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Quelle est la meilleure saison de JoJo’s Bizarre Adventure ?? Voilà bien LA question qui divise les fans ! Et ce n’est pas étonnant, car chacune a ses avantages… Nos rédacteurs Evan Garnier et Umeboshi n’ont pas pu résister : ils se sont lancés dans la bataille !

Un mot d’avertissement : Pourquoi faire un classement des saisons ?

Quand on y pense, l’exercice paraît aussi absurde que de vouloir classer, disons, les différents livres des Misérables de Victor Hugo ! Les saisons de JoJo’s Bizarre Adventure sont toutes écrites par le même auteur, et la seule différence de qualité entre elles semble être l’évolution du dessin au fil du temps. Les lecteurs les classifient donc en général purement en fonction de leur personnage ou de leur univers préféré, étant donné que ce sont des histoires très différentes. Avec chacune des personnages et un cadre différent.

Précisons donc d’emblée que ce classement est purement subjectif !

On a beaucoup analysé ce manga dans des articles précédents. Toutefois, ce classement ne s’appuie nullement sur nos analyses, mais entièrement sur nos goûts.

Dans quel ordre lire ou regarder JoJo ?

Soyons clairs : si vous ne connaissez pas encore JoJo, nous vous invitons bien sûr à lire les saisons dans l’ordre, et non de commencer par celle que nous allons présenter comme la meilleure !

En résumé :

Notre but ici n’est absolument pas d’imposer nos goûts. Prenez donc ce classement avec détente, distance, calme et bonne humeur… et tout devrait bien se passer !

Quelle est la meilleure saison de JoJo ? Le verdict de la rédaction est tombé !

8ème meilleure saison de JoJo : JoJolion 

Image de JoJolion : le héros, Jôsuke, avec sa petite amie Yasuho qui s'appuie sur son épaule.
Source : JOJOLION © Hirohiko Araki & LUCKY LAND COMMUNICATIONS / SHUEISHA. Tous droits réservés.

C’est un classement sur 8 saisons car The JoJolands n’est pas encore terminée. JoJolion arrive dernière, mais cela ne veut pas dire qu’elle est mauvaise. Ce n’est simplement pas notre scénario préféré.

Il s’agit d’une reprise des parties 4 et 2, qui n’étaient déjà pas spécialement nos préférées. Dans cette saison, l’auteur cherche vraiment à s’éloigner du shônen manga, ou même du seinen, et à faire quelque chose de différent. Il n’y a donc pratiquement aucun des codes des mangas habituels, et pour les amateurs de shônen manga, cela peut rapidement être perturbant. Par exemple, le héros n’a pas une personnalité très marquée, et aucun personnage n’est véritablement attachant.

En revanche, cette saison plaira davantage à un public plus mature, moins habitué aux mangas shônen, et plus à la bande dessinée occidentale ou au cinéma…

7ème meilleure saison : Diamond is Unbreakable 

Image de Diamond is unbreakable : avec l'éclairage, le ciel paraît jaune et le sol de la ville paraît rose, ce qui crée une ambiance un peu inquiétante...
Source : JOJO’S BIZARRE ADVENTURE © 1986 by Hirohiko Araki & LUCKY LAND COMMUNICATIONS / SHUEISHA Inc. Tous droits réservés.

Là encore, Diamond is Unbreakable n’est pas le style de scénario que je préfère. C’est cependant l’une des saisons les plus originales, et l’une des plus intéressantes à étudier, car c’est une critique directe de la société japonaise et du conformisme. Même si cette critique est présente, de manière plus ou moins voilée, tout au long de la série.

Elle met en scène un tueur en série qui rôde dans une petite ville monotone et tranquille, avec notamment beaucoup de références à l’œuvre de Stephen King. Comme JoJolion, donc, elle est assez originale et ne ressemble pas à un shônen traditionnel. Et comme JoJolion, elle a beaucoup de succès chez un public plus mature, et elle est adorée par les passionnés de Fantastique. Elle parvient même à convaincre des gens habituellement sceptiques envers les mangas.

Ce n’est pas la plus divertissante, donc, mais la plus intéressante. Je la mets toutefois devant JoJolion car Kira, qui incarne le conformisme, est clairement l’un des meilleurs antagonistes de la série… Après DIO, cependant !

J’ai l’impression que le rythme de l’adaptation anime a été complètement raté comparé au manga. Pendant une dizaine d’épisodes, il n’y a littéralement pas de scénario (ou si peu). Et l’anime devient longuet. Je ne suis pas fan non plus de la direction artistique sur cette partie. Je suis toujours hésitant sur cette Partie 4, parce que tout est moins brillant que le reste : L’un des moins bons Jojo, l’une des moins bonnes équipes, pas la meilleure partie en termes de combats…

MAIS, il y a Kira… LE meilleur antagoniste de tout JoJo ! Ce tueur en série porte toute la partie sur ses épaules, et chaque scène où il apparaît est incroyable ! Autrement dit, la souffrance et la patience du spectateur sont largement récompensées. Mais est-ce suffisant pour rattraper tout Diamond is Unbreakable ? Pas sûr…

6ème meilleure saison : Battle Tendency 

Image de Battle Tendency, avec le héros, Joseph, et l'antagoniste, Kars. Là aussi, les couleurs sont très vives, dans des tons roses et violets.
Source : JOJO’S BIZARRE ADVENTURE © 1986 by Hirohiko Araki / SHUEISHA Inc. Tous droits réservés.

Je sais que Battle Tendency a parfois été dénigrée par la critique, car on lui reproche de manquer d’originalité et de reprendre un peu paresseusement la recette de Phantom Blood (histoire d’amitié/rivalité, objet magique en pierre, rencontre avec un maître et phase d’entraînement, « fausse fin » et plot twist de dernière minute) sans renouveler non plus les designs des personnages… Les gens qui disent ça n’ont rien compris, car c’est justement le principe de ces deux saisons d’être construites parfaitement en miroir !

Des personnages tout simplement géniaux et un hommage au cinéma

Joseph est l’un des meilleurs héros de la série. Contrairement à Jonathan dans Phantom Blood, il est immédiatement sympathique aux lecteurs, car il déconstruit complètement les valeurs arriérées des héros de shônen (courage, honneur, sacrifice) qui rappellent trop la période impérialiste du Japon. Et Lisa-Lisa est le premier personnage féminin que j’ai trouvé vraiment cool dans cette saga.

Battle Tendency est aussi la meilleure histoire d’amitié de la série ! C’est un élément important car, par rapport aux autres mangas shônen, JoJo’s Bizarre Adventure ne privilégie habituellement pas beaucoup l’émotion. Et l’absence apparente de liens entre les personnages me dérange parfois, notamment dans Stardust Crusaders. Malgré sa brièveté, Battle Tendency est l’une des saisons où l’on s’attache le plus aux personnages. Et c’est parce qu’il y a des liens forts entre eux.

En résumé : de bons personnages et des liens entre eux, c’est une recette qui fonctionne ! Cette saison est aussi un formidable hommage au 7ème art, avec des références à des grandes sagas de films comme Indiana Jones, Alien, Rambo et James Bond. Elle mêle ainsi aventure, guerre et science-fiction. Si Phantom Blood est la période « littéraire » d’Araki, Battle Tendency est sa grande période « cinéma » ! Les contrastes mythologie / science-fiction et érotisme / film de guerre donnent un ton unique à cette saison, à la fois original et envoûtant.

Malheureusement, une assez mauvaise exploitation du cadre historique…

Personnellement, je garde quand même un souvenir mitigé de cette saison, que j’ai aussi trouvée trop triste et trop sombre (Seconde Guerre mondiale, histoire d’amitié tragique…). C’est pourquoi je ne la classe pas plus haut, même si elle le mériterait peut-être. Bien sûr il y a aussi des gags et de l’humour mais, pour moi, ça ne compensait pas vraiment. Au contraire, le décalage entre la gravité de l’époque et le ton parfois léger du manga est parfois gênant.

Cette « mauvaise ambiance » est sans doute beaucoup due au personnage de Stroheim : Je sais qu’il s’agit d’un hommage un peu maladroit à Erich Von Stroheim, réalisateur célèbre et acteur spécialisé dans les rôles de méchants officiers allemands… Mais, pour les gens qui n’ont pas la référence (c’est-à-dire la majorité du public!), traiter ainsi le nazisme à la légère, ça ne passe pas. Que les nazis se rallient aux héros à la fin pour aider à défendre l’humanité contre des envahisseurs est particulièrement ironique !

Sans vouloir introduire de la morale partout, je pense qu’une œuvre sur la Seconde Guerre mondiale se doit d’avoir un minimum le souci du réalisme historique. Et, moralement, les héros qui portent par ailleurs de belles valeurs d’ouverture sur le monde ne peuvent pas fraterniser avec un officier nazi qui ne remet pas un seul instant ses idées en question… On voit bien qu’il n’y a pas de mauvaises intentions de la part de l’auteur, et je sais que c’est un peu le principe de JoJo d’être parfois délirant et absurde. Mais là c’est vraiment très maladroit, c’est une absence totale de bon sens et de réflexion.

Certains disent que JoJo commence à la Partie 2. C’est bien sûr faux… Mais ça témoigne de quelque chose… Battle Tendency, c’est la partie où les combats stratégiques apparaissent. Où le too-much franchit une nouvelle étape. Je ne la vois pas comme une histoire sombre, au contraire ! C’est la partie où l’esthétique commence à devenir « flashy » et «« gay-friendly»». Mais, là encore, c’est peut-être la direction artistique de l’anime qui donne cette impression.

Battle Tendency, c’est une histoire simple, mais sacrément bien rythmée. Comme une montagne russe. Araki a totalement réussi à donner un souffle d’aventure à la hauteur des vieux Indiana Jones. Joseph est un héros génial à suivre, un vrai prestidigitateur. Mais tous les personnages importants sont charismatiques et intéressants. Oui, même von Stroheim ! C’est rafraichissant de voir un autre regard que le nôtre sur un personnage nazi. En tant que nippon, Araki n’est pas influencé par le poids de l’Histoire européenne. Il peut donc y aller franco, et raconter ce qu’il a envie de raconter avec un personnage germanique des années 30, sans s’autocensurer.

C’est la même chose avec les nazis génialement barrés et ultra-référencés du Hellsing d’Hirano Kôta. Et paradoxalement, Stroheim en devient un personnage plus nuancé et complexe que bien des équivalents dans la fiction européenne.

Mais Battle Tendency garde quelques petits ratés : Esidisi, un des antagonistes principaux, est oubliable. Quand à Lisa-Lisa, la mentor des héros, elle aurait mérité un vrai combat. Malgré ses efforts pour imposer un personnage de femme forte dans un shônen, Araki s’est heurté aux préjugés très machistes du monde du manga dans les années 80. Il n’a peut-être pas pu aller au bout de cette idée à l’époque.

Ce coup-ci, bravo au studio David Production pour avoir brillamment adapté cette partie ! L’OST en particulier, qui lorgne vers la dubstep (avec une touche de mystique antique) est addictive ! Ce n’est pas un hasard si Battle Tendency est l’une, si ce n’est LA partie préférée des fans « anime only ».

5ème meilleure saison : Golden Wind 

Image de Golden Wind. J'ai pris une image assez ordinaire, où l'on voit tous les personnages. Mais, à partir de cette saison, l'auteur dessine souvent les personnages avec des poses érotiques, par simple esthétisme, car parfois il dessine ensemble deux personnages qui n'ont en réalité aucun lien ou sont simplement amis dans l'histoire. Par exemple, sur cette image, Buccellati et Mista semblent se lancer un regard langoureux !
Source : JOJO’S BIZARRE ADVENTURE © 1986 by Hirohiko Araki & LUCKY LAND COMMUNICATIONS / SHUEISHA Inc. Tous droits réservés.

Les points forts :

Une histoire de révolte contre l’autorité ! C’est un thème peu courant pour un manga japonais, le Japon étant plutôt connu comme un pays très discipliné. Mais qui, en France, est toujours très apprécié du public, en raison de notre longue tradition de révoltes sociales et de Révolutions. Et, bizarrement, Golden Wind est malgré tout devenue la saison la plus populaire au Japon…

Dans cette saison, l’auteur développe un nouveau style de dessin, plus érotique. Ainsi, si vous ne connaissez pas encore JoJo et que vous voulez juste savoir à quoi ça ressemble, je vous conseillerais de regarder cette saison.

Comme Battle Tendency, elle se déroule en Italie et donne envie de faire du tourisme car on y fait un véritable tour des villes et des monuments. Je connais des personnes qui ont brusquement décidé d’apprendre l’italien juste après avoir lu ces chapitres !

Enfin, mention spécial à l’anime pour la chanson « Uragirimono no Requiem », que l’on pourrait écouter en boucle sans s’en lasser ! Incontestablement l’un des meilleurs openings de tous les temps. Ajoutons que Golden Wind est la saison grâce à laquelle je suis devenue fan de la série. Même si ce n’est pas restée l’une de mes saisons préférées ensuite. Son character design plus moderne, son ton épique et l’intégration (enfin !) d’un personnage féminin (Trish Una) parmi les protagonistes ont ramené toute une nouvelle génération de fans, dont je fais partie.

Les points faibles :

Le plus gros point faible de cette saison, comme pour Battle Tendency, serait l’antagoniste. Quand on m’avait dit qu’il avait un dédoublement de la personnalité, j’avais imaginé Saga dans Saint Seiya… et je me suis retrouvée avec Diavolo à la place !

Un peu déçue aussi par la représentation de la mafia… On ne retrouve pas du tout les valeurs habituelles transmises par le parrain : famille et religion. En fait, ils ressemblent plutôt à des gangsters américains.

Bien sûr, les vêtements flashy font partie de l’esthétique du manga… Mais était-ce vraiment incompatible avec des tenues qui rappellent la mafia ? Comme les costumes noirs que les personnages portent à la fin ?

Quand on situe son histoire dans des cadres aussi variés (l’Angleterre victorienne, les années 30, le far West ou la mafia italienne), c’est dommage de ne pas exploiter le cadre au maximum à chaque fois. En termes techniques, cela manque de pittoresque, ou de couleur locale.

Enfin, cette saison aurait pu gagner en drame si Fugo avait véritablement trahi…

Basiquement, Golden Wind c’est Stardust Crusaders sous stéroïdes. Même principe, mais presque tout est meilleur, plus abouti. Le côté road trip et le charisme du groupe restent néanmoins en faveur de Stardust Crusaders (les membres du gang de Buccellati se ressemblent tous…).

Golden Wind montre une progression dans l’écriture d’Araki. Cette fois, plutôt que de nous occuper avec une ribambelle d’antagonistes indépendants (comme c’était le cas dans les Parties 3 et 4 avant d’arriver au grand méchant), l’auteur choisit de développer les ennemis secondaires. L’équipe d’assassins qui se mettra sur le chemin de nos héros est composée de personnages bien définis, développés et soudés entre eux. Même chose pour les héros, qui ont tous droit à leur petit flash-back bien drama. L’émotion sera d’ailleurs assez dingue tout au long de la partie. Avec certaines scènes dignes d’une tragédie épique ! Cette majesté est encore renforcée par les très nombreuses références au christianisme parsemant le récit.

À noter que David Production s’est surpassée dans l’adaptation de cette partie ! C’est de loin la plus belle en termes de direction artistique et d’animation ! Normal pour la chouchoute du public nippon !

Je dois dire que Golden Wind a un effet bizarre sur moi… Ce n’est pas ma partie préférée (elle reste dans le haut du panier)… Mais c’est, et de très loin, celle que j’ai relu/revu le plus de fois ! Il y a quelque chose dans sa simplicité et sa puissance qui font que l’on ne s’en lasse jamais !

4ème meilleure saison : Phantom Blood 

Image de Phantom Blood. J'ai pris une image en noir et blanc car c'est une saison dans laquelle l'auteur travaillait beaucoup sur les contrastes. Ici, Jonathan est tout en noir et Dio tout en blanc. Le sol du manoir est un damier avec des carreaux géants.
Source : JOJO’S BIZARRE ADVENTURE © 1986 by Hirohiko Araki / SHUEISHA Inc. Tous droits réservés.

L’histoire de Dio, antagoniste le plus iconique de la saga !

Dio est, je pense, mon personnage préféré du manga. Et, s’il faut choisir entre les différentes époques de sa vie, mon Dio préféré est bien sûr celui de Phantom Blood. Car c’est le moment où il est le plus manipulateur, et où il arrive le mieux à avoir de l’emprise sur le héros. Il avait aussi ce côté « petit escroc pas doué » qui a complètement disparu par la suite… Et Phantom Blood est la seule partie du manga où l’on suit les personnages depuis leur enfance jusqu’à leur mort, ce qui les rend particulièrement attachants.

Phantom Blood est aussi la seule partie gothique du manga. Et du vrai gothique ! Comme Dracula, pas comme Twilight… Mais si c’est l’un des rares bons mangas gothiques qui existent, c’est aussi qu’il a eu la chance d’être écrit avant que les vampires ne deviennent ultra-populaires et complètement clichés : avant que les vampires n’envahissent le cinéma et les mangas dans les années 1990, les auteurs n’avaient d’autre choix que de s’inspirer directement de littérature ! C’est aussi cette inspiration littéraire qui donne au manga son ton dramatique.

Une mine d’or de références !

C’est la saison la plus courte, et pourtant c’est celle qui contient le plus de références littéraires au mètre carré ! Bien sûr, c’est aussi un point faible : le scénario est excellent, mais on le croirait écrit par ChatGPT !

Toutefois, je pense qu’il y a une forme de créativité, et même d’audace, dans le choix de références aussi différentes et dans leur agencement… Réfléchissez ! Qui, à part Araki, a jamais eu l’idée de mélanger le roman fantastique Dracula de Bram Stocker avec le roman réaliste À l’est d’Eden de John Steinbeck ? Et Salem de Stephen King avec Les Misérables de Victor Hugo? Puis ces quatre romans avec le shônen manga Hokuto no Ken (Ken le Survivant)?? Le tout, avec une mise en scène inspirée du giallo italien et de vieux films d’horreur obscurs??? Mon avis est peut-être débattable, mais je trouve que c’est du génie !

Le plagiat ne me dérange pas lorsque c’est bien fait. Si l’on s’inspirait plus souvent de littérature – en BD comme au cinéma -, cela donnerait de bien meilleurs scénarios ! En outre, connaissez-vous un seul auteur qui ait vraiment construit son œuvre à partir de rien? Araki a juste une tendance au maniérisme, qui le pousse à rendre ses sources d’inspiration évidentes plutôt que de chercher à en gommer la trace.

…Mais on préfère de loin le méchant au héros !

Le véritable défaut de cette saison, en revanche, c’est le héros, Jonathan : passif, lent d’esprit, sans ambition et sans charisme, et qui semble finalement n’être qu’un prétexte pour mettre en valeur Dio ! Pour commencer, il ne prend presque aucune décision par lui-même : il suit bêtement les préceptes de son père (qui n’est pourtant pas un génie…), puis de Zeppeli (qui n’est pas non plus la file la rapide du supermarché !). Pour un héros de shônen, je trouve qu’il manque franchement de dynamisme.

Ajoutons que Jonathan (qui n’aspire qu’à mener une vie tranquille et bien rangée avec son père, sa femme et son chien) défend a priori le conformisme et le conservatisme de la société japonaise. Il est soumis à l’autorité de son père et se montre protecteur (voire condescendant) envers sa femme : il obéit à des valeurs patriarcales. À l’inverse, Dio, qui n’a de respect pour rien, incarne l’individualisme et la liberté. Pas étonnant, donc, que le public préfère Dio

Autre problème : les personnages secondaires (Zeppeli, Speedwagon, Erina) ne servent pas à grand chose et sont un peu agaçants ! Enfin, le character design laisse clairement à désirer… L’auteur ne s’est d’ailleurs pas foulé : il a repris le visage de BT (dans Mashônen BT) pour Dio et celui de Michael (le petit ami insignifiant de l’héroïne dans Gorgeous Irene) pour Jonathan !

Phantom Blood est, je pense, la saison que j’ai le plus relue. C’est une saison dont on ne se lasse jamais, car on y découvre à chaque fois de nouveaux détails et de nouvelles références. Et – chose rare pour un manga shônen – l’épisode 1 de l’anime est mon préféré de toute la série ! Mais en réalité je la trouve archi-surcotée, étant donné ce héros trop sage et le reste de son équipe. Jonathan a raté deux codes de base du héros de shônen : 1) savoir être un clown, 2) savoir être un rebelle…

Phantom Blood est atrocement sous-cotée. Tout le début, façon Dallas, est étrangement passionnant. Puis, tout part en vrille, de la meilleure des façons !

Si Jonathan est un héros classique, il a une bonté et une noblesse d’âme qui forcent l’admiration. C’est la partie où Dio est le plus intéressant. Car il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il est vulnérable, et doit comploter pour atteindre son objectif. Et contrairement à ma collègue, je trouve les personnages secondaires très cools !

Dommage que le héros et les combats soient un peu trop classiques par rapport aux parties suivantes. Avec le « ventre mou » des tomes 3 et 4, c’est ce qui place Phantom Blood parfois bas dans certains classements.

L’ambiance gothique et les dessins, notamment les décors victoriens, sont dingues ! Ils ont vraiment du charme. C’est pour cela qu’il faut absolument lire cette partie en manga. Phantom Blood en anime, ça reste très bon, mais David Production s’est planté sur l’adaptation de cette partie. Trop colorée, trop classique… On ne ressent pas assez toute l’atmosphère gothique et la gravité de la partie.

3ème meilleure saison : Stardust Crusaders 

Image de Stardust Crusaders. Elle est construite comme un poster de film, avec Jôtarô au premier plan et les personnages secondaires à l'arrière.
Source : JOJO’S BIZARRE ADVENTURE © 1986 by Hirohiko Araki & LUCKY LAND COMMUNICATIONS / SHUEISHA Inc. Tous droits réservés.

…Eh oui, seulement en troisième ! (Ne me tuez pas…)

Le combat le plus culte de la série :

Stardust Crusaders est LA saison la plus iconique du manga. Pour commencer, il y a le héros le plus iconique (Jôtarô) et l’antagoniste le plus iconique (DIO) réunis dans la même saison. Et le combat le plus iconique, qui les oppose.

Araki a inventé le personnage de l’antagoniste dans Phantom Blood et celui du héros dans Battle Tendency. (Jonathan est souvent cité comme le premier héros de la série, mais en réalité il sert surtout de faire-valoir à Dio. Tout comme les hommes du Pilier sont des personnages peu développés qui mettent en valeur Joseph.) Stardust Crusaders est donc la saison où l’antagoniste et le héros se retrouvent enfin face à face !

Les stands et le cadre mystique :

DIO est différent, mais aussi bien que dans Phantom Blood. Il réussit à être surprenant alors que les lecteurs le connaissent et il a acquis un côté mystique qu’il n’avait pas du tout auparavant. Le cadre égyptien est possiblement une référence à Lestat le Vampire d’Anne Rice. Ce décor et les pouvoirs associés au tarot contribuent eux-aussi à l’atmosphère mystique de la saison.

Stardust Crusaders est aussi connue pour avoir introduit les stands, qui deviennent ensuite la technique de combat principale des personnages. Ce sont ces combats de stratégie délirants qui ont, en partie, fait le succès de la série. De nos jours, les combats de stratégie sont devenus courants dans les mangas. Ils se sont popularisés dans les années 1990 avec des mangas comme Hunter x Hunter. Mais Stardust Crusaders démarre en 1989 et, à cette époque, c’était une véritable révolution ! Ce style de combats plaît particulièrement aux lecteurs qui ont l’esprit scientifique. Avec des saisons comme Phantom Blood qui visent plutôt les littéraires, puis des saisons comme Stardust Crusaders, le manga parvient donc à cibler un public très large.

Un problème : Trop de combats et pas assez de dialogues…

Un problème global de cette saison, c’est le manque d’interactions et de lien entre les personnages. C’est dommage car, puisque les deux personnages les plus iconiques de la série se rencontrent enfin, ils auraient quand même pu faire un peu plus d’efforts pour essayer de se connaître… Je n’aime pas beaucoup Jonathan, mais il faut avouer qu’il avait de bien meilleures interactions avec Dio que Jôtarô, qui n’a tout simplement rien à lui dire quand il se retrouve enfin face à lui !

Comme quoi, le plus important dans un scénario n’est peut-être pas d’avoir des personnages intéressants séparément, mais bien des personnages capables d’interagir ensemble… Dans cette saison, on a simplement l’impression que l’auteur est tellement focalisé sur les combats de stands et le côté esthétique du manga, qu’il en oublie parfois de développer l’histoire et les liens entre les personnages.

On peut aussi reprocher à cet arc de manquer de profondeur…

Selon John Truby dans L’anatomie du scénario, toute bonne histoire se doit de présenter au public un débat moral pour le captiver. Et c’est un peu ce qui manque ici…

Voici quelques exemples de débats moraux dans les autres saisons :
  • Phantom Blood : Le débat tourne autour de l’attitude à adopter face à Dio. Dio est-il né mauvais ou est-il victime de son éducation ? (question classique de l’origine du mal) Comment se comporter loyalement face à un adversaire déloyal qui exploite à son profit la gentillesse des autres ? Le héros va-t-il condamner Dio à la fin ? Peuvent-ils encore se réconcilier alors que Dio a assassiné sans remord le père de Jonathan ??
  • Battle Tendency : Un personnage qui se présente comme tricheur, lâche et désinvolte peut-il devenir un héros et sauver le monde ? (question classique de l’antihéros)
  • Golden Wind : Une lutte de pouvoir dans la mafia prend la dimension mythique d’un combat contre le diable… Mais combien de sacrifices ce combat exigera-t-il ? En prenant à son tour la tête de la mafia, l’ange ne devient-il pas un nouveau diable ??
  • JoJolion : Qu’est-ce que le bonheur et comment le trouver ? N’y a-t-il pas autant de réponses à cette question que d’individus ?

Mais l’arc de Stardust Crusaders est trop manichéen, au mauvais sens du terme. Jôtarô ne se pose aucune question existentielle et n’en pose aucune au lecteur : il se contente de gagner tous ses combats et de rentrer chez lui ! Le manichéisme peut être une bonne chose s’il permet de poser un débat comme dans Phantom Blood ou Golden Wind. Mais ici, on a simplement l’impression d’assister à un enchaînement interminable de combats…

…Et je trouve que l’anime est moche par rapport au manga !

C’est une saison que je vous conseillerais vraiment de lire en manga. Le fait est que le dessin est cent fois mieux dans le manga, et les personnages sont cent fois plus beaux ! L’anime a voulu rester sur le style de personnages très musclés des deux premières saisons, mais les personnages du manga étaient déjà beaucoup plus fins et plus érotiques. C’était d’ailleurs l’une des innovations de cette saison, et la raison pour laquelle le nouveau design de DIO n’est révélé qu’à la fin.

…Et si mon collègue trouve que l’ambiance gothique de Phantom Blood n’est pas bien rendue par l’anime, alors que dire de l’atmosphère mystique de l’Égypte ? On ne la ressent pas du tout : ni à travers les musiques (le nouveau thème de DIO est nul par rapport aux ost de la partie 1 !), ni à travers les décors.

C’est normal que Stardust Crusaders soit la partie la plus culte. Il y a Jôtarô, le posterboy. Dio, qui se surpasse question memes. Et surtout l’introduction des Stands. Mais… C’est une partie surcôtée. Araki a fait largement mieux depuis.

Pour ce qui est de l’anime, le rythme est atroce ! Un début mou du genou, et beaucoup trop d’épisodes ! Il faut s’accrocher. Quant au scénario, il tient un peu trop sur un post-it…

De plus, je trouve Dio très décevant comparé à la Partie 1. Notamment lors du combat final Jôtarô vs Dio, considéré par beaucoup comme le duel le plus culte de la saga. Pour moi, cet affrontement n’est pas à la hauteur de sa réputation.

Stardust Crusaders est une partie inégale. Certains des meilleurs combats de tout JoJo côtoient les pires. En revanche, le côté road trip a un charme fou. Il y a quelque chose de nostalgique a avoir traversé tout ce voyage avec les Crusaders. C’est ça qui rend la Partie 3 inoubliable. Le générique de fin, Last Train Home, illustre parfaitement ce que l’on ressent après avoir terminé cette Odyssée. « Ce qui compte ce n’est pas la destination, c’est le voyage ». Ou alors « le tout est supérieur à la somme de ses parties ? »

2ème meilleure saison : Stone Ocean 

Image de Stone Ocean. Cette fois, la couleur dominante est le vert ! On voit Jolyne avec ses amies : Hermes et Foo Fighters.
Source : JOJO’S BIZARRE ADVENTURE PART 6 STONE OCEAN © 1999 by LUCKY LAND COMMUNICATIONS / SHUEISHA Inc. Tous droits réservés.

Stone Ocean est clairement la saison qui a le scénario le plus complexe, avec de plus un côté très métaphysique. Le thème de l’évasion de prison est original et bien traité. Toute la première partie de la saison se déroule en huis-clos, ce qui est particulièrement intéressant. L’antagoniste est un personnage complexe, avec une back-story développée.

Les combats de stands, également, comptent parmi les meilleurs de la série. Je pense notamment au stand Jail House Lock, inspiré du film Memento, de Christopher Nolan, qui est vraiment extraordinaire !

C’est aussi la seule saison de JoJo où l’héroïne est une fille. Ce qui est extrêmement rare pour un shônen manga ! Et même les shônen qui mettent en scène des héroïnes ne les traitent pas exactement comme ils traiteraient un héros masculin. Ici, au contraire, Jolyne est vraiment traitée comme les autres JoJo. Elle n’est pas polie, ne poursuit pas un objectif amoureux, et ses combats sont beaucoup plus violents que ceux des autres parties… De quoi déconstruire tous les clichés associés aux femmes dans les shônen mangas !

Je défendrai cette partie jusqu’à la mort ! C’est ma préférée. Le contexte carcéral est une idée de génie. C’est comme si la prison était l’un des personnages principaux. Quant à Jolyne, c’est un des JoJo les plus attachants, développés et badass ! Le Père Pucci, l’antagoniste de cette partie, est tout aussi badass que son objectif est noble.

Stone Ocean, c’est un coup de génie. Une foule de moments marquants : Le tome 1 qui est un chef d’œuvre pour moi, l’opération Savage Garden, le passage Fight Club… Un scénario magistral, qui monte sans cesse crescendo. Jusqu’à un dernier tiers ultra-puissant qui finit sur l’une des meilleures fins toutes œuvres de fiction confondue !

Je recommanderai de lire cette partie en manga. L’adaptation anime est très bonne, mais le manga sublime la puissance des scènes.

J’ai du mal à comprendre certaines critiques sur Stone Ocean. Certains reprochent un « ventre mou » question rythme. Pour ma part, je ne l’ai pas ressenti. D’autres reprochent à Araki d’avoir inventé des Stands trop perchés. C’est justement ça qui est bon ! (Même si je déteste le combat de Dragon’s Dream). En revanche, je rejoins les critiques sur l’équipe de protagonistes. Ils mettent trop de temps à être développés.

…Enfin, la meilleure saison de JoJo : Steel Ball Run !

Image de Steel Ball Run. La couleur dominante est le orange. (Araki aime les couleurs vives !) On voit Gyro au premier plan, suivi de Johnny puis Diego, tous lancés sur leurs chevaux au gallot.
Source : STEEL BALL RUN © 2006 Hirohiko Araki & LUCKY LAND COMMUNICATIONS / SHUEISHA Inc. Tous droits réservés.

Pour le coup, je pense que mon avis est assez conventionnel : Steel Ball Run est souvent classée, avec raison, comme l’une des meilleures saisons. Je n’aime habituellement pas les westerns, mais là, j’ai été convaincue ! C’est un manga véritablement addictif, le genre de manga qu’on ne lâche pas.

Le scénario est un véritable tour de force… On retrouve dans le désordre tous les éléments des parties 1 et 3, mais pourtant l’auteur réussit chaque fois à nous surprendre, en trompant nos attentes ! Comme s’il avait éclaté un puzzle et qu’il le reconstruisait de manière totalement différente, pour former avec les mêmes pièces une nouvelle image.

Les personnages sont développés et complexes. Avec le flash-back de Johnny, l’auteur reprend les références à l’œuvre de Steinbeck, qu’il n’avait pas utilisées depuis Phantom Blood, et qui donnent, à coup sûr, des histoires de famille intéressantes ! (Oui, j’aime bien le drama…)

Ma seule critique concernerait Lucy, qui est le personnage féminin le plus important de la saison et qui paraît bien terne, après Jolyne… Pour moi, ce n’était pas la peine de réinterpréter Erina, si c’était pour en faire un personnage à peine moins sexiste ! Mieux valait ne pas la faire revenir du tout.

Enfin, Steel Ball Run est, à mon avis, la partie la mieux dessinée de la saga. C’est bien sûr une question de goûts, mais je trouve le style des saisons 8 et 9 un peu trop réaliste pour un manga. Pour moi, c’est dans Steel Ball Run que l’auteur a véritablement atteint le sommet de son Art, aussi bien du point de vue du dessin que du scénario.

Ah… Steel Ball Run… Le fameux chef d’œuvre intouchable de JoJo’s Bizarre Adventure

Surcoté !

Bon d’accord… Objectivement, c’est la meilleure partie. Mais elle n’est pas sans petits défauts. Johnny et Gyro mettent du temps à devenir intéressants (Gyro ayant le flash-back et l’objectif de départ le plus pourri de la saga !). L’arc de la famille Boom Boom est nul. Araki oublie un peu trop souvent la course (qui est pourtant la base de Steel Ball Run !)….Et enfin, Valentine, l’antagoniste, est décevant (comparé à ce que je m’étais imaginé). Dans le même genre, le Sénateur Armstrong de Metal Gear Rising, est bien meilleur. C’est également loin d’être la meilleure partie en termes de combats. Et on dirait qu’Araki a eu la flemme de dessiner les Stands ce coup-ci…

MAIS ça reste une merveille scénaristique très émouvante et rythmée ! Le duo Johnny/Gyro permet l’un des « best buddy movies ever ». Le suspens est mené d’une main de maître, il n’y a aucun temps mort. Tout fait avancer le scénario, tout fait grandir les personnages.

Il faut dire que l’idée de base, c’est déjà du pur génie : Un western en manga, ça a du potentiel… Une course, ça a du potentiel… Un récit d’aventure impliquant Jésus-Christ, ça a du potentiel… Mélangez tout ça dans JoJo‘s Bizarre Adventure… Et ça donne un chef d’œuvre !

…Voilà ! Mais en réalité, toutes les saisons sont géniales ! Et comme chacune est très différente, c’est bien sûr difficile de les classer. J’aurais aimé pouvoir faire des ex-aequo.

A bientôt dans de prochains articles !

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Rédigé par Evan Garnier

Rédacteur, Relecteur SEO, Administrateur du groupe facebook « La Galaxie de la Pop culture », écrivain amateur de bières, comicsophile, regarde des vidéos youTube sur des sujets que lui seul comprend

Umeboshi : prune japonaise séchée et amer

Et par Umeboshi

Rédactrice, Relectrice SEO, Community Manager, enfant prodige, passionnée d’univers gothiques, mangaphile, parle le japonais couramment, a rédigé une thèse de 80 pages sur JoJo’s Bizarre Adventure.

Comments

Une réponse à “[TOP] Quelle est la meilleure saison de JoJo ??”

  1. […] JoJo (Saisons préférées : Phantom Blood et Steel Ball Run. Classique […]

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