[ANALYSE] Comment parler de la Seconde Guerre mondiale au cinéma ?

Comment aborder la Seconde Guerre mondiale dans les fictions et la pop culture ? C’est une question qui mérite d’être posée, en effet. Même en écartant les mangas japonais qui sont souvent mal documentés ou carrément révisionnistes, beaucoup de films occidentaux sont maladroits, voire blessants pour le public.

C’est peut-être la seule période historique que l’on ne peut pas idéaliser ni romancer. Il faut prendre en compte que beaucoup de spectateurs ont une histoire familiale lourde et que même les générations qui n’ont pas vécu la guerre en ont gardé un traumatisme. Il faut savoir aussi que l’on ne peut pas raconter n’importe quoi, sous peine de faire du négationnisme. Les films consacrés à la Seconde Guerre mondiale se doivent de respecter la véracité historique, ce qui constitue une contrainte scénaristique. On ne peut plus appliquer la méthode du romancier Alexandre Dumas qui consiste à déformer parfois l’Histoire pour les besoins du scénario !

La nécessité de penser de nouveaux modèles de scenarii

Puisque les antagonistes sont généralement des nazis, de nombreux tropes scénaristiques deviennent inenvisageables. En effet, il s’avère difficile de les dépeindre comme charismatiques ou nuancés. Les récits tendent donc naturellement vers le manichéisme. Il ne s’agit pas de censurer, mais de faire un primer le réalisme historique, l’éthique et le devoir de mémoire. Quelques mangas japonais ont bien tenté de représenter des nazis charismatiques, mais ces essais se sont révélés peu pertinents.

Certains films ont tenté de transposer des romans antérieurs à la Seconde Guerre mondiale, comme Les Misérables. Le résultat est généralement désastreux. D’autres ont essayé de s’inscrire dans des registres différents, comme les comics qui ont souvent pris un angle fantastique et sont même devenus des instruments idéologiques.

Avec la Seconde Guerre mondiale, sont apparus de nouveaux concepts : le fascisme, les régimes totalitaires, l’holocauste. Il faut donc trouver de nouveaux outils, de nouvelles métaphores, pour parler correctement de ces concepts.

Avertissement – Ce que l’on n’abordera pas dans cet article

Cet article se concentre sur les films populaires qui traitent de la Seconde Guerre mondiale en Europe. On exclue donc tout ce qui concerne la guerre entre les États-Unis et le Japon. On exclue également les films historiques ou expérimentaux comme Le choix de Sophie, Hiroshima mon amour, Le Tambour, etc. Et les films grand public tirés d’histoires vraies, comme La liste de Schindler, Messagères de guerre… Enfin, on exclue les films de propagandes, de nombreux films ayant été pensés pour générer de la propagande pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Notamment ceux produits par les États-Unis durant la guerre froide.

Ici, on s’intéresse aux fictions qui prennent la Seconde Guerre mondiale comme décor sans que c’en soit forcément le sujet principal. On développera cette réflexion à travers quatre exemples de films réussis sur la Seconde Guerre mondiale. Puis trois exemples de films problématiques. Si vous cherchez un film historique sur la Seconde Guerre mondiale à montrer à des enfants, vous ne le trouverez donc pas dans la liste qui va suivre, car elle ne concerne que le divertissement et les fictions. On vous conseillera par exemple Un sac de billes, qui est un véritable témoignage adapté du roman autobiographique de Joseph Joffo. Et qui est assez accessible au jeune public, les protagonistes étant des enfants. Il existe deux adaptations de ce roman, en 1975 et en 2017, toutes deux réussies.

Comment parler de la Seconde Guerre mondiale dans la fiction ? Les techniques pertinentes :

1/ L‘absurde : Monsieur Klein avec Alain Delon (1976)

Alain Delon en imperméable et chapeau. L'ambiance évoque un film à suspense.
© Lira films / Adel Productions / Mondial Televisione Film.

Le film se déroule en France, sous l’Occupation. Monsieur Klein (Alain Delon) découvre qu’il a un homonyme : il existe un inconnu qui porte le même nom que lui et dont il ne sait rien, mis à part que cet autre Monsieur Klein est juif. Inquiet à l’idée de pouvoir être confondu avec lui, Monsieur Klein se met à la recherche de ce double gênant, qui semble insaisissable. Mais ses recherches attirent l’attention, et l’on commence à penser que les deux Monsieur Klein ne font peut-être qu’un…

Cette histoire de double et de coïncidences étranges relève davantage de l’absurde que d’un traitement convaincant de la figure du doppelgänger. L’absurde est un mouvement artistique qui s’est développé dans le sillage de la Seconde Guerre mondiale, il est donc parfaitement adapté pour traiter cette époque. Son postulat est que cette période historique ne peut être expliquée par un récit rationnel, d’où le recours à des situations absurdes.

L’obsession du protagoniste pour son double et sa paranoïa croissante d’être confondu avec lui apportent à l’histoire une dimension cauchemardesque. À cela se mêlent des procédés scénaristiques plus classiques : c’est un film à suspense et un drame à engrenages qui utilise l’ironie tragique. Un pari risqué mais réussi qui rend cette histoire d’autant plus bouleversante.

2/ Le fantastique/la fantaisie sombre : Le labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro (2006)

Une petite fille à l'entrée d'une forêt gothique, faites d'arbres gigantesques et tordus.
© Wild Bunch Distribution.

Espagne, 1944. Une petite fille qui n’accepte pas que sa mère se remarie avec un capitaine franquiste se réfugie dans un univers de contes de fées, où lui apparaissent des monstres de plus en plus effrayants...

Ce conte de fée sombre est un moyen subtil d’aborder indirectement la guerre, à travers le regard d’un enfant. On alterne entre la violence du monde réel et les monstres horrifiques du monde imaginaire.

La petite fille projette ses peurs sous forme de monstres cauchemardesques. Et certaines scènes, comme celle de l’ogre surnommé « l’homme pâle », sont dignes d’un film d’horreur ! Au final, les deux mondes se révèlent aussi hostiles l’un que l’autre et se rejoignent pour former un tout terrifiant.

L'homme pâle est un monstre d'apparence humaine mais au visage sans yeux. Il a des yeux sur les paumes de ses mains et peut donc voir lorsqu'il place les mains devant son visage avec les doigts écartés.
© Wild Bunch Distribution. Description : L’homme pâle, le monstre le plus terrifiant du film !

La métaphore que représente ce monde onirique permet de parler de la guerre de façon implicite. C’est un procédé plus divertissant pour le spectateur. Pour le réalisateur, il offre une plus grande variété de décors et de scénarios, tout en apportant à l’histoire une dimension psychologique, et insufflant plusieurs niveaux de lecture.

Le labyrinthe de Pan est trop proche de l’horreur pour être recommandé au jeune public. Mais il existe aussi des films pour enfants, comme Le monde de Narnia, qui prennent la guerre pour point de départ et se déroulent ensuite dans un univers de contes. Citons aussi Le garçon et le héron d’Hayao Miyazaki, dont le scénario semble partiellement inspiré du Labyrinthe de Pan.

3/ L’humour ? Un pari risqué : La grande Vadrouille avec Louis de Funès et Bourvil (1966) et La vie est belle de Roberto Bengnini (1997)

De Funès et Bourvil, en costumes d'époque, faisant des têtes déconfites.
© Les Films Corona.

La Grande Vadrouille

Peu de films ont réussi à faire de l’humour sur la Seconde Guerre mondiale sans mettre mal-à-l’aise les spectateurs ! La grande Vadrouille doit bien sûr son succès à deux acteurs excellents, Louis de Funès et Bourvil, et à son ambiance « bon enfant ». Mais le film possède tout-de-même quelques défauts…

Pour commencer, c’est du mythe résistancialiste à haute dose ! Les trois parachutistes anglais qui doivent se cacher dans Paris ne tombent que sur des Français prêts à prendre tous les risques pour les aider. Où sont les collabos ?

L’humour fonctionne surtout grâce au génie de Bourvil et de De Funès. Mais si l’on refaisait aujourd’hui un film truffé de blagues sur les nazis, joué par des acteurs comiques moins doués, le public réagirait sans doute en se demandant : « Mais… qu’est-ce que je suis en train de regarder ? » L’humour, ça se manipule avec précaution.

Ce film a malgré tout l’avantage d’être tous publics. Et il ne tombe pas non plus dans le style édulcoré, car on comprend quand même que les nazis représentent une véritable menace.

La vie est belle

La vie est belle de Roberto Bengnini a fait grincer quelques dents à sa sortie, Bengnini ayant une réputation qui le précédait. Ce film raconte comment Guido Orefice, tombé sous le charme de Dora, va être séparé de sa famille et envoyé dans un camp de concentration avec son fils, Giosuè. Afin que son fils survive dans cette ambiance morne et obscure, Guido lui fait croire que tout ceci n’est qu’un jeu, et que le gagnant pourra remporter un char.

Bijou d’humour qui sait traiter avec sérieux les scènes les plus difficiles, La vie est belle montre avec force tout l’amour dont un père est capable pour son enfant. Aujourd’hui encore, ce film continue d’être utilisé pour expliquer la Seconde Guerre mondiale aux petits et aux grands. Son caractère familial apporte une touche de spontanéité et d’humanité dans un décor sombre, filmé avec beaucoup d’exactitude historique.

À présent, les écueils à éviter…

1/ Les histoires asceptisées : Belle et Sébastien de Nicolas Vanier (2013)

Un beau soldat allemand conversant avec une jeune femme dans une voiture.
© Gaumont. Description : Voici le « gentil soldat allemand », en pleine tentative de drague. C’est terrible, il n’arrive même pas à paraître gentil sur cette image ! Ah, la Seconde Guerre mondiale, cette période romantique…

C’est un exemple parmi tant d’autres d’un film édulcoré qui vise à parler de la Seconde Guerre mondiale aux enfants sans les choquer. Le principe est de transposer une histoire toute mignonne qui se déroulait initialement à une tout autre époque, de centrer le film sur cette histoire mignonne et de rajouter vaguement la guerre en arrière-plan.

En l’occurrence, dans le film Belle et Sébastien de 2013, qui se déroule sous l’Occupation, il y a même un gentil soldat allemand ! Et une histoire d’amour -un peu malaisante- entre une résistante et ce dernier. Alors, certes, les militaires allemands envoyés en France n’étaient pas tous des nazis et n’étaient pas tous des monstres… Mais de là à trouver un soldat allemand qui aide la Résistance française… De là à nous sortir une romance… Il y avait un cap à ne pas franchir ! On peut comprendre la volonté de ne pas diaboliser tous les Allemands, mais cet exemple n’est pas représentatif du comportement de l’armée allemande à l’époque. Et une histoire d’amour avec une résistante, c’est un scénario improbable…

On peut citer d’autres films pour enfants plus pertinents, mais tout aussi aseptisés. Par exemple, La Nouvelle Guerre des boutons (2011), autre transposition… Pour résumer, il ne s’y passe absolument rien ! On aperçoit trois miliciens qui arpentent les chemins et arrêtent trois personnes au cours d’une seule scène. Le reste du temps, on assiste à des péripéties un peu soporifiques, tandis que la guerre reste un simple murmure en arrière-plan. C’est mignon, oui… mais ça s’arrête là.

Ce sont des films destinés aux enfants, mais édulcorer à ce point le propos est une erreur. Si on leur présente la Seconde Guerre mondiale comme un univers de Bisounours, ils ne pourront jamais en saisir les enjeux ni la réalité.

2/ Les lectures anachroniques de l’Histoire : la transposition des Misérables de Claude Lelouch avec Belmondo (1995)

Belmondo avec un béret, au volant d'une voiture.
© Les Films 13. Description : Belmondo en plein délire. Il vient d’avoir une illumination : en fait, la Seconde Guerre mondiale, c’est l’histoire des Misérables ! Accrochez vos ceintures, il va vous expliquer tout ça…

Le point positif de ce film, c’est qu’il a tenté de parler de la collaboration. Mais il en a parlé trop maladroitement. Claude Lelouch a pourtant fait de très bons films sur la Seconde Guerre mondiale, comme Les uns et les autres en 1981. Idem pour Belmondo, qui a joué dans L’As des as. Mais transposer « Les Misérables à la Seconde Guerre mondiale » était un pari risqué… Pour commencer, que faire du personnage de Javert, qui est censé défendre l’État, si cet État n’est plus la monarchie de Juillet mais le régime de Vichy ?

Les problèmes de ce film résident dans la forme plus que dans le fond. Pour commencer, il se présente comme une lecture ou une transposition du roman de Victor Hugo. Alors qu’en réalité, le film repose plutôt sur la façon dont Les Misérables ont aidé le héros a faire des choix pendant la Seconde Guerre mondiale et à survivre. Mieux aurait donc valu choisir un titre distinct de celui du roman. Ensuite, le film a tenté d’utiliser Javert pour parler de la police de Vichy… et ça, c’est une catastrophe ! C’est une catastrophe sur le plan littéraire et c’est une catastrophe sur le plan historique. Voici, en 3 points, pourquoi…

1/ Parce que Javert est un personnage apprécié du public !!

Tous les personnages des Misérables sont sympathiques. À n’importe quel repas de famille, vous trouverez des gens pour défendre Javert ou Thénardier. Car Javert est un personnage complexe et nuancé, capable d’être horrible, admirable et émouvant. Enfant de criminels devenu un policier fanatique, qui se suicide en découvrant que ses convictions étaient fausses, il représente les traîtres envers leurs origines sociales, la fatalité des lois, puis la possibilité de remettre sa vie en question. N’oublions pas non plus que les personnages des Misérables sont des stars de comédie musicale à l’étranger ! Et que Jean Valjean et Javert sont tous deux inspirés de Vidocq, un personnage historique réel sans lien avec la Seconde Guerre mondiale.

Dans le romantisme, courant littéraire auquel appartient Les Misérables, les antagonistes sont charismatiques et poétiques. Certes, Claude Lelouch a eu soin d’effacer tous les éléments romantiques de Javert en mettant en scène son personnage de policier vichyste. La scène du suicide est très prosaïque. L’acteur a peu de charisme. Et il ne parle pas, comme dans le roman, d’honnêteté, de courage et d’honneur. Mais les lecteurs se souviennent du personnage original, c’est donc encore une métaphore trop positive pour la collaboration ! Appeler les collabos « les Javert », c’est poétiser quelque chose qui ne devrait pas l’être.

Victor Hugo est spécialiste des personnages de fanatiques : Claude Frollo (le prêtre amoureux), Javert (le fanatique de la loi), Cimourdain (le fanatique politique) ou encore Torquemada (le fanatique religieux). Ses personnages ont donc souvent été réutilisés par les films pour parler du nazisme. Et ce, même quand le thème du roman n’avait strictement rien à voir ! Par exemple, Claude Frollo n’est pas raciste envers les Bohémiens dans le roman Notre-Dame de Paris. Son problème est la passion amoureuse ! Mais l’ennui, c’est que ces figures tragiques qui fascinaient l’écrivain-poète inspirent également aux lecteurs fascination et empathie. Dans ces conditions, est-ce vraiment pertinent de les utiliser pour parler d’idéologies fascistes ? Javert est d’ailleurs le moins mauvais de ces quatre fanatiques, le seul qui comprend ses erreurs et qui ne cause pas la mort des autres personnages à la fin du roman ! Il est donc pardonnable aux yeux des lecteurs.

2/ Javert est une métaphore discutable pour la collaboration :

C’est un personnage qui est simplement dans l’erreur et qui croit servir la Justice. Certes, il pourrait illustrer la théorie de la banalité du mal définie par Hannah Arendt. Ou bien le fanatisme et l’endoctrinement. Mais il reste une allégorie qui explique la collaboration par la passivité et l’aveuglement. Alors que, dans la réalité, ce phénomène reposait sur un cocktail bien plus sombre : fascisme, lâcheté et opportunisme. On était loin du récit simpliste du type : « Oh zut ! J’obéissais aux ordres, je pensais faire ce qu’il fallait et je me suis trompé ! ».

Si le sujet du film était l’obéissance passive de la police sous Vichy –qui n’était pas seulement due à l’excès de discipline, mais aussi à la peur et souvent à une adhésion au fascisme–, il fallait s’appuyer sur des exemples réels plutôt que sur un personnage caricatural et déconnecté du contexte politique.

3/ Parce que mélanger tous les régimes et toutes les époques mène à des conclusions dangereuses…

Ce policier pratique la torture ! Et il est comparé à Javert, c’est-à-dire que le film nous explique ses agissements par l’aveuglement ?! Certes, si on résume Javert au fait qu’il obéisse au régime en place en croyant bien agir, alors on peut transposer ce narratif à n’importe quelle dictature et lui faire commettre les pires crimes !

C’est aussi pousser le spectateur vers une empathie mal placée, sans lui offrir le moindre développement narratif qui pourrait justifier cette nuance comme c’est le cas avec d’autres personnages de vilains. Résultat : on atténue la gravité de ses actes, on dilue sa responsabilité, et on finit par ne plus condamner ce qui devrait l’être.

Et ce n’était pas du tout le message du roman !

Javert est un personnage qui incarne la capacité à changer ses convictions. Ce n’est pas une allégorie de la police : il ne sert pas à défendre tous les policiers qui commettent des bavures, ni tous les fascistes qui participent à des crimes d’État ! Bien sûr, là n’était pas l’intention du réalisateur. Claude Lelouch a lui-même connu la guerre et son film se veut très critique à l’égard de ce personnage. Mais ce sont les écueils évidents d’une référence littéraire mal employée.

Double maladresse, car les lecteurs étrangers pensent souvent que Javert est d’origine tsigane, l’une des populations persécutées par le nazisme. L’origine de cette théorie serait l’expression « race de bohèmes » (chapitre « Vagues éclairs à l’horizon ») qui peut désigner aussi bien le peuple bohémien que de simples vagabonds. Et l’imaginaire espagnol développé dans le même chapitre, avec le récit d’une légende des Asturies. Et pourquoi donc le narrateur jetterait-il ce doute sur les origines de Javert ? Peut-être pour combattre les clichés qui, au XIXe siècle, assimilaient les Bohémiens à des voleurs. Donc le personnage portait peut-être effectivement un message discret contre les préjugés –et par extension contre les idéologies racistes. Mais ce n’est pas ce qui transparaît dans le film de Claude Lelouch.

3/ Le malaise : le film américain Jojo Rabbit (2019)

Hitler qui parle à un petit garçon en faisant une grimace amusante.
© Fox Searchlight Pictures. Description : L’expression de l’enfant exprime assez bien ce que ressentent les spectateurs. « S’il-vous-plaît, laissez-moi fuir… »

Retour du style « gentillet »… Un enfant allemand, endoctriné par le nazisme, découvre que sa mère est une résistante et cache chez eux une petite fille juive… Mais finalement, tout va bien : le petit garçon et la petite fille deviennent amis !

Ce film a aussi tenté d’appliquer les techniques de l’humour et du monde fantastique. Le petit garçon a Hitler pour ami imaginaire et celui-ci lui apparaît régulièrement pour lui parler, métaphore peu subtile pour l’endoctrinement. L’idée est donc que le petit garçon va comprendre peu à peu que le « Hitler sympa » qui lui parle dans sa tête n’est pas le même que celui de la réalité. Mais, cinématographiquement, c’est un pari risqué ! Car, à part Charlie Chaplin dans Le Dictateur, peu de gens ont réussi à faire des blagues sur Hitler sans faire fuir les spectateurs…

Bien sûr, c’est un film américain et les Américains sont plus détendus que les Européens pour parler du nazisme, ce qui explique ces choix audacieux. Même si le film est globalement réussi, c’est un exemple d’utilisation peu subtile de deux bonnes techniques présentées plus haut.

La technique du monde fantastique fonctionne quand le monde en question est totalement déconnecté de la réalité. Dans Le Labyrinthe de Pan, la petite fille parle à un faune, pas à Franco ! Et la technique de l’humour est à employer avec précaution. Ici, le film semble avoir plutôt cherché à jouer sur le malaise.

En conclusion :

Beaucoup de films ont une vision très réductrice et caricaturale de la Seconde Guerre mondiale. Il y a des sujets qui ne sont quasiment jamais évoqués, comme le programme Aktion T4 qui visaient à exterminer les personnes handicapées. De la même manière, les persécutions contre les personnes homosexuelles, tsiganes, leur arrestation et leur déportation dans les camps, restent largement invisibilisées. Pourtant, il s’agit d’un pan central de la répression nazie, dont les survivants ont longtemps été privés de reconnaissance.

À force de simplifier cette période en opposant gentils résistants et méchants nazis, le cinéma passe à côté d’enjeux essentiels. La Seconde Guerre mondiale n’a pas été un théâtre de rôles figés, mais un système de violences multiples, idéologiques, sociales et politiques. Il reste encore tant de sujets à explorer : l’eugénisme, les crimes contre l’humanité, la persécution des minorités, les zones grises, les collaborations opportunistes, ou encore les formes de résistances invisibilisées.

En somme, plus que d’ajouter de nouveaux films à la liste, il serait temps d’élargir véritablement le champ de ce que l’on raconte – à qui il s’adresse, et surtout, pourquoi on le raconte.

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Rédigé par Umeboshi

Rédactrice, Relectrice SEO, Community Manager, enfant prodige, passionnée d’univers gothiques, mangaphile, parle le japonais couramment, a rédigé une thèse de 80 pages sur JoJo’s Bizarre Adventure.


Tsilla Aumigny

Et par Tsilla

Rédactrice en Chef, ex-Enseignante en Lettres Classiques certifiée, Autrice de roman, Scoute toujours, Jedi à ses heures perdues, Gryffondor.

Comments

Une réponse à “[ANALYSE] Comment parler de la Seconde Guerre mondiale au cinéma ?”

  1. Avatar de
    Anonyme

    Une réflexion indispensable. Developpee avec précision et finesse. Un tour aussi complet que possible sur un sujet vaste et délicat.

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