne ne voulait se charger.
Le terme « galères » continue de désigner le bagne après la suppression des galères. De là, il prend le sens familier de « travail pénible », d’où l’expression actuelle « Quelle galère ! ». Il est vrai également que les trois bagnes de la métropole (Brest, Toulon et Rochefort) étaient situés dans des villes portuaires. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, on construit aussi des bagnes dans les colonies, par exemple à Cayenne en Guyane.
2/ Il existe au Japon un jeu vidéo de combat sur Les Misérables !

Vous en rêviez ? Les Japonais l’ont fait ! Le jeu d’arcade Arm Joe permet aux personnages des Misérables de s’affronter à mort dans une arène… Vous pouvez par exemple déclencher un combat Thénardier VS Eponine au cours duquel ce brave Thénardier assassinera sa fille à coups de couteau ! Ou encore tester les personnages originaux, comme Ponpon le lapin et Robojean (Jean Valjean version robot) !


Disons-le tout-de-suite : ce jeu est très mauvais ! Il manque des personnages, notamment Fantine et Gavroche. Et la police se bat à mains nues, ce qui est irréaliste. Enjolras est renommé « Enjorlas » sur l’écran de présentation. (Il n’existe qu’une seule lettre en japonais pour le R et le L, d’où la confusion. Mais quand même, ils auraient pu faire un effort !) Enfin, le jeu est sexiste car Mme Thénardier ne se bat pas et sert seulement de soutien à son mari ! Étant donné le physique des personnages, ne devrait-ce pas être le contraire ? Et le pouvoir de Cosette est de lancer (littéralement) Jean Valjean sur ses ennemis, ce qui revient à l’envoyer se battre à sa place ! Au final, la seule femme qui se bat vraiment est Eponine.
Dommage, car le côté délirant du jeu aurait pu être sympathique si le reste avait tenu la route.

Comment Jean peut devenir Joe…
Peut-être vous demandez-vous pourquoi ce jeu s’appelle Arm Joe ? Et bien tout simplement parce que le design des personnages s’inspire des costumes de la comédie musicale et que les développeurs n’avaient visiblement pas les droits !
Ce titre est aussi un savant jeu de mots. Au Japon, de nos jours, le titre du roman est Les Misérables en français. Mais autrefois, il était traduit par Aa mujô, qui signifie « Oh, sans-cœur ! ».
Les développeurs du jeu ont donc cherché une formule anglaise percutante qui ressemblerait phonétiquement à « Aa mujô »… Et c’est ainsi qu’ils sont arrivés à « Arm Joe ».

3/ Thénardier tient son nom d’un ennemi politique de Victor Hugo
Le baron Louis Jacques Thénard, député et chimiste. Il s’oppose à une loi proposée par Victor Hugo qui devait réduire le travail des enfants dans les usines.
Il y a carrément une scène à la fin du roman où Thénardier se présente à Marius sous le nom du baron de Thénard et dit être un homonyme du fameux député !
4/ L’histoire de Fantine est tirée de faits réels
Vous pouvez lire l’anecdote dans Choses vues, le carnet de notes de Victor Hugo qui a été publié après sa mort. En 1841, l’écrivain raconte avoir été témoin de l’arrestation d’une prostituée qui n’avait fait que se défendre contre un bourgeois qui lui avait fourré une boule de neige dans le dos. Victor Hugo s’est alors rendu au poste de police pour témoigner en faveur de cette femme. Grâce à son statut d’écrivain célèbre et de pair de France plus qu’à son témoignage, il a finalement obtenu qu’on la remette en liberté.
Dans Choses vues, Victor Hugo raconte également avoir croisé un prisonnier que l’on emmenait pour avoir volé un pain, le 22 février 1846. Ce serait l’inspiration de Jean Valjean.
5/ Dans le manuscrit initial du roman, qui s’est intitulé Jean Tréjean puis Les Misères, presque tous les personnages avaient des noms différents…
- Jean Valjean s’est appelé Jean Tréjean, puis Jean Vlajean.
- Cosette s’appelait Anna Louet. D’où son surnom, l’Alouette, qui lui est resté dans le roman final.
- Fantine s’appelait Marguerite Louet.
- Gavroche s’est appelé Grimebodin, puis Chavroche !
- Marius s’appelait Thomas. Oui, c’est un nom très banal…
- Eponine et Azelma s’appelaient Palmyre et Malvina.
6/ On a retrouvé dans le manuscrit initial un dialogue comique de 15 pages entre Jean Valjean et Javert, coupé dans le roman final !
Oui, oui, vous avez bien lu ! Un dialogue comique. Ce passage correspond au chapitre « Comment Jean peut devenir Champ » dans le roman final. Mais c’est une version beaucoup plus longue et mélodramatique !
Pour rappel de la situation :
L’ancien forçat Jean Valjean a refait sa vie sous l’identité du maire Monsieur Madeleine. Mais Javert l’a reconnu et dénoncé à ses supérieurs. Ceux-ci lui répondent qu’il se trompe car, de leur côté, ils ont arrêté un sosie de Jean Valjean et sont persuadés de tenir la bonne personne. Convaincu d’avoir fait une grave erreur, Javert vient présenter ses excuses à Monsieur Madeleine…
…Et donc, dans cette version initiale, vous aviez droit à quinze pages de conversation laborieuse entre Javert qui parle à tort et à travers, pleurniche, veut s’excuser à genoux ; et Jean Valjean (ou plutôt Jean Tréjean à cette époque) qui tente désespérément de comprendre quelque chose à ce qu’il dit, et fait semblant de lire une feuille (qu’il tient en fait à l’envers) parce qu’il est trop gêné !
Vous croyez qu’on exagère ? Voyez donc ! On vous a surligné les meilleurs passages :





Passage en bas à droite : Il ne répond toujours pas à la question !!



Pourquoi Victor Hugo a-t-il réécrit cette scène ?
On suppose qu’il a modifié la personnalité de Javert pour en faire un antagoniste plus menaçant. Initialement, c’était apparemment un personnage assez secondaire et comique. Une autre explication est qu’il cherchait simplement à unifier le ton du roman.
7/ Le chanteur Jean Vallée, qui interprétait Javert dans la comédie musicale en 1980, a chanté plus tard une chanson intitulée « Javert, t’es amoureux »
Pourquoi cette chanson existe-t-elle ? On ne sait pas exactement, mais elle existe ! C’est devenu la chanson préférée des supporters du ship Valvert (Valjean x Javert) dans le fandom des Misérables à l’étranger !
Bonus : Parlez-vous l’argot ? Petit lexique d’ancien argot pour vous préparer à la comédie musicale…
Un grinche, un ouvrier = un voleur
Un fagot = un forçat
Les cognes, les sapins, la raille = la police, les gendarmes, les mouchards
Un rat de prison = un avocat
Le collège = la prison
Le pré = le bagne
Le taule = le bourreau (Et non la prison, comme dans l’argot moderne !)
Le taf = la peur (Et non le travail !)
Faire le gaffe = faire le guet
La sorgue = la nuit
La moucharde = la lune
Le grand soulasse, l’escarpe = l’assassinat
Jouer du 22, chouriner = jouer du poignard
Être paumé marron = être pris en flagrant délit (On dirait aujourd’hui « être grillé ».)
Être enflaqué = être arrêté
Décarer = se sauver
Une crampe = une évasion
Servir un ami = dénoncer un camarade
Le boulanger = le diable
Une maquilleuse de brèmes = une tireuse de cartes
Une gironde = une jolie femme
Un tapissier = un aubergiste
Du pivois = du vin
Une lourde et une tournante = une porte et une clé
Une profonde et une toquante = une poche et une montre
Félicitations ! Vous voilà instruits dans la langue des voleurs ! Retrouvez Les Misérables en tournée dans les différentes villes de France en 2026.

Merci d’avoir lu cet article ! Nous vous invitons à rejoindre la communauté des étoilé.e.s en participant à notre groupe Facebook « La Galaxie de la Pop-culture ». N’hésitez pas à nous suivre sur tous nos réseaux !

Rédigé par Umeboshi
Rédactrice, Relectrice SEO, Community Manager, enfant prodige, passionnée d’univers gothiques, mangaphile, parle le japonais couramment, a rédigé une thèse de 80 pages sur JoJo’s Bizarre Adventure.


Laisser un commentaire